Chapitre n°5

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Charlotte hurla de peur lorsque la porte s'ouvrit brusquement, dans un éclat de bois et de métal. Elle se savait dans un hôtel miteux et le peu de sécurité le lui confirmait bien. L'homme qui se trouvait dans l'encadrement de la porte se figea en la voyant et Charlotte retint un nouveau cri de peur. Le temps se suspendit alors. Charlotte tenta d'évaluer ses chances de survie : cet homme était-il venu pour la tuer ou la sauver ?

Avec cette carrure de boxeur, ses cheveux bruns attachés dans une queue de cheval lasse et cette barbe fournie mais taillée... Charlotte déglutit. Rien de bien rassurant. Il portait un blouson de cuir vert serpent avec de nombreux patchs à l'avant et elle jugea rapidement qu'un énorme devait lui couvrir tout le dos.

Un motard ?

Elle essaya péniblement de se souvenir si elle avait eu affaire à un quelconque gang... mais sa mémoire défaillante ne lui laissa aucun indice. Elle décida de partir sur le fait qu'il était venu l'aider et non la tuer.

Se rassurer comme on peut, hein.

Aidez-moi, s'il vous plaît...

L'armoire à glace sembla reprendre vie au moment où il entendit sa voix. Il se déplaça alors lentement, sur le qui-vive, le regard attiré par tout et n'importe quoi.

- Il n'y a personne, renifla Charlotte, juste moi.

Il reporta alors son regard sur elle, sa nudité ne sembla pas le gêner. Elle aurait peut-être dû se méfier...

- Qui êtes-vous ? Demanda-t-il sèchement.

Une voix rauque, qui monta des profondeurs de sa poitrine, vint briser ce silence aussi moite que les draps. Il ne semblait pas très heureux d'être là. Charlotte eu envie de s'énerver, il pensait peut-être qu'elle s'amusait bien là ?

- Charlotte, répondit-elle en claquant des dents.

Le contre coup de l'espoir, celui d'être sauvée, venait de lui ôter ses dernières forces.

Il ne répliqua rien et finit par inspirer longuement en faisant une grimace. Vu ce que Charlotte avait sur le corps et sentait émaner du lit, il ne devait pas apprécier ce qui passait dans ses narines actuellement.

Il finit par s'approcher lentement, une main en avant comme pour dire "du calme". Charlotte ne bougeait plus, le regard rivé aux yeux de cet inconnu. Des yeux dorés.

Non gris.

Il se déplaça encore un peu, le soleil lui éblouit le visage.

Non, dorés. Bel et bien dorés.

Elle s'accrocha donc à ses pupilles comme si c'était la dernière chose qu'elle verrait de ce monde atroce.

- Je vais vous toucher, prévint-il.

Charlotte gémit de panique en entendant ses paroles, son corps tout entier avait envie de repousser cet homme. Elle ne voulait plus être souillée. Ni même touchée. Sa respiration devint saccadée et quand il s'accroupit à côté d'elle, Charlotte secouait la tête, les yeux écarquillés.

Elle ne voulait pas. Non.

- Je ne vais rien vous faire, murmura-t-il, je vous le promet.

Charlotte ferma les yeux et laissa échapper un sanglot. Le vouvoiement qu'il continuait d'utiliser l'apaisa légèrement. Qu'il en finisse.

- Allez-y, ordonna-t-elle.

Le fait qu'elle lui demande changeait la donne. C'était elle qui décidait. Pas lui. Elle.

Les yeux toujours fermés, elle sentit l'homme lui empoigner doucement l'épaule d'une main. Elle rouvrit alors les yeux, il ne la regardait pas mais fixait les menottes.

Il se redressa ensuite, sans lâcher son épaule et prit d'une autre main une barrette qu'il avait dans sa chevelure. Charlotte fronça les sourcils, sa coiffure n'avait pas bougé d'un millimètre, comme si la barrette ne retenait strictement rien.

Un habitué des ouvertures de menottes ? D'ouvertures de portes ?

Deux secondes plus tard, elle ne sentit plus la pression sur son épaule car il avait besoin de ses deux mains pour la libérer lentement. Charlotte poussa un cri de douleur quand ses bras tombèrent lourdement sur ses cuisses.

- Ne frottez pas vos poignets pendant un moment, conseilla-t-il en se dirigeant vers le buffet.

Il se baissa et lui envoya rapidement ses vêtements. Il avait donc bien repéré la pièce. Charlotte n'eu pas le réflexe de les rattraper, ils tombèrent sur elle en la recouvrant en partie. Elle avait envie de déguerpir d'ici mais elle avait aussi besoin de boire et de prendre une douche.

L'inconnu la toisait désormais :

- J'ai passé une sale nuit à cause de vous. La prochaine fois, choisissez mieux vos clients.

"Catin".

Charlotte était sous le choc. Pour qui se prenait-il, lui ? Il pensait qu'elle avait passé une bonne nuit, peut-être ? Il avait raison de lui dire de ne pas toucher ses poignets, ils étaient le témoin qu'elle avait souffert toute la nuit de nombreuses plaies. Mais il n'avait pas réfléchit plus loin semblait-il.

Qui pourrait se faire ça de son plein grès ?

Désormais énervée, Charlotte tenta de se lever en prenant appuie sur ses mains mais s'arracha un grognement de douleur. Mains hors service, très bien. Super ! Comment allait-elle se débrouiller maintenant ?

L'homme continuait de la regarder, les bras croisés, vers la porte à moitié défoncée.

Il ne fallait pas lui montrer qu'elle était très - très - mal en point. Elle allait avoir besoin de son aide, au moins pour rejoindre un commissariat. Personne n'aiderait quelqu'un d'aussi dépendant que la jeune femme.

Charlotte serra les dents et finit par se tenir debout. Elle faillit tourner de l'oeil en sentant son sexe pulser douloureusement. Après les mains... Elle n'osa pas le toucher, le regard de l'inconnu était toujours sur elle, c'était certain. Pourtant elle ne pu s'empêcher de se plier en deux en respirant bruyamment, la douleur commençait à diminuer ainsi.

Lorsqu'elle se redressa, Charlotte se tourna délicatement vers l'homme.

- Qui croyez-vous que je suis ?

Sa voix était rauque, elle devait boire. Poser cette question était aussi une manière de découvrir s'il la connaissait ou non. Ainsi, elle pourrait peut-être en savoir plus sur elle-même...

L'homme plaça ses mains dans ses poches et hocha les épaules.

- Je ne crois rien.

Il lui lança un regard qui voulait en dire long. Charlotte rougit de colère. Comment lui en vouloir ? ll venait de débarquer dans une chambre avec une femme complètement nue, attachée au lit. Sans parler des substances collantes sur son corps, preuves ultimes du déroulé de sa nuit.

Il avait raison d'opter pour des conclusions hâtives.

Charlotte détourna le regard et se déplaça très lentement vers la salle de bain. Dès le premier pas, un nouveau grognement lui arracha la gorge, elle avait si mal ! Ses jambes tremblaient tellement fort... elle ne parviendrait jamais jusqu'à la baignoire, pourtant si proche.

Son corps fut parcouru de frissons puis sa tête se mit à tourner violemment.

Charlotte tomba.

Oh non.

Juste avant de perdre connaissance, elle sentit du mouvement près d'elle. L'inconnu était là, accroupi, les yeux pétillants de colère.

- Pas prostituée, murmura Charlotte sans savoir si sa voix avait passé les barrières de ses lèvres sèches.

L'inconnu hocha la tête. Il l'avait comprise.

Charlotte souffla une dernière fois de douleur avant de perdre connaissance.

OakDeath Club T1 - Jason [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant