Chapitre 4

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S'affalant sur le canapé en cuir de chez Freya, Emy se demande encore comment son amie a réussi à l'emmener dans cette folle journée.

Elle est venue la chercher chez elle à neuf heures tapantes pour commencer par un petit déjeuner dans un café du centre-ville, avant de poursuivre, jusqu'au déjeuner, par la séance de shopping dans dans magasins dont elle ne soupçonnait même pas l'existence.

Elles ont continué la journée par un passage chez le coiffeur et le maquilleur comme elle lui avait promis la veille.

C'est épuisée et les pieds en feu par ses nouvelles chaussures à talons, qu'Emy profite de sa pause jusqu'à ce qu'elle écoute les voix qui s'approchent du salon.

— Ma douce tu es rentrée, dite Cole en apercevant Freya.

Emy, elle, ne fait déjà plus attention au couple qui s'embrasse, mais à l'homme qui se tient derrière le maître des lieux.

— Bonjour, la salue-t-il.

— Bonjour, souffle-t-elle, en se dépêchant de se redresser sur le canapé

— Gabriel, je te présente Emy Prune, une amie de longue date de Freya et que tu as déjà rencontrée à la précédente soirée chez Alex .

— Oui, je me souviens parfaitement, dit-il en plongeant ses yeux dans ceux de la jeune femme.

Emy soutient son regard autant qu'elle le peut, mais se retrouve vite à baisser le regard. La chaleur se diffusant dans son corps, la faisant rougir.

Toutes les sensations lui revient en mémoire et lui font oublier, l'espace de quelques instants, la douleur qui ne l'a quitte pas.

— Tu restes dîner avec nous ? lui demande Cole.

— Bien sûr qu'elle reste ! intervient Freya avant qu'elle n'ait pu répondre.

Elle confirme donc d'un hochement de tête en voulant suivre le couple à travers la maison sauf qu'une main se pose sur son épaule.

— Vous êtes toute en beauté aujourd'hui, mademoiselle, chuchote-t-il tout proche de son oreille.

Emy frissonne à ce contact, tout en essayant de calmer son cœur. Il s'emballe. C'est la première fois qu'elle ressent une telle intensité auprès d'un homme depuis plus de deux ans. C'est à la fois grisant et angoissant.

Les doigts de Gabriel descendent sur son bras provoquant en elle l'illumination de la vérité de son mensonge.

Cela fait des mois qu'elle jure à ses amies qu'elle est prête, qu'elle ne se ferme pas à la rencontre, mais se retrouver aussi proche d'un homme qui elle le sait pourrait répondre à ses besoins si elle le laissait faire, la panique au plus haut point.

— Respirez Emy, souffle-t-il en s'approchant, inquiet.

L'ordre atteint son corps avant qu'elle n'en saisisse le contenu elle commence déjà à reprendre son souffle. Un soulagement qui ne sera qu'éphémère.

Freya, le visage marqué par la perplexité, prend la place de Gabriel lui demandant comment elle se sent.

Elle se dépêche de bredouiller une réponse qui ne convainc personne, mais heureusement pour elle, Cole les invite à passer au salon pour l'apéritif. Espérant, sans doute, qu'un bon verre arrivera à détendre l'atmosphère et surtout que ça aidera Emy à profiter du moment.

Portant son troisième verre à ses lèvres, elle savoure le dîner servi par son amie et préparé par Cole, tout en laissant le vin agir et apaiser les doutes qui l'envahissent.

Cependant, il faut reconnaître qu'il n'y a pas que l'alcool qui l'aide à la détendre. La vue directe sur Gabriel aide beaucoup aussi. À chaque fois qu'elle prend une bouchée, elle en profite pour observer son voisin en se pensant discrète. Sauf qu'un regard de Gabriel lui indique que c'est tout sauf le cas.

Piquant un fard, elle baisse la tête, trouvant soudainement un sublime intérêt à la vaisselle de Cole.

— Pouvez-vous me parler un peu de vous ? demande Gabriel.

Prise au dépourvu, Emy bégaye avant de réussir à formuler une phrase correcte.

— Que voulez-vous savoir ?

— Ce que vous voulez bien me dire.

— Euh.

Éclatant de rire, Gabriel termine sa viande avant de reprendre la parole.

— Respirez, je vais vous aider. Quel âge avez-vous ?

— Je viens d'avoir 30 ans et vous ?

— J'ai 37 ans. Que faites-vous dans la vie, enchaîne-t-il.

C'est une question simple que les gens se posent en toute innocence pour faire connaissance, pourtant elle replonge la jeune femme dans la dure réalité qu'est sa vie à l'heure actuelle.

Sentant le malaise, Gabriel continue :

— Vous n'êtes pas obligé de répondre, vous savez.

— Je sais, vous ne pouvez pas m'y forcer, dit-il en redressant la tête.

Elle se félicite de sa répondre lorsqu'elle voit l'éclat au fond des yeux de Gabriel. Pensant l'avoir déstabilisé un peu elle se rend compte de son erreur lorsqu'il lui dit :

— Je vous pensais bête et disciplinée, mais je vous découvre avec du caractère. J'aime beaucoup.

Emy se sent rougir alors pour changer de sujet elle décide de se dévoiler un peu en répondant à la précédente question.

— J'étais assistante éditoriale.

— Étiez ?

— Je suis en arrêt depuis deux ans, continue-t-elle en faisant abstraction au couple qui s'est arrêté de manger, n'ayant pas l'habitude qu'elle se livre.

— Que s'est-il passé, si je peux me permettre ?

— Il m'est arrivé la pire des choses, poursuit-elle en soufflant pour se donner du courage.

— Vous aviez des soucis ?

— Oh, non, mon emploi à mi-temps me satisfaisait parfaitement. J'étais très heureuse.

— Alors, pourquoi ne pas y retourner ?

— Parce que c'est à cause de lui que j'ai perdu mon collier...

Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant