Chapitre 3 : Découverte

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La nuit était tombée sur Imladris. Le soleil avait cédé sa place à une lune éclatante tel un joyau de cristal et les nuages avaient été remplacés par des étoiles de feu. L'obscurité avait envahi les couloirs et la lumière argentée au-dehors projetait des ombres sur les murs blancs de la cité. 

La bibliothèque était, elle-aussi, plongée dans la noirceur de la nuit. Les reliures des ouvrages brillaient sous les rayons obliques de l'astre d'argent.

C'est dans ce silence total qu'une grande ombre s'avança dans l'immense pièce. Son pas d'elfe, très léger, ne provoquait qu'un faible bruissement sur le sol. Les oreilles aux aguets, guettant le moindre bruit suspect, vêtu d'une simple tunique de lin et d'un pantalon de toile, l'ainé du Seigneur Elrond grimpa au second étage de la bibliothèque.

Le prince Elladan était le premier fils du seigneur Elrond, né quelques minutes avant son frère jumeau le prince Elrohir. Curieux et toujours plus avide de connaissances, il se rendait souvent dans la bibliothèque la nuit pour consulter de nouveaux livres que son père ne souhaitait pas qu'il lise. Du haut de ses mille huit cent un ans il n'avait pas encore eu le temps de tous les feuilleter, d'autres occupations remplissant ses journées.

Arrivé au deuxième étage, il s'avança vers la section interdite. Le livre qu'il cherchait était au début des rayonnages. Il le prit et l'ouvrit alors même qu'il était toujours dans la bibliothèque. Son frère jumeau dormait dans leur chambre et faire le chemin du retour en possession d'un livre d'incantation interdit était risqué et loin de lui l'envie de tenter Vairë, la tisseuse du destin. Être le fils du seigneur Elrond n'atténuerait pas sa sanction si son opération venait à être découverte, bien au contraire.

Il s'apprêtait à descendre s'assoir à une table pour feuilleter son livre lorsqu'une respiration régulière lui parvint. Le prince Elladan se tendit et écouta, le moindre sens aux aguets, craignant d'être épié et découvert. Cependant il comprit rapidement que ce souffle était celui d'une personne endormie. Il provenait d'un peu plus loin dans la bibliothèque.

Fortement intrigué, il s'avança sur le balcon de l'étage. Il sursauta presque quand il découvrit une personne cachée entre deux pans de bibliothèque sous la petite fenêtre de la section interdite. Il ne s'attendait pas à trouver la personne à cet endroit.

Une femme se tenait accroupie par terre et dormait sur un livre, les genoux ramenés près de son corps. Sa curiosité piquée au vif, le prince se pencha silencieusement vers elle pour mieux la voir et découvrir quelle Elfe pouvait bien s'endormir ainsi dans la bibliothèque.

Dans l'obscurité seul son visage était éclairé par la lumière de la lune. Les rayons rendaient sa peau plus blanche que la neige de Caradhras et elle semblait être la fille de la lune elle-même. Ses traits étaient détendus et fins. Sous cet éclairage, la jeune femme lui apparaissait irréelle telle une apparition des Valar. Son regard fut attiré sur le côté de son visage et il avisa avec surprise une petite oreille ronde.

Elladan recula. Une Humaine. Il n'avait jamais vu d'Humaine. Les seuls de cette race qui étaient passés à Fondcombe étaient des représentants politiques et ils n'avaient été que des hommes.

La lumière se fit instantanément dans son esprit. Cette jeune femme était forcément celle dont son père avait fait mention au dîner en discutant avec Glorfindel. Le prince avait écouté d'une oreille discrète, sans faire aucun commentaire, sachant que son père détestait que l'on commente ses discussions privées. Glorfindel était sûr qu'elle serait repartie avant la nuit et qu'elle aurait sûrement subtilisé certaines choses, ce qui n'était apparemment pas le cas.

Elladan hésita entre la laisser tranquillement dormir là ou aller prévenir ses parents et les amener ici. La première proposition ne satisferait pas sa curiosité et s'il négociait bien, il pourrait peut-être lui obtenir une chambre dans l'aile des invités et la raccompagner là-bas. Il pourrait alors lui poser toutes les questions qui lui traverseraient l'esprit et elle pourrait dormir dans un lit au lieu d'être coincée ainsi entre deux pans de bibliothèque. S'il la laissait là, elle serait forcément découverte par quelqu'un et accusée à tort de quelque chose. Mieux valait qu'il prenne la situation en main.

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant