17- Un mal pour un bien

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Hermione rêvassait, assise à son bureau, dans ses appartements.
Deux jours avaient passé depuis l'expédition chez elle.
Deux jours...
Qu'elle avait l'impression d'avoir passé dans un brouillard total.
Comme si ça n'avait été qu'un rêve...

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- Eh bien, vous venez ? lui avait demandé sèchement Severus Rogue après avoir fait volte-face au milieu du parc de Poudlard.

Pour venir te chercher, souligna la Voix. Pour te raccompagner.

Elle était restée un moment immobile, subjuguée par l'effet de surprise...
Puis avait repris ses esprit tant bien que mal. Elle avait essayé de soulever sa malle, sans succès.

Avec un petit soupir, Severus avait agité sa baguette, faisant léviter la malle à ses côtés. Hermione avait baissé les yeux, le front rouge de honte de n'avoir pas elle-même songé au sort de Lévitation.

Tu parles d'une sorcière, s'était-elle dit, amèrement.

Toute à ses pensées, elle n'avait pas remarqué que Rogue lui tendait le bras.
Elle avait levé les yeux vers lui, encore plus surprise qu'à l'instant (elle ne croyait pas ça possible, pourtant).
Le temps qu'elle réagisse, cependant, il était trop tard.
Severus avait baissé le bras avec un pincement de lèvres vexé.

Hermione avait eu envie de sourire.
Elle se rappelait aussi avoir pensé que parfois, Severus Rogue agissait comme un enfant boudeur.
Alors, luttant un moment contre ses pensées (fais-le, avait dit la Voix, ne le fais pas, avait nargué l'autre mauvaise voix. FAIS-LE !), elle avait elle-même glissé son bras autour de celui de Rogue.

Elle se rappelait le sursaut qu'il avait eu (pas habitué aux contacts, lui avait rappelé la Voix). Elle avait craint un moment d'avoir fait une bêtise, quelque chose qu'il ne fallait pas, quelque chose de gênant.
Elle s'était immobilisée, le bras enroulé autour de celui-ci de son professeur, les doigts crispés sur son avant-bras.

Puis il avait tourné la tête vers elle, et, lui semblait-il, l'avait transpercée de ses yeux sombres.
Et finalement (bien que cette partie, Hermione était presque convaincue de l'avoir rêvée), il lui avait adressé un petit sourire en coin.
Un sourire satisfait, ou reconnaissant, elle n'aurait su le dire.
En revanche, les pulsations décuplées de son coeur, ça, elle l'avait senti.
De même qu'elle avait senti le rouge lui monter aux joues, encore.

Ils avaient remonté le parc ensemble, maladroits et gênés (du moins, Hermione s'était sentie maladroite et gênée), avec la malle qui lévitait à leurs côtés.

Elle avait secrètement remercié Merlin d'avoir fait en sorte que les rares élèves présents (les cours ne recommençaient que le 3 janvier) ne les aient pas croisé.
Disons qu'ils auraient trouvé...étrange que leur Terrifiant Professeur de Potions se balade dans le château, accompagné d'un squelette ambulant (ça, c'était elle) qui s'accrochait à son bras comme si sa vie en dépendait (ce qui était peut-être bien le cas, finalement).

Il l'avait raccompagnée jusqu'à ses appartements, au troisième étage.
Son visage était resté impassible, une parfaite carapace glacée.
Puis...

- Demain, 10h, dans ma salle de classe.

Hermione se souvenait avoir bêtement songé "est-ce un rendez-vous ?", avant de sentir ses joues rosir.
Elle avait, en fin de compte, haussé un sourcil interrogateur.
Auquel Rogue avait répondu, d'un ton presque amusé :

- Nous verrons ce que nous pouvons faire pour écouter ce disque.

Puis il était parti.
Simplement.
Elle était restée dans le couloir le temps de voir les tourbillons de capes noires disparaître derrière l'angle du mur, puis l'écrivain chauve avait commencé à pester contre les courants d'air qu'il laissait passer en laissant ainsi le passage ouvert.

Behind His Cold EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant