Romances à Poudlard

IX - Réalité

Le problème à tout le temps vivre dans des rêves, c'est que cela rend d'autant plus compliqué le retour à la réalité.

Hermione est assise sur sa chaise en Histoire de la Magie, et n'écrit pas de notes contrairement à son habitude.

Les cheveux emmêlés par le manque de temps de préparation le matin même, elle fixe le tableau d'ardoise face à elle avec une peine proche de la dépression.

Elle avait... Comment dire ? Oublié qu'elle sortait avec Ronald ? Oui, c'est certain.

L'espace d'un instant elle ne semblait même plus lui appartenir, lorsque les lèvres de Pansy avaient touché les siennes c'était comme si cela allait de soit.

Le rouquin est d'ailleurs assis aux côtés de Harry, Hermione étant assise avec Neville car elle ne supporte pas de devoir parler avec son "copain": qui drague ouvertement Lavande ces derniers temps pour agacer sa copine.

Le monde lui paraît comme une cage, une fatalité à laquelle le destin nous contraint.

Elle craque soudainement sous le coup d'une crise de panique. Elle se lève, sous le regard vide du professeur Binns et ceux étonnés des élèves. Elle court et sort de la salle en pleurant.

La jeune femme se précipite à la volière, un des seuls endroits où être tranquille.

Elle veut s'arracher la peau, mourir, arrêter cette douleur de culpabilité. Elle songe un instant à sauter de la tour, mais se retient au nom de son courage de Gryffondor.

Elle respire avec difficulté et se laisse glisser contre le mur le plus proche: le visage enfoui dans ses mains.

Elle veut ne jamais avoir eu à sortir avec Ron, pourvoir embrasser Pansy devant tout Poudlard fièrement.

Il y a seulement quelques semaines, au Terrier, elle tentait de se convaincre de son amour pour Ron en l'embrassant langoureusement de temps à autres. Mais maintenant tout cela lui semble hypocrite.

Elle sent ses lèvres salies par ses faux baisers avec ce garçon qu'elle n'aime plus d'amour sentimental depuis un certain moment.

Elle souhaite alors avec un espoir dérisoire tout changer aussi facilement qu'elle peut lancer un sortilège.

Il faut qu'elle en parle à Ronald, même si cela doit lui faire de la peine. Elle ne veut pas se mentir et lui mentir par extension plus longtemps.

Elle décide donc de se rendre à l'infirmerie et de prétexter un mal de tête pour obtenir une excuse officielle de son absence en Histoire de la Magie. Elle sort de sa visite avec Mme Pomfresh alors que les cours finissent pratiquement et se rend donc à sa dernière leçon de la journée: Soin aux créatures magiques.

Le temps est mitigé et la fraîcheur oxygène l'âme perturbée de la Gryffondor: le froid de septembre commence doucement à surgir d'entre la chaleur estivale.

Hagrid débute l'organisation de l'activité du jour sous le regard éternellement septique des serpents. Notons tout de même que les remarques désobligeantes de leur part sont considérablement moins fréquentes, quasi nulles, depuis la fin de la guerre : ce qui ne cessera de surprendre Harry en particulier.

- Bien, étant donné que nous refaisons le programme en cette année exceptionnelle: nous allons continuer de nous occuper des quelques Scroutts à pétards restants. Dit Hagrid avec entousiasme.

Puis voyant le signes de détresse des élèves à cette annonce, il les rassura en leur promettant que cela ne durerait pas et que cette tâche serait bientôt totalement attribuée aux plus jeunes une fois qu'ils en seraient aptes.

Des dizaines de soupirs de soulagement plus tard, les élèves se trouvent donc répartis en cinq groupes: un pour chaque Scroutt survivant, chose rare après la sélection naturelle et la guerre.

Le golden trio parlant avec Hagrid, ils oublient de se répartir avec leurs camarades. Ce n'est que lorsqu'un brutal "C'est une blague ?" prononcé par un Serpentard blond, résonne à leurs oreilles qu'ils se rendent compte que les seuls autres élèves pas encore en groupe sont Draco, Blaise et Pansy.

L'ambiance est électrique, pesante et tendue. Les six sorciers ne savent plus réellement où en sont leurs relations, la nouvelle année ayant drastiquement adoucie leurs relations. Il n'empêche que les vieilles habitudes sont difficiles à changer.

Ils enterrent la hâche de guerre un instant et renoncent à la haine pour ce qui semble être la première fois. Ils collaborent dans un silence gênant que seules les remarques sur le travail interrompent.

Hermione manque par deux fois de se faire couper des doigts par le Scroutt en observant "secrètement" la verte et argent qui contrôle son cœur ; tandis que Draco dessine la créature avec application sous les remarques d'un Harry impressionné par le talent évident du blond à cette tâche. Ron et Blaise restent fidèles à leurs rôles habituels: derrière l'ombre des grands sorciers de leurs générations, ils sont plus muets que d'habitude néanmoins.

L'entraide se créée entre deux dangers: il faut être soudé pour rester intact des pinces ou des crachats de flammes de la creature. Le cours se termine et pour la première fois, les Serpentard en sont presque attristés.

- Je m'excuse d'être un connard envers vous depuis tout ce temps. Leur dit Draco à une vitesse vertigineuse.

- Attends quoi ? Questionne Ron, surpris par la situation.

- Ne me fait pas répéter belette, je regrette que nous ne soyons pas proches voilà tout, car en fin de compte nous ferions une plutôt bonne équipe.

Le Weasley en perd la mâchoire, bouche bée devant un spectacle aussi impensable.

C'est à cet instant que Hermione croisa les yeux de Pansy: le recul et la triste réalité les torturant. Elles se regardent avec un amour plus ou moins caché.

La Gryffondor se dit alors qu'elle soit parler à Ron de la situation, au moins en surface.

Les Serpentard partent après des salutations timides et cordiales quand la sorcière demande à son copain si elle peut lui parler seul à seul.

Il accepte naturellement et les deux entreprennent donc de partir vers le château tandis que leur compère décide d'en profiter pour parler avec Hagrid.

Les deux remontent le sentier et les mots sortent d'eux même de la bouche de la lionne: la forme importe peu, la vérité éclate et Ron en est blessé mais soulagé.

- Je suis désolé si tu n'est pas heureuse avec moi tu sais, vraiment. Je comprends et imagine ça. Je ne vais pas te dire que cela ne me fais pas de la peine mais je suis content de ta franchise. Conclut le rouquin.

Hermione le prend dans ses bras avec une tendresse fraternelle. Elle ne lui a parlé que de ses sentiments envers lui et non de ceux vis-à-vis de la Serpentard, mais c'est suffisant : chaque chose en sont temps.

C'est enfin finit : elle peut vivre sans se mentir et sans mentir au monde.