Chapitre 23

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 Emy regarde l'image que lui renvoie son miroir, la boule au ventre. Elle défroisse sa jupe avec ses petites mains, en vain, le pli qu'elle a pris dans l'armoire reste malgré son insistance. Elle se demande même si elle ne va pas se changer cependant l'horloge au-dessus de la porte lui indique qu'elle n'a plus le temps.

Son rendez-vous dans le centre-ville est dans moins de 20 minutes et si elle ne veut pas arriver en retard elle se doit de partir rapidement.

Après un dernier coup d'œil à sa tenue, la jeune femme attrape son sac à main noir assorti à sa chemise avant de sortir de l'appartement.

Le cœur battant, Emy tremble en passant les portes automatiques du journal local. Se présentant à l'accueil on lui indique qu'elle sera reçue dans quelques minutes, le temps que le directeur regagne son bureau.

— Madame Green, veuillez me suivre, je vous prie.

Acquiesçant de la tête elle suit le directeur à travers les couloirs en moquette jusqu'à son bureau au fond de l'open space.

Suivant son geste elle s'assoit en face de lui devant son immense bureau en chêne, attendant qu'il commence l'entretien.

— Je suis Monsieur Dupond, directeur général du journal, c'est donc moi qui vais vous faire passer l'entretien pour le poste d'assistante éditoriale. Si vous êtes retenu, vous devrez travailler en étroite collaboration avec nos 5 journalistes agréés et moi-même bien évidemment.

— Cela me convient, répond-elle en croisant son regard pour appuyer ses propos même si tout son corps tremble d'incertitudes.

— Je dois dire que vous avez un CV très intéressant, mais je me pose juste une question, commence-t-il en retirant ses lunettes de vues qu'il avait mises pour relire sa fiche.

— Je vous écoute.

— Pourquoi est-ce que la maison d'édition ne vous a pas repris une fois installée dans les nouveaux locaux ?

Bien qu'elle s'attendait à une telle interrogation, l'entendre à haute voix lui fait plus mal qu'elle ne l'aurait cru. Un point comprime son coeur dans un étau. Se souvenant des exercices de respiration qu'elle a apprise avec sa psy, elle se calme rapidement pour réussir à répondre à la question.

— J'ai perdu mon époux lors de cet incendie, je ne me voyais pas reprendre dans la même entreprise.

Marquant un arrêt elle perçoit la surprise dans les yeux de son interlocuteur.

— Je comprends, reprend-il, comme je vous l'ai dit précédemment votre CV nous intéresse grandement cependant nous ne pouvons vous proposer qu'un mi-temps pour commencer.

— Cela me convient parfaitement, j'étais en arrêt jusqu'au mois dernier et je ne souhaite pas reprendre à plein-temps pour le moment.

— C'est parfait dans ce cas. Quand pouvez-vous commencer ? Je ne vais pas vous mentir, le plus tôt sera le mieux.

— Dès lundi prochain, répond-elle la voix remplie d'émotion.

L'entretien se termine par une poignée de main et un sourire. Emy qui sort du rendez-vous se dépêche de rallumer son téléphone pour prévenir Gabriel, qui n'est pas au courant, de ce qu'elle vient de faire.

— Félicitations, ma jolie, je suis fière de toi.

— Merci beaucoup, Monsieur, le remercie-t-elle en rougissant de plus belle.

— Pour fêter ton avancée, je t'invite ce soir. Je t'attends prête pour un restaurant à 20h en bas de chez toi.

— Oui Monsieur.

— Une dernière chose, rajoute-t-il d'une vois amusé. Nous prendrons le dessert chez moi.

— Bien Monsieur, répond-elle en déglutissant sentant l'appréhension monter en elle aussi vite de l'impatience.

Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant