Chapitre 26 : Dangers

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1er jour de Tuilië (29 avril) de l'an 1937

— Remonte un peu plus ton poignet... Voilà, comme ça. C'est parfait.

La jeune femme observa Amal viser l'arbre un peu plus loin et tirer sa dague. Cette dernière se ficha dans l'arbre, bien droite :

— T'as vu Nwal' ? J'ai réussi ! J'ai réussi !

— C'est très bien Amal. Veux-tu que l'on réessaye ?

Le garçon secoua la tête, négatif :

— Maman a fait de la brioche et papa est rentré plus tôt cet après-midi, je l'ai entendu rentrer. Tu viens ? On rentre aussi ?

L'intéressée décrocha sa dague de l'arbre et s'assit contre ce dernier au bord de l'eau :

— Non vas-y Amal. Je rentrerais un peu plus tard. Je veux profiter de ce temps magnifique un peu plus longtemps.

En effet, l'air était doux en ce début d'année, marqué par l'arrivée du printemps au mois de Tuilë, le premier mois de l'année. Le soleil revenait et la nature s'était réveillée de l'hiver au mois dernier, lors de Coirë « la reverdie ». Heureusement que la chaleur revenait enfin car l'hiver était plutôt rude malgré qu'ils soient dans le Sud, la ferme se trouvant près des montagnes blanches :

— D'accord ! Mais tu dois encore me raconter ce qu'y s'passe après « La bataille des Larmes innombrables ». N'oublie pas ! s'exclama le jeune garçon en courant vers sa maison.

— Je ne risque pas, rie-t-elle, tu me le rappelles depuis ce matin !

Désormais seule, la jeune femme fit tourner machinalement sa dague entre ses doigts, la tête posée contre le tronc de l'arbre et toucha distraitement son collier. Elle écouta le bruit de l'eau s'écoulant dans le ruisseau. Elle aimait bien toucher son pendentif de temps en temps, elle trouvait cela apaisant même si ce dernier était un rappel constant d'Elladan.

Cent quatre-vingt-cinq jours. Cela faisait cent quatre-vingt-cinq jours qu'elle était arrivée chez Alrad. Elle avait passé tout l'hiver chez eux et la nouvelle année venait de commencer après les deux jours spéciaux, Mettarë et Yestarë. Enfin selon le calendrier de Fondcombe. La jeune femme comptait encore les jours, les semaines et les mois ainsi. Elle n'avait pas essayé de changer. Les Gondoriens, eux, fêtaient la nouvelle année au milieu de l'hiver. Une autre différence se situait sur le décompte mensuel. Le calendrier gondorien comptait douze mois quand celui de Fondcombe n'en comportait que six.

Sa nouvelle vie lui plaisait bien. Elle travaillait toujours avec Alrad aux champs et dans les écuries mais depuis sa rencontre avec Amal, il lui accordait plus de liberté l'après-midi pour qu'elle passe du temps avec son fils. 

L'homme avait remarqué la bonne influence qu'avait son fils sur la jeune femme et inversement car en plus d'occuper son jeune garçon turbulent, la jeune femme l'instruisait, ce que ne pouvait faire ni Alrad ni Eryn du fait de leur maigre éducation.

Elle lui enseignait la Botanique quand ils se promenaient ensemble dans la campagne, l'Histoire en lui racontant des récits le soir ou à n'importe quel autre moment de la journée, la Géographie en traçant grossièrement les royaumes sur le sol à l'aide d'un bâton et, pour son plus grand bonheur, elle chantait également en elfique. Elle et Amal passaient, bien entendu, sous silence le fait que la jeune femme lui apprenait également à manier sa dague.

Elle avait cédé peu de temps après leur première rencontre, Amal la suppliant chaque jour de lui apprendre à manier les armes que ce dernier avait découvert dans sa chambre, sous son lit. Alors pour faire cesser ses suppliques, elle avait accepté de lui apprendre le maniement de sa dague, mais seulement de sa dague, car c'était à son avis, la moins dangereuse de toutes ses armes. Elle lui avait également interdit de s'introduire à nouveau dans sa chambre après cet incident.

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant