8- Chacun de son côté

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- Hermione... Hermione !

Une voix la tira du sommeil agité dans lequel elle s'était plongée momentanément, oscillant entre état conscient et cauchemars horribles. Sa routine depuis une quizaine de jours. Elle distingua à travers le brouillard de ses pensées le visage de sa mère, penchée au-dessus d'elle. Très près. Hermione, sans se rendre compte de son geste, se redressa et repoussa sa mère. Celle-ci lui jeta un regard intrigué. Et, malgré les protestations évidentes d'Hermione, elle se pencha et l'embrassa sur le front.

- On retourne à la maison, chérie, lui dit son père.

Hermione tourna vers lui des yeux vides et cernés.

- Il faut que tu te reposes, ma puce, expliqua sa mère. Et maintenant que tes côtes sont réparées, tu n'as plus besoin de rester ici...

Silence d'Hermione.

- La rentrée est pour bientôt, et les professeurs ont besoin de calme pour se préparer, Hermione, renchérit son père.

Regard cette fois glacial et assassin de sa fille, en réponse à cet argument idiot.

- Et l'infirmière t'a soignée comme elle a pu, mais elle a dit que maintenant c'était psychologiquement, que tu étais blessée, continua son père.

Harry et Ron. Hermione ne vit soudain plus ses parents qu'à travers un voile trouble, mais discernait très bien en revanche d'autres visages. Harry et Ron... et les autres. Fred. Tonks. Remus... Et Sirius. Et Dumbledore. Et encore d'autres. Des jeunes qui avaient perdu la vie, des jeunes qu'elle connaissait, avec qui elle avait étudié.

McGonagall entra. Elle s'avança vers Hermione, et lui dit doucement :

- Miss Granger, nous avons établi qu'il serait mieux pour votre santé que vous retrouviez votre environnement familial... Des mesures spéciales ont été prises. Votre maison est désormais protégée par des barrières magiques, et un Auror sera en permanence en faction dans votre quartier.

Hermione leva les yeux vers elle. Et Minerva, en croisant le regard vide de son élève préférée, sentit un creux se former douloureusement dans son coeur. Elle préféra tourner la tête, dans un geste qu'elle savait parfaitement lâche.

Hermione se redressa en position assise avec effort. Elle rassembla les pans de la cape de Rogue autour d'elle, écarta les draps. Alors qu'elle allait se mettre debout vaillamment, Pomfresh arriva en poussant devant elle...un fauteuil roulant.
Hermione dévisagea l'infirmière.

- C'est une blague.

Minerva sursauta en entendant la voix de son élève, qu'on n'avait pas entendu parler depuis son retour. Pomfresh déglutit, et dit :

- Miss Granger, vos jambes sont encore trop faibles pour...

- Je vais très bien.

Cette fois, Minerva McGonagall se permit un haussement de sourcil. A vrai dire, ce n'était pas de l'étonnement qu'elle ressentait, mais quelque chose comme de l'incompréhension. Elle ne reconnaissait plus Hermione. La jeune fille arborait maintenant une expression froide de défi. Ce qui ne cachait pas ses joues creuses et les cernes noirs. De la tristesse s'invita dans le coeur de la Directrice lorsqu'elle vit Hermione essayer de se lever. Son élève tremblait, agrippée au montant du lit comme si sa vie en dépendait. Elle lâcha doucement le métal, et fit un pas.
Son père avait senti le coup venir, et fut au côté de sa fille juste avant qu'elle ne tombe. Il l'installa de force dans le fauteuil, et dit :

- Hermione, ne force pas ton corps à t'obéir.

Sa fille ne répondit pas. Elle se recroquevilla dans le fauteuil roulant, rassemblant la cape sur ses genoux.
Hermione, poussée par son père, suivie de sa mère et des deux sorcières, sortit de l'infirmerie et atteignit bientôt le Hall d'Entrée de Poudlard. Rogue se tenait dans un coin. Il s'avança, tenant un grand sac dans les mains. Sac qu'il donna à Mrs Granger.

Behind His Cold EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant