Chapitre 18 : Bree

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17ème jour de Yavië (19 septembre), de l'an 1936

Le voyage se déroula sans accros. Helwa ne parlait pas beaucoup et évitait la conversation des deux princes pour ne pas glisser sur des sujets indésirables. Son esprit était entièrement focalisé sur son grand-père et elle ne souhaitait pas leur montrer qu'elle avait peur. Elrohir avait bien essayé de lui parler pour tenter de savoir si tout allait bien, essayant de lui faire comprendre que se confier était le meilleur moyen d'aller mieux mais Helwa n'avait rien voulu entendre et s'était braquée.

Le trio arriva aux alentours de Bree en fin d'après-midi du sixième jour. Ils avaient été rapides, ne s'arrêtant que pour dormir, la nourriture ne se composant que de lembas. Ils repartaient également très tôt le matin, les Elfes n'ayant pas besoin de beaucoup de repos et Helwa ne dormant pas beaucoup non plus.

Il n'avait pas plût des six jours sauf cet après-midi-là. Ce fut donc sous une pluie continue depuis deux heures que les trois compagnons arrivèrent à Bree. La grande porte était ouverte et ils pénétrèrent dans la ville sans encombre. Helwa avait pris la tête du trio pour les guider jusqu'à son ancienne maison. Tous trois avaient rabattu leur cape sur leur tête pour se protéger de la pluie. Cela masquait en partie leur visage et sur leur imposante monture, ils impressionnaient les rares passants dans les rues qui s'écartaient pour les laisser passer, ne connaissant pas les intentions de cet étrange et inquiétant trio.

Helwa s'était éloignée au-devant mais elle pouvait entendre les jumeaux discutant entre eux en langue commune pour ne pas éveiller les soupçons des habitants et elle ne voulait pas savoir de quoi ils discutaient. La jeune femme était tendue, raide sur sa monture, angoissée que quelqu'un la reconnaisse et la ridiculise devant son ami et son aimé.

Ils traversèrent la ville pour se rendre jusqu'aux abords du village à l'Ouest. Quand Helwa arriva devant le petit portail du jardin menant à sa maison, elle fronça les sourcils. Le portail avait été repeint, le jardin entretenu, il y avait même des fleurs. Pendant les dix-sept années de sa vie à Bree, Helwa n'en avait jamais vues dans son jardin. D'ailleurs à bien y regarder toute la petite maison avait l'air d'avoir pris un coup de jeune. La jeune femme se raidit, méfiante, sentant que quelque chose n'allait pas. Cela n'échappa pas aux deux frères qui eux-aussi étaient descendus de leur monture :

— Y a-t-il un problème Helwa ? s'enquit tranquillement son ami.

— Non, non tout va bien Elrohir, répondit Helwa en ouvrant le portail qui grinça.

Enfin elle l'espérait. Sans en connaître la raison, tous ses sens étaient aux aguets, cherchant le moindre indice pour comprendre le pourquoi des changements qu'elle observait. Heureusement les jumeaux ne la suivirent pas jusqu'à la porte, se contentant d'observer depuis la rue. Helwa rabaissa sa capuche et frappa d'un poing décidé à la porte. Elle n'eut pas longtemps à attendre. Une jeune femme d'environ son âge, blonde, un enfant collé à la hanche vint lui ouvrir dans la minute :

— Bonjour, fit-elle d'une voix douce, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Helwa resta figée, ne comprenant pas ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle ne s'attendait pas à ça. Par les Valar mais qui était cette femme ? Elle entendit les jumeaux se rapprocher et leur fit discrètement signe de ne pas bouger :

— Je... Bonjour... Je recherche Gawin, l'homme qui habite cette maison.

Helwa vit la jeune femme froncer les sourcils. Elle se retourna et héla quelqu'un dans la maison :

— Ibal ! Viens, s'il te plaît, quelqu'un a des questions pour toi !

A ces mots, Helwa se raidit complètement et retint le réflexe de sortir la dague dans sa botte. Ibal. Elle connaissait cet homme. Elle ne le connaissait que trop bien. C'était un de ceux qui l'avait frappée le plus fortement quand elle était plus jeune. Ibal était le plus fort de tous à l'époque du haut de ses douze ans. Helwa le détestait. Quand il apparut derrière sa femme, la jeune femme dut se retenir de lui sauter à la gorge. Pourtant elle sentit que l'homme avait changé. Il avait maintenant une trentaine d'années, une famille et des traits marqués par le labeur. Son regard n'était plus celui du jeune garçon violent qu'elle avait connu :

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant