Chapitre 7 : Visite

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La visite fut, comme prévu, longue. Ils traversèrent Fondcombe du Nord au Sud et d'Est en Ouest, marchant pendant plusieurs heures jusqu'au milieu de l'après-midi. Le Prince Elladan l'emmena visiter tous les différents jardins, marcher sur de petits ponts au-dessus de ruisseaux ou encore se promener aux abords de la forêt bordant le côté Ouest de la cité. Il l'amena aux pieds des immenses cascades de la vallée puis lui fit visiter les forges elfiques, les maisons de guérison, l'aire d'entraînement, et tout l'intérieur de la cité, dans les couloirs, les salles et les patios.

Helwa n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Tout était nouveau. Les forges la fascinèrent. La façon dont le métal se transformait entre les mains expertes des forgerons elfiques pour devenir de magnifiques objets ou des lames affutées et parfaitement équilibrées était impressionnant. Les cascades la subjuguèrent car elle n'en avait jamais vu auparavant et elle s'émerveilla de la finesse de la décoration elfique en marchant dans les couloirs de la cité.

Pourtant le soir approchant à grand pas (il était déjà plus de quinze heures), l'angoisse d'Helwa augmentait, ne l'ayant pas quittée de la journée et elle commença à moins parler et à intérioriser ses réactions. Helwa regardait toujours aussi attentivement autour d'elle mais se renfermait sur elle-même, délaissant son guide qui le remarqua :

— Vous êtes bien silencieuse depuis quelques temps. Seriez-vous fatiguée ? Vous pouvez me demander à tout moment de vous ramener à votre chambre.

Surprise de sa sollicitude, Helwa sortit de ses pensées angoissantes :

— Oh non, pas du tout prince ! Tout va bien. Je suis désolé de vous inquiéter. Où nous rendons-nous maintenant ?

— A un lac en contre-bas d'une des cascades. Mon frère et ma sœur s'y rendent souvent en fin d'après-midi. Nous aurons peut-être la chance de les y rejoindre, si vous le voulez bien sûr.

— Avec plaisir Prince Elladan.

— Elladan. Juste Elladan s'il vous plaît.

— Oui bien sûr. Veuillez m'excusez.

— Il n'y a pas de mal, répondit-il toujours aussi attentionné, Tout ce changement doit être très déstabilisant pour vous n'est-ce pas ?

— Ce n'est pas le monde où je suis censée me trouver. Je n'appartiens pas à votre milieu privilégié, fit remarquer Helwa, morose.

Le Prince la fixait maintenant avec intérêt :

— Mais vous le pourriez, cependant, affirma-t-il avec un grand sérieux.

Le prince joyeux de faire visiter sa cité à une étrangère disparut en un clin d'œil pour laisser place à un homme érudit, sage et réfléchi :

— Je ne vois pas comment, répliqua Helwa avec une pointe d'ironie, je suis née paysanne et pauvre, je connais ma place et elle n'est pas ici même si je le désire ardemment.

— Dites-moi : qu'est-ce qui différencie un prince d'un simple paysan si ce n'est son éducation ? Demanda très sérieusement le Prince Elladan, La position sociale n'est jamais fixée et unique. Le savoir permet d'évoluer et de grandir. Tout est une question de volonté à mon avis. Comme vous l'avez si bien dit dans le bureau de mon père : « le savoir est la meilleure arme pour aborder le monde ». Très belle phrase d'ailleurs, si je peux me permettre. Vous l'avez sûrement convaincu avec ces quelques mots.

Helwa réfléchit un moment, cherchant d'autres points de différence mais chacun d'eux se rapportaient effectivement à l'éducation. Vaincue, elle hocha la tête. Cependant elle pensait toujours impensable de voir sa présence au dîner de ce soir :

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant