Romances à Poudlard

XXVIII - ASPICS

Début juin arrive sur le château : à la fois accompagné de son Soleil et de la tentation de se prélasser sur le bord du lac, mais aussi des examens de fin d'année, que les septièmes et cinquièmes années redoutent plus que tout et qui doivent commencer au milieu du mois.

Depuis des semaines déjà, les professeurs s'étaient donné pour objectif de se lancer dans des révisions des chapitres fondamentaux, notamment par des exercices et des conseils pour que les jeunes sorciers révisent ensuite dans leur temps libre. 

La bibliothèque également n'avait jamais été aussi fréquentée, avec des groupes de travail qui s'étaient formé comme chaque année et qui monopolisaient ce lieu, mais aussi les salles communes, les salles de classe vides, les bords du lac, ou encore les gradins du stade de Quidditch pour les plus sportifs.

Une atmosphère d'angoisse arpente les couloirs, faisant pression sur tous les futurs BUSES ou ASPICS, et ce sans relâche. 

Certains se félicitaient d'avoir débuté il y a longtemps leurs révisions tout en les complétant d'exercices et de relectures ; d'autres paniquaient et croulaient sous la montagne de fiches de notes désorganisée à laquelle ils devaient faire face ; voire certains ne dormaient presque plus. Aussi, quelques autres s'essayaient à des solutions miracles vendues majoritairement par des sixièmes années, comme des produits à base de prétendu dragon ou encore licorne. Du moins avant que Hermione, en qualité de préfète en chef, ne stoppe ce genre de commerce dès qu'elle en apercevait, à l'instar de durant sa cinquième année.

En opposition a Hermione et Pansy qui avaient révisé ensemble toute l'année, beaucoup de nos amis tels que Ron et Harry semblaient découvrir certains chapitres.

- Non mais sincèrement, je m'en souviendrai si on avait fait une leçon entière sur la potion d'amnésie au deuxième trimestre tout de même. S'insurge Ron, avec néanmoins une tonalité d'hésitation dans le timbre de la voix.

- Soit tu en a bu Ronald, soit, ce qui est plus probable, tu dormais comme toujours sans songer à prendre des notes. Répond Hermione, toujours contente de pouvoir lancer une pique à son ami comme avant, sous les yeux exaspérés de l'Elu devant un énième échange sarcastique entre ses deux compères.

Les jours passent ainsi dans un tumulte de cours et de révisions, avec quelques parties d'échecs version sorcier pour Ron et Harry et des entraînements de Quidditch avant le dernier match de l'année juste après les examens. 

Comme à son habitude, Hermione panique, se considérant en retard majeur ce qui ne cesse d'interroger tout le monde, et fait preuve d'une mauvaise humeur des plus prononcées. Ainsi, il n'est pas rare de la voir dès le matin absorbée par ses livres et fiches plus que jamais, en oubliant son thé et ses tartines, ou également poursuivre des jeunes élèves s'amusant avec des bombamousses ou des frisbees à dents de serpent à la manière d'un Rusard déchaîné. 

Pendant ce temps Pansy relis le plus souvent ses fiches calmement sur un fauteuil, avec un calme sans égal et un verre de jus de citrouille. Harry et Ron pour leur part s'y mettent à demi mesure, tout de même encouragés par Blaise et Draco qui les aident respectivement, notamment Draco en montrant à Harry ses erreurs en potions.

Presque tous les soirs, la bande d'amis au complet se trouve à la Salle sur Demande pour bénéficier de révisions de groupe plus tranquilles que s'ils ne restaient à la bibliothèque ou dans les salles de vies du château, qui étaient depuis des semaines animées d'un bruit ambiant oppressant, de conversations paniquées et de concours implicites sur qui a le plus fait d'heures de relecture dans la journée.

Souvent, Ron s'amuse à dire entre deux relectures ou exercices : "Avant on venait dans la Salle sur Demande pour l'Armée de Dumbledore ; maintenant non seulement on y est avec des membres de l'ancienne brigade Inquisitoriale mais en plus on s'y rend pour former l'Armée de la Dépression". Inutile de préciser que Granger rétorque à cela d'un grognement désapprobateur ou d'un coup d'épaule qui signifie dans son langage "tais toi et laisse moi travailler idiot".

