XVII - Rouge et bleu

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Il semblerait que le soleil se soit déjà levé lorsque le cerveau de Ginny lui fait ouvrir les yeux.
Cette dernière panique alors et commence à se précipiter, enfilant un vieux pull et se coiffant d'un chignon aléatoire. Par la barbe de Merlin, pourquoi faut-il qu'elle soit en retard ?

Le temps a encore vite passé et nous sommes en fin novembre : il neige déjà un peu et le froid se fait sentir partout dans le château si bien que tous les feux sans exception sont allumés.

Elle sort précipitamment du dortoir des filles déjà pratiquement vide, ce qui ne fait que renforcer sa peur d'être en retard en cours.

Elle court de son plus beau sprint vers l'entrée de la Grande Salle, où elle retrouve habituellement Luna tous les matins.

Ginny arrive alors et fait un freinage de dernière de minute devant son amie.

- Salut Ginny tu vas bien ? Demande Luna d'un ton apaisant et bienveillant.

- Coucou je suis désolé je suis en retard je suis idiote j'ai pas du entendre mon réveil en tout cas je me suis réveillée il y a cinq minutes c'est horrible punaise je vais être en retard et te mettre en retard aussi pourquoi tu m'a attendu tu n'étais pas obligée attends pourquoi tu as pas d'uniforme...

- Respire Ginny s'il te plaît tu va tomber dans les pommes. Lui répond calmement la blonde en lui posant la main sur l'épaule à titre de soutien.

- Mais comment ça ? Luna on va être en retard engueule moi ou quoi à la fin ! Répond la Gryffondor survoltée.

- Mais Ginevra aujourd'hui nous sommes samedi. Répond son amie dans un sourire amusé.

- QUOI !?

- Tu étais tellement active que je n'osais pas te couper mais ne t'inquiète pas pour les cours du coup, nous avons des devoirs mais c'est tout. Lui dit Luna d'un sourire rayonnant.

À la vue du sourire de son amie la rousse se sent fondre, à la fois une douceur empli son cœur mais aussi une pointe de douleur, comme une épine de la fatalité et de la souffrance amoureuse.

- Nom de Merlin comment je vais bien pouvoir un jour lui dire... Se demande Ginny en son fort.

- Ginny tu m'écoutes ? Répète Luna interrogative.

- Pardon ? Tu me parlais ?

- Oui... Je te disais que les autres nous ont proposé, tout à l'heure avant que tu n'arrives, d'aller à Pré-au-Lard pour le dejeuner.

- Okay ça me va... Mais il est quelle heure pour commencer ? Interroge la Gryffondor encore déroutée de son réveil si brutal.

- Dix heures et le quart.

- Okay... Je vais aller manger un morceau pour commencer... Tu passes avec moi aux cuisines pour prendre un repas à emporter ? Demande Ginny.

- Bien sûr. Répond doucement Luna.

Les deux jeunes femmes se rendent donc aux cuisines, où elles sont royalement accueillies, d'autant plus que les elfes ne voient pas souvent des élèves sur leur lieu de travail sauf les jours après les victoires de Quidditch.

C'est donc les bras chargés d'assez de nourriture pour une journée entière que repartent les deux amies.

Elles se rendent ensuite dans la Salle sur Demande car le vent frais automnal frappe déjà de plein fouet en dehors du château.

Une petite table en chêne et deux fauteuils sont disposés autour d'une cheminée allumée.

La Gryffondor s'assied dans le premier avec un soin qui ne lui est pas habituel, puisqu'elle est plutôt avachie sur ceux de la salle commune en temps normal.

Sans doute veut elle donner bonne impression inconsciemment en présence de Luna. Souvent elle a cette impression que l'arrivée de la blonde dans sa vie à fait ressortir la meilleure nature chez elle.

Une fois installées, les deux jeunes femmes commencent à manger, surtout Ginny car Luna avait tout de même un peu mangé dans la Grande Salle en attendant l'arrivée de la Gryffondor.

Le dernier exemplaire du Chicaneur dans une main et une tartine de marmelade de l'autre, Luna semble avoir une assurance naturelle à la lecture de presse matinale.

Ginny remarque avec quelle presque habitude la Serdaigle procède à une lecture rapide et muette des informations, agissant comme si elle se rendait avec Ginny ainsi tous les jours. Et pourtant c'est bien la première fois qu'elles revenaient ensemble dans cette pièce depuis la fin de l'Armée de Dumbledore.

Une bouffée de tristesse et de nostalgie empli le cœur de la cadette Weasley, ce que ne tarde pas à voir Lovegood.

- Tu ne te sens pas bien Gin' ?

- Oh... Heu... Surtout triste... Ça me rappelle tellement de bons souvenirs et toute l'évolution collective... C'était une idée géniale quand même je veux dire... Seulement c'est déjà du passé... Et maintenant je réalise que Fred ne fais plus partie de l'AD et ne le pourra plus jamais... Et que l'AD n'existe plus, comme la personne éponyme au club... Marmonna la Gryffondor en proie à une crise angoisse et de larmes grandissantes.

Le temps semble interminable à la Weasley, une envie d'oubli et une peine insoutenable conservée trop longtemps explose en elle soudainement. Ressortie si instablement qu'elle en est submergée d'émotions.

Une torture mentale éclot en son fort.

Désorientée, elle attend que cela passe, ça finissait toujours par passer : tout en priant pour ne pas succomber à la douleur et faire une idiotie.

C'est alors qu'elle ressent l'étreinte de Luna contre elle. Une affection si pure et guérissante qu'il en calme quelques peu ses sanglots.

Ginny a un autre spasme nerveux mais la blonde la resserre d'autant plus contre elle.

Finalement, au bout de cinq bonnes minutes, la rouge et or est calmée mais reste silencieusement blottie contre la blonde.

Elles restent ainsi un moment, avant de se relâcher timidement en se rendant compte de la proximité subite entre elles.

- Hum... Heu... Merci Lu'... Par contre il vaudrait mieux qu'on aille se préparer tu ne crois pas ?

La Serdaigle acquiesce d'un hochement de tête et les deux amies descendent dans leurs dortoirs respectifs pour se changer.

Elles se retrouvent dix minutes plus tard dans la Cour.

- Ils ne devraient pas tarder. Dit finalement Lovegood lorsqu'elles se rejoignent.

Ginny pensa que ce n'était pas une aussi mauvaise journée que ne le prédisait un si singulier et brutal réveil.

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