Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1

Chapitre 32

 Le sol se dérobe sous Emy lorsqu'elle prend conscience de ce qu'il vient de lui dire.

— Comment ça ? bégaye-t-elle.

— Je ne peux pas me concentrer comme je le devrais sur ton bien-être et cela est inadmissible pour notre relation. Tu remets ton corps et ta confiance entre mes mains, cependant j'ai commis des erreurs avec toi, commence-t-il avant de prendre une pause dans son récit.

Attrapant le pied de son verre comme par réflexe, il reprend la parole :

— Je tiens énormément à toi Emy.

— Moi aussi, murmure-t-elle, incapable de le regarder dans les yeux sachant déjà comment cette conversation va se terminer.

— Quand je t'ai rencontré ce qui m'a frappé dès l'instant où nos yeux se sont croisés ç'a été ta fragilité causée par les fissures de ton âme. En réalité je crois plutôt que je me voyais à travers toi. J'étais aussi brisé que toi et je ne m'en rendais même pas compte. Sauf qu'il subsiste une énorme différence entre nous.

— Laquelle ?

— Toi tu es sur le chemin de la guérison et moi du déclin...

— Ce n'est pas vrai, veut-elle rétorquer, mais il l'en empêche en recommençant à parler.

— Regarde ce qui s'est passé. Dans une relation saine, cela n'arrive pas. Un dominant ne laisse pas une situation de jeux échapper à son contrôle.

— C'était un accident.

— Je le conçois. Jamais je n'ai voulu dépasser tes limites et t'emmener sur un terrain où tu ne te sens pas prête d'aller. Ta réaction à cet événement est parfaitement justifiée et normale. Je te suis d'ailleurs reconnaissant d'avoir accepté ce rendez-vous.

— J'ai hésité, lui avoue-t-elle.

— C'est tout à fait normal. Si tu avais refusé, j'aurai été déçu, mais j'aurai compris.

— J'avais surtout besoin de temps pour comprendre mes émotions vis-à-vis de la situation, mais ce n'était pas directement en rapport avec vous.

— Pourtant je suis à l'initiative de cette soirée, et m'en vouloir est compréhensible.

— Vous ne m'avez forcé à rien, rajoute Emy quand elle perçoit que c'est ce qu'il sous-entend. Et tout s'est arrêté lorsque j'ai prononcé mon « safeword ».

— Effectivement, mais c'était déjà trop tard.

La jeune femme baisse rapidement le regard pour confirmer ses paroles sans pour autant prononcer la réponse à haute voix.

— Si mon esprit n'avait pas été ailleurs, si je n'avais pas été accaparé par autre chose que la priorité sur le moment, c'est-à-dire toi, j'aurai vu que tu approchais et dépassais tes limites.

Il est impossible pour la jeune femme de contredire Gabriel, car tout est vrai dans son récit. S'il avait été attentif comme il aurait dû l'être, tout ceci aurait pu être évité. Ou du moins une bonne partie de l'histoire.