Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1

Chapitre 33

 Le serveur qui apporte l'addition sort la jeune femme de ses pensées et la ramène à la réalité de la situation. Gabriel vient de lui annoncer et expliquer pourquoi il devait s'éloigner d'elle. Pas forcément de façon définitive, mais au moins temporairement sauf que même pour un laps de temps court elle n'a pas envie.

Peu importe ce qu'il s'est passé, Emy a de plus en plus besoin de sa présence dans sa vie pour continuer à guérir et évoluer.

Darius avait déjà bien commencé en faisant d'elle une jeune femme, mais elle sent que c'est avec Gabriel qu'elle arrivera à devenir véritablement femme.

Bien sûr elle a conscience des propres démons du dominant et que lui aussi doit y faire face pour avancer à ses côtés or la perspective de ne plus l'avoir au quotidien l'effraie plus qu'autre chose.

Durant ses six derniers mois, il a réussi à s'infiltrer dans sa vie sans s'imposer comme auraient pu le faire beaucoup d'hommes dans son genre. C'est avec délicatesse et bienveillance qu'il s'est fait une place auprès de la jeune femme.

Des fois il en faut peu pour qu'une personne devienne indispensable, un simple petit message, un mail, une photo d'un paysage, une conversation anodine... Au départ les choses sont occasionnelles, peu sans s'en rendre compte cela devient plus régulier jusqu'à ce que ça soit quotidien, mais surtout vital.

C'est ce qui s'est passé avec Emy. Lors de sa rencontre avec Gabriel sa première réaction a été d'être méfiante, ultra méfiante même. Ce n'était pas le premier dominant à l'approcher depuis le décès de Darius, mais c'était le premier lors d'une soirée de la communauté et le premier qu'elle ne connaissait pas.

Toutefois la douleur ainsi que la présence de Darius, fantôme, mais bien réel dans le cœur de la jeune soumise, ne lui permettait pas de se détacher de lui pour accepter de se livrer à quelqu'un d'autre. Mais c'est une phrase de Gabriel qui l'a interpellé ce soir-là et qui a commencé à fissurer sa carapace.

Incapable de parler tout le long du chemin les menant à sa voiture, elle garde la tête baissée dans son manteau. Ce n'est que quand le véhicule se fait à leur hauteur que Gabriel se décide à briser le silence.

— Ne va pas croire que cette décision est simple pour moi, bien au contraire.

— Pourquoi la prendre alors ?

— Parce que c'est le plus rationnel à faire pour le moment.

— Si on veut, marmonne-t-elle dans son échappe en fouillant dans son sac à main pour récupérer ses clés.

— Je ne veux pas te perdre et pour cela je dois prendre du recul. Mais, commence-t-il en lui relevant le menton pour que leur regard se croise, je reviendrai, promit-il en lui embrassant le front avant de partir sans se retourner.