Déjà une première semaine écoulée et Harry se sent imprégné d'une fatigue similaire à celle qu'il éprouvait lors des séances d'occlumancie avec Rogue en sixième année. 

Une seule autre semaine demeure avant les examens et personne ne se sent préparé suffisamment : que ce soit ceux qui le sont vraiment mais en doutent en raison de leur perfectionnisme, ou ceux qui ne le sont vraiment pas et se voient frappés par la réalité. Dans la première catégorie se trouve de toute évidence Hermione, ce qui fait que sa mauvaise humeur ravage tout sur son passage une nouvelle semaine encore ; et ce si bien que ses camarades en viennent presque à souhaiter que ces maudits examens arrivent et se finissent une bonne fois pour toute.

Afin de détendre l'atmosphère, Luna, animée par sa bonté innée, s'est donnée pour mission d'offrir des friandises et biscuits en passant dans les rangs d'élèves en plein travail ; lui conférant par la même occasion le statut d'ange sauveur des aspics 1998 - 1999.

Une semaine plus tard, à la fois interminable et rapide, les épreuves débutent.

Le trio arrive sur le lieu d'examen, à savoir la Grande Salle, à peu près 10 minutes avant. Déjà tour le monde est présent, exception faite pour Neville qui a oublié ses plumes et se presse de les chercher. Les trois Gryffondor retrouvent ainsi leurs amis, aussi tendus qu'eux ou même que le reste de la promotion.

Aujourd'hui il s'agit de l'épreuve écrite de Métamorphose, suivie de celle de Potions en après-midi.

Le temps venu, Harry observe la grande double porte en bois s'ouvrir, avec autant d'appréhension que lorsque qu'il était première année et rentrait pour la répartition des maisons.

Une fois devant son pupitre, le brun à lunettes attend le début de l'épreuve, non sans chercher du regard ses amis ou encore Draco, faussement confiant avec un sourire crispé sur le visage.

Puis finalement les copies volent et se dirigent par magie vers les pupitres de chacun, et commencent les bruits frénétiques de feuilles tournées et de stylos sur le papier.

L'épreuve finie, Harry se sent imprégné d'une fatigue colossale mais également d'une fierté immense en constatant combien ses révisions et expériences personnelles lui ont permis de se débrouiller.

À la sortie, l'Élu retrouve un Ronald exténué mais estimant pouvoir au moins avoir un Acceptable, tandis que Hermione alterne entre panique, hyperactivité, léthargie, révisions pour la suite, et compte rendu de l'épreuve précédente. En somme rien de bien inhabituel.

Quelques jours plus tard au même rythme essouflant, les épreuves se finissent enfin. Et lorsque tous reviennent de leur dernier examen, ils sont dans un état de fatigue sans précédent, sans compter les élèves à l'Infirmerie pour crise de panique et de larme ou encore évanouissement.

Néanmoins, l'atmosphère générale est survoltée et animée d'une légèreté et d'un goût du repos des plus agréables. Et, très vite, une soirée s'improvise dans les jardins pour célébrer la fin des examens sous un ciel estival.

Bieraubeurre en main, notre bande trinque à leur réussite, un sourire de joie et de soulagement sur les lèvres devant le constat que personne n'a vraiment échoué, au contraire même.

Une légère brise passe dans ses cheveux et Harry ébouriffe ceux-ci automatiquement : le ramenant au souvenir vu dans la Pensine deux an plus tôt, où il avait pu voir son père faire le même geste depuis les yeux de Rogue. Une pointe de tristesse l'atteint à cette image, en pensant à ces deux hommes, mais aussi une fierté modeste et suffisante.

Car pour une fois, il est fier de lui, de ses réalisations et actes, de ce qu'il représente, et de sa vie et ceux qui la rendent aussi belle, même après tant de souffrance.