Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1

Chapitre 17

 Freya regarde autour d'elle sans vraiment comprendre. Elle pénètre dans l'appartement baigné de soleil par cette heure matinale avant de poser les sacs remplis de nourriture sur le bar de la cuisine.

— Qu'est-ce qui se passe ? finit-elle par interroger sa meilleure amie en posant ses mains sur ses hanches pour réfléchir.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Agitant sa main en direction d'Emy elle la regarde de la tête aux pieds.

— Tu es différente.

— Euh, je te remercie, répond-elle dubitative en la contournant pour vider les sacs et commencer la préparation du repas.

— Non, je t'assure c'est un compliment. Tu as repris un peu de poids, ça te va à ravir. C'est grâce à lui..., laisse-t-elle en suspens.

Emy attend de voir si son amie continue dans son analyse ou si elle passe à autre chose, sauf que bien évidemment elle est amie avec la plus tenace des femmes.

— N'est-ce pas ? poursuit-elle prudemment en l'observant du coin de l'oeil.

Elle se retourne, posant le couteau sur le plan de travail, se concentrant pour ce qui va suivre.

— Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?

Freya se précipite sur le canapé, croise ses petites jambes de danseuse sous elle.

— Tout se passe bien avec Gabriel ? Vous avez commencé les séances, n'est-ce pas ? Cole ne veut rien me dire, se plaint-elle en faisait une moue triste.

Emy reste derrière le bar, s'accrochant au plan en marbre devant elle sachant pertinemment la tempête qui va s'abattre sur elle une fois qu'elle aura commencé à parler.

— Oui nous avons commencé les séances il y a trois mois environ.

— Quoi ? s'exclame Freya en se levant du canapé pour venir se mettre devant le bar, un doigt accusateur levé. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Tu es ma meilleure amie quand même ! Et est-ce que tout se passe bien ?

— Parce que je savais que tu allais t'affoler.

— Je ne m'affole pas, la coupe-t-elle d'une voix un peu trop aiguë.

Emy penche la tête d'un côté pour lui faire comprendre que sa dernière phrase était tout sauf crédible.

— Bon, d'accord, peut-être un peu. Mais je m'inquiète pour toi. C'est le premier avec qui tu renoues depuis, dit-elle hésitante avant de tout de même poursuivre. Depuis plus de trois ans maintenant. Donc, excuse-moi de m'inquiéter.

— Je ne te reproche pas de t'inquiéter, c'est adorable même, mais ça n'a pas été facile de surmonter toutes ces épreuves. Tu m'as énormément aidé cependant sur ce point-là tu n'y pouvais rien. Je devais trouver quelqu'un avec qui le faire et surtout quelqu'un avec qui être de nouveau moi-même, lui explique-t-elle.

Freya agite la tête, mais ne dit rien ce qui est exceptionnel, alors Emy en profite pour continuer.

— Honnêtement je ne pensais jamais pouvoir de nouveau jouer avec un dominant. Tout me rappelle Darius, chaque discussion, chaque acte, chaque ordre, chaque demande j'étais bien incapable d'assumer les conséquences, avoue-t-elle.

— Pourtant, devine sans mal son amie.

Emy soupire tout en reprenant la confection du repas pour se donner du courage et s'occuper les mains.

— Pourtant Gabriel m'aide à avancer de ce côté-là.

Son amie se radoucit un peu lorsqu'elle prend conscience de la sincérité de ses propos.

— Est-ce qu'il sait ?

— Oui, il sait !

Freya se laisse aller contre le dossier de la chaise de bar, les yeux écarquillés.

— C'est du sérieux alors !

— Dans un sens, je crois que ça l'est.

Elle tourne la tête légèrement pour perdre son regard dans l'horizon de la ville se reflétant à travers la vitre de la cuisine.

— Quelque chose t'effraie, annonce Freya en faisant le tour pour venir tenir son amie dans ses bras.

Emy lui fait face les yeux baignés de larmes.

— J'ai peur.

— De ce qu'il peut te faire ?

— Non, il ne franchira jamais mes limites.

— Qu'est-ce que c'est alors ?

Prenant encore quelques instants pour elle, Emy se laisse envahir par des sentiments qu'elle n'a que trop connu. L'angoisse, la tristesse, le chagrin et le vide s'emparent de son corps avant de disparaître dans un écrin de fumée.

— Je ne supporterai pas que tout recommence...