Lose Me To Find You

Chapitre 36

Panacea - Peter Sandberg
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Kristen

Six heures. Six putain d'heures sont passées depuis l'admission de Yaëlle aux urgences. Les chirurgiens l'ont opérée de suite afin de stopper l'hémorragie et de refermer correctement la blessure. Le soleil commence déjà à décliner. Mon amie n'a toujours pas ouvert les yeux et semble toujours paisiblement endormie, un masque à oxygène, des intraveineuses plantées dans les bras et la peau tiède, voire glacée. Cependant, elle a repris des couleurs : ses joues sont rosées, de même pour ses lèvres scellées et ses paupières bougent frénétiquement de gauche à droite sans pour autant s'ouvrir. Lutte-t-elle contre ses démons ? Serrant fort sa main inerte, je la regarde et renifle. Comment peut-on infliger de telles blessures à sa propre fille ? Sa mère me rappelle mon père, peut-être qu'ils feraient un beau duo tous les deux...

Isaiah s'est endormi sur le fauteuil dans le coin de la chambre. Sa tête appuyée contre le dossier de la chaise, il dort profondément et ronfle même parfois. Il m'amuse bien que la situation ne soit en aucun drôle. Une main se pose soudainement sur mon épaule et me fait sursauter. Je fais volte-face et découvre Louisa. Elle me sourit tristement et frotte ses yeux fatigués, rougis par la journée de travail intense. Madame Andrews vient délicatement caresser ma joue puis soupire, détournant le regard vers Yaëlle. Sa main quitte mon visage pour venir se déposer sur celui de Yaëlle. Ses doigts heurtent son front avec douceur. D'une voix fébrile, elle déclare :

— Pauvre gamine. Elle mérite tellement mieux...

Je me mords l'intérieur de la joue, le cœur au bord des lèvres. En contemplant Louisa, je vois les inquiétudes d'une vraie mère, prête à remuer ciel et terre pour ses enfants. Même si ces derniers ne sont pas vraiment les siens. Je meurs d'envie de lui demander d'adopter Yaëlle pour lui sauver la vie, mais c'est à Madame Rey de s'en charger... Cette femme a été mon salut, ma seconde et dernière chance. Grâce à elle, j'ai pu trouver une famille qui m'aime et un homme qui prend soin de moi. En parlant de ce dernier, il se réveille et s'étire la nuque en grimaçant. Louisa tourne la tête vers son fils et fait une moue surprise.

— Oh, Isaiah ! Je ne t'avais pas vu ! Pourquoi n'es-tu pas en cours ? s'exclame-t-elle en posant une main contre sa poitrine, stupéfaite.

L'intéressé se lève et se frotte les yeux. Ses pupilles se posent sur moi puis sur sa mère. Ses lèvres frémissent un instant puis Isaiah se racle la gorge et annonce, sérieux :

— Je suis venu pour rester avec Kristen et Yaëlle. C'est mon amie aussi.

Touchée par ses mots, je lui adresse un sourire discret. L'entendre dire que Yaëlle est sa camarade me fait chaud au cœur. Certes, il ne la connaît presque pas et n'ai pas proche d'elle, mais il ferait tout pour la protéger. Comme il l'a fait avec moi. Il m' a promis qu'on la sauvera, alors on le fera ensemble. Suite à la réplique de son fils, Louisa demeure muette, s'écarte de Yaëlle et pousse un long soupir. Soudain son visage devient grave et ses traits se durcissent, comme si elle se rappelait de quelque chose d'important. Isaiah s'approche d'elle et fronce les sourcils.

— Maman ?

Cette dernière tourne la tête vers Yaëlle et déglutit. D'une voix tremblante, elle nous informe d'une douloureuse et triste nouvelle :

— Sa mère a été retrouvée morte chez elle, peu de temps après son admission ici... La police suppose qu'elle s'est suicidée après avoir lui avoir fait du mal. Ils ont retrouvé l'arme du crime à ses côtés. Je viens d'avoir Madame Rey, elle sera informée dès lors que votre amie se réveillera et viendra remplir un dossier.