9- Il faut vivre

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Quelques jours plus tard, alors que Severus Rogue était en train de réorganiser et de ranger l'étagère qui contenait les ingrédients pour Potions, dans sa salle de classe (ces maudits gamins me laissent un désordre incroyable à chaque fois, grommelait-il dans sa barbe), Minerva McGonagall fit une entrée fracassante. Il se tourna vers elle, un sourcil haussé, presque amusé de la voir se retenir à la table devant elle dans sa précipitation.

- SEVERUS ! hurla-t-elle.

- Que me vaut cette visite de courtoisie, Minerva ? répondit-il, narquois.

- Avez-vous perdu l'esprit !

- Eh bien non, pas encore, mais cela ne saurait tarder si vous continuez à me hurler dessus sans raison, commenta Rogue, d'un ton
neutre.

- POUVEZ-VOUS ME DIRE POURQUOI LE MANGEMORT EST ENCORE DANS LES CACHOTS ?

Rogue serra les dents.

- Je l'avais presque oublié, celui-là...

McGonagall brandit un poing rageur vers lui.

- Faites-le disparaître !
Je ne veux plus en entendre parler !
Au nom de Merlin, Severus, vous êtes le plus grand inconscient que je connaisse et que je connaîtrais jamais...

- Figurez-vous que si vous n'aviez pas essayé de chanter mes louanges le soir de la Répartition, j'aurais eu la paix pendant ces deux semaines, je n'aurais pas eu à batailler contre ces idiots pour sauver ma réputation et retrouver un semblant de calme.
Et enfin, j'aurais pu m'occuper tranquillement de cet hurluberlu...

- Sauver votre réputation ?
Chanter vos louanges ? fulmina McGonagall.

- Essayer de chanter mes louanges, rectifia Severus avec un ricanement.

Quand Minerva comprit que ce ricanement était la seule chose chez Rogue qui ressemblait plus ou moins à un rire, elle réalisa qu'il se moquait d'elle.
Alors elle laissa échapper sa colère, et émit un petit rire.

- Severus, reprit-elle plus sérieusement.
Vous rendez-vous compte que ça fait des semaines qu'il est enfermé là-bas ?
Un élève aurait pu tomber dessus par hasard, et...

- Je doute que les élèves viennent se balader dans mes cachots par hasard, Minerva, lança Rogue d'un ton désinvolte.

- Vous ne l'avez pas laissé mourir au moins ?
Je veux dire...

- Pour qui me prenez-vous ?
Croyez-vous vraiment qu'aujourd'hui, après être enfin libéré de toute obligation, du Seigneur des Ténèbres et de ses sbires, alors que je ne suis plus obligé de participer aux actes de barbarie, croyez-vous vraiment que je veuille me laisser aller à tuer un Mangemort ?

- Pas... pas du tout, Severus, trembla Minerva.

Rogue était maintenant dans une humeur noire.

- Je voulais dire, vous sembliez l'avoir oublié, alors... tenta-t-elle d'expliquer.

- Alors vous pensiez que je l'aurais laissé mourir de faim, de soif, ou autre ?
Tout à fait mon genre.

- Allons, Severus.
Je vous présente mes excuses, j'aurais du savoir que...

- C'est bon, trancha-t-il sévèrement.

McGonagall ravala sa fierté.
Elle savait pertinemment que l'instant n'était pas à la répartie.
Elle s'était jurée (et avait également juré au portrait de Dumbledore, il faut dire qu'il ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Incroyable comme Albus pouvait tenir à Severus, pensait-elle, perplexe.) de tout faire pour que Severus Rogue retrouve un semblant de vie normale après des années d'espionnage et de tension, et voilà qu'elle échouait à le rendre de "bonne humeur" plus d'une minute.

Behind His Cold EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant