Chapitre 10 : Face cachée

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68ème jour de Lairë, (29 août), de l'an 1931

— Helwa... Helwa, réveillez-vous !

Quelqu'un frappait à la porte mais Helwa était si bien endormie, le lit était si confortable et les draps étaient d'une douceur... mais d'une douceur ! Elle pensa un moment être morte tant tout cela paraissait irréel. Jamais elle n'avait eu un tel confort chez elle.

Elle ignora les appels :

— Helwa, si vous ne me donnez pas un signe de vie, je rentre dans votre chambre.

L'interpelée émergea lentement du sommeil, fronçant les sourcils. Jamais son grand-père ne parlait d'une voix aussi enjouée et pleine de malice. Il ne la vouvoyait pas non plus. Quelque chose ne tournait pas rond. Ce n'est qu'en ouvrant les yeux, avisant la fenêtre où le voile blanc se balançait doucement, que tout lui revint en mémoire.

La peur d'arriver en retard à son premier entraînement la fit bondir du lit :

— Je suis levée ! s'écria-t-elle.

— Bien. Je vous attends alors, répondit la voix du Prince Elrohir à travers la porte.

La jeune fille se prépara rapidement en passant par la salle de bain et enfila une tenue bien plus confortable que la robe d'hier soir faite pour l'entraînement que quelqu'un avait posé dans sa chambre. Helwa n'aimait pas beaucoup l'idée que quelqu'un soit rentré dans sa chambre pendant qu'elle dormait mais elle apprécia de trouver de l'eau chaude dans son bain. Qu'Almiel ne soit pas là non plus pour « l'aider » était également appréciable. La jeune fille l'avait croisée hier dans la cité et lui avait demandée de ne plus venir l'assister dans la salle de bain. Helwa savait se laver seule quand même !

Elle avait posé délicatement la robe de la Princesse Arwen sur une chaise avant d'aller se coucher et passerait sûrement la rendre à sa propriétaire plus tard dans l'après-midi. Helwa piocha dans la corbeille de fruit sur la table et ouvrit la porte, l'excitation et l'appréhension lui nouant le ventre :

— Bonjour Helwa, la salua le Prince Elrohir, Avez-vous bien dormi ?

— Oui très bien, merci beaucoup.

Malgré le fait qu'elle s'était couchée tard la veille, la jeune fille ne se sentait pas fatiguée. Ils commencèrent à marcher vers l'aire d'entraînement. Le prince s'inquiéta de ne pas la voir manger beaucoup avant autant d'exercices mais Helwa le rassura : elle ne mangeait jamais énormément le matin et elle se rattraperait ce midi, qu'il en soit certain et rassuré.

Il lui expliqua qu'elle pouvait venir manger avec eux, sa famille, le midi comme le soir et même le matin, si elle se levait plus tôt car tous avaient déjà pris leur petit-déjeuner à cette heure. Il ajouta consciencieusement que cela ne serait pas aussi conventionnel que la veille. Pas de robe obligée. Il lui assura également que si elle ne le souhaitait pas, cela ne froisserait personne et qu'Almiel lui amènerait un repas qu'elle pourrait déguster tranquillement dans sa chambre.

Helwa fut ravie d'entendre cela et bien qu'elle n'apprécie guère déjeuner avec de la compagnie, elle décida qu'elle ferait un repas avec la famille royale tous les deux ou trois jours pour les remercier de tous ce qu'ils avaient fait pour elle.

Soudain, alors qu'elle avançait machinalement, elle se cogna contre le prince qui s'était brusquement arrêté au milieu au seuil de la bibliothèque qu'ils devaient traverser. Il regardait fixement devant lui, semblant fasciné, n'ayant même pas remarqué qu'Helwa lui était rentrée dedans. La jeune fille suivit alors son regard et découvrit qu'il fixait une Elfe. Et quelle Elfe !

Helwa fut un instant, elle-aussi, fascinée par cette femme. Ses longs cheveux blonds accrochaient les rayons matinaux du soleil, l'auréolant d'une douce lumière dorée. Grande et élancée, sa vaporeuse robe verte flottait à chacun de ses mouvements alors qu'elle déambulait activement dans la bibliothèque, une mine concentrée et une pile de livres dans les bras. Puis elle quitta la pièce et le charme fut rompu :

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant