Gabriel

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Je la laisse partir sans me retourner. J'en suis incapable. Si je croise son regard et la tristesse qui s'y reflète, je ne pourrais pas m'empêcher de faire demi-tour pour la consoler et la prendre dans mes bras. Mais je gâcherai tout.

Je me dois d'être fort, pour nous deux. Si je flanche aujourd'hui je sais qu'il n'y aura pas de retour en arrière.

Pourtant mon corps me pousse à retourner auprès d'elle pour sentir à nouveau sa peau fraîche sous mes doigts, apaiser enfin la faim qui me tiraille quand je suis en sa présence.

C'est le coeur lourd que je retourne moi aussi à ma voiture.

Parcourant les rues de la ville je repousse le moment où je vais devoir rentrer chez moi et me glisser dans un lit froid.

La musique en fond m'aide à mettre mon cerveau sur pause le temps les rues défilent sous mes yeux. Le chemin de la maison se fait à l'horizon lorsque la panique me prend.

Je m'agrippe tellement au volant que mes phalanges en deviennent blanches. Toutefois je ne peux pas faire autrement, les battements de mon coeur sont tel que j'écoute le sang pulser dans mes oreilles. Ma vision se brouille l'espace d'une fraction de seconde, tout devient noir même la route devant moi. L'adrénaline reprend le dessus me permettant d'arrêter mon véhicule sur le bas-côté le temps pour moi de reprendre mes esprits.

Respirant par le nez et expirant par la bouche pour calmer les sentiments qui montent je recommence cet exercice autant de fois que nécessaire. Lorsque je me sens prêt à reprendre la route sans encombre, je parcours les derniers kilomètres qui me séparent de mon toit.

Le téléphone déjà à l'oreille je passe la porte de mon logement lorsque Cole décroche enfin.

— Excuse-moi de te déranger à cette heure, mais j'ai un service à te demander.

— L'heure n'est pas un souci nous étions en séance, m'apprend-il.

— Je vais faire vite alors, surtout que j'ai besoin de ta soumise.

— Tu sais parfaitement que je ne partage pas !

— Loin de moi cette idée, ce n'est pas ce que je veux.

— Dans ce cas je t'écoute.

Hésitant avant de poursuivre je marque un temps d'arrêt avant de lui expliquer un bref la situation.

— Je vois, tu veux que Freya lui téléphone pour te rassurer, résume parfaitement Cole.

— Je t'en sers très reconnaissant.

— Je l'espère bien, mais je ne m'en fais pas pour ça je sais déjà comment utiliser ce service, me dit-il en restant évasif.

Cependant je n'y prête pas vraiment attention puisque je n'ai qu'une chose en tête, savoir qu'Emy est correctement rentrée chez elle.

— Je te remercie.

— Ne me remercie pas encore tu ne sais pas ce qui t'attend mon cher ami.

— Peu importe.

Alors que je veux poursuivre ma phrase, j'écoute des froissements de tissus en fond et la douce voix de Freya. Cole s'éloigne du téléphone pour parler à sa soumise, car je n'écoute que des voix étouffer.

— Elle est chez elle, mais ne souhaite parler à personne. Freya lui a dit qu'elle passera la voir demain. Te voilà rassuré ?

— Je le suis. Merci et excuse-moi une fois encore, dis-je en raccrochant à mon tour.

Maintenant que je sais qu'elle se trouve en sécurité dans son appartement je peux me détendre, enfin essayer du moins, car chaque geste que je fais me renvoie à ma soumise et mes pensées ne font que me torturer un peu plus.

Décidant de prendre le problème à bras le corps je sors de mon bar personnel l'une de mes meilleures bouteilles de rhum que je me sers sans particulièrement regarder la dose. Mon verre fétiche en cristal se porte à mes lèvres sans que j'en prenne conscience. La seule chose qui me rappelle mon acte est la brûle de l'alcool qui coule dans ma gorge et vient réchauffer mon corps.

Le premier verre avalé je m'en sers un autre espérant m'anesthésier l'esprit le plus vite possible. Malheureusement ce soir l'adrénaline qui est présente en grande quantité dans mes veines me permet une plus grande résistance au produit.

Il me faudra bien cinq verres avant que l'effet recherché point le bout de son nez et que les bras de Morphée viennent me prendre sur mon canapé.  

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Un chapitre raconté par Gabriel, en espérant que cela vous plait.

Bonne lecture et en route pour les 7k, merci beaucoup.

Obedience (Les chroniques d'une affranchie) TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant