Chapitre 20 : Ouvrez !

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26ème jour de Yavië (29 septembre), de l'an 1936

Helwa n'était pas sortie de sa chambre depuis que le trio était revenu à Fondcombe et cela durait depuis trois jours. La seule personne à être rentrée dans sa chambre était Almiel pour lui apporter ses repas, bien qu'Helwa n'y touche guère, n'ayant pas beaucoup d'appétit. La jeune femme ne voulait voir personne. Elle avait mal et souhaitait panser ses blessures seule.

Elrohir était venu frapper le premier jour et avait respecté son souhait, comprenant qu'elle devait faire son deuil. Il était vrai qu'Helwa était en deuil mais pas pour les raisons que tous pourraient croire. Elle enterrait non pas son grand-père mais le dernier espoir de reconnaissance et d'amour de sa part. Les mots d'Elladan, ce soir-là, l'avaient également blessée et lui restaient en travers de la gorge.

Helwa s'enfonçait dans une petite dépression, ne bougeant parfois pas de son lit pendant plusieurs heures. Alors la plupart du temps, quand elle ne ressassait pas des idées noires, Helwa chantait. Le Seigneur Lindir avait gracieusement accepté de lui apprendre à chanter, bien que d'après ses dires Helwa chantât naturellement juste. L'Elfe à la voix d'or était en revanche le seul qui l'ai déjà entendu chanter. La jeune femme se serait sentie bien trop gênée de le faire devant un public et encore plus Elrohir ou Elenwë. Elladan n'entrait même pas en ligne de compte à ce stade.

Alors assise sur son balcon, admirant la vue du crépuscule tombant, Helwa rappela à sa mémoire le souvenir de sa première leçon de chant.

C'était la troisième semaine suivant son arrivée, lors d'un milieu d'après-midi ensoleillé. Helwa se promenait dans les couloirs quand un doux son était parvenu à ses oreilles. Elle avait reconnu sans peine la voix du Seigneur Lindir qui l'avait tant émue lors de son premier dîner. La jeune fille s'était donc rapprochée de la salle d'où provenait sa voix, le plus silencieusement possible.

Cachée derrière le mur juste à l'entrée de la porte, Helwa avait observé l'Elfe devant sa harpe, chantant face aux cascades de la vallée. Il lui avait semblé que ce dernier était aussi pris dans sa musique qu'Helwa l'était à l'écouter. Tout cela était tellement beau. Helwa ne s'en lassait pas et s'était faite petite souris discrète pour continuer à écouter :

Enfants des Hommes, vos esprits s'apaisent 

Des tourments de la houle de la vie, des maux qui vous pèsent.

Le grondement du métal et la fureur des conflits

Envahissent vos âmes d'attentes et de pensées avilies.

Vos yeux se ferment et vous dérivez vers la lumière.

Valinor, la terre bénite, entend vos prières.

Sa beauté éclatante et éternelle vous est dissimulée

Mais le grand maître des cieux est venu vous aider.

Olorë Mallë ! Olorë Mallë !

Création du paisible Lórien, Chemin des rêves !

Oh Olorë Mallë, sauve les Hommes de leurs peines !

Accorde-leur une longue et bienheureuse trêve

Car lourd est leur fardeau et douloureux leur cœur qui saigne.

Oh Chemin des Songes, ancre-toi dans leur esprit tourmenté.

Laisse-les marcher le long de tes hauts côteaux, tes forêts enchantées.

Guide-les vers la véritable lumière, le joyau de cet univers.

Aide-les à contempler le faste des puissances de la terre.

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant