Chapitre 24 : Nouvelle vie

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54ème jour de Yavië (27 octobre), de l'an 1936

Helwa avait chevauché longtemps sans prendre le temps de s'arrêter. Elle voulait mettre le plus de distance entre Fondcombe et elle. Pour le moment la jeune femme savait simplement qu'elle voulait se diriger au sud, vers le Gondor. Elle aviserait ensuite.

Helwa n'avait pas dormi depuis environ deux jours, seulement somnolée quelques heures. Elle avait pourtant essayé mais dès qu'elle s'allongeait et cessait toute activité, elle se sentait mal. Physiquement. Son ventre se tordait, sa poitrine se resserrait.

Alors depuis ses deux derniers essais, elle n'avait plus ressayé de dormir. Parfois elle somnolait sur Terendul, le laissant se diriger seul. La jeune femme lui faisait assez confiance pour ça. Helwa restait donc éveillée, tentant de se concentrer sur sa destination. Elle n'avait pas faim non plus. La boule dans son ventre lui coupait l'appétit.

Ses deux jours avaient été parmi les pires de sa vie et pourtant si quelqu'un l'avait observé pendant tout ce temps, il ne l'aurait pas soupçonné car Helwa n'avait ni pleuré ni crié.

A chaque fois que la jeune femme tentait d'y penser, d'y réfléchir, elle ressentait un vide, un immense vide mais rien de plus. Pas de pleurs, pas de cris, pas de douleur, pas de colère. Rien excepté un sentiment d'incompréhension.

Helwa descendit donc vers le sud longeant les monts brumeux, ne s'arrêtant que pour manger un peu et dormir, quand elle y arrivait, mais son sommeil était difficile.

Au bout d'environ trois semaines d'errance, elle arriva à la passe entre les monts brumeux et les montagnes blanches, frontière du très influent royaume du Gondor, le plus grand royaume des Hommes*. La jeune femme était loin de la cité elfique des bords de la Bruinen.

Helwa ne connaissait pas réellement ce royaume mais elle l'avait beaucoup étudié dans les livres que lui donnait Maître Ardamir et elle avait appris que des raids répétés étaient entrepris depuis les années mille neuf-cent par les Haradrims, les Variags et les Orientaux aussi appelés « Gens des Chariots ». Ils avaient dans l'intention d'affaiblir le Gondor. Ils sévissaient aux frontières du Sud et de l'Est. Chevauchant à l'Ouest, Helwa n'avait pas à s'inquiéter d'eux.

Malgré cela, la jeune femme n'était jamais allée aussi loin en Terre du Milieu et elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Le Gondor était le bout du monde pour elle, même si Helwa avait conscience qu'il existait des contrées bien plus lointaines encore.

Elle était décidée à trouver quelque chose à faire de sa vie ici, dans cet immense royaume. Elle estimait s'être assez éloignée de l'Eriador et de Fondcombe pour s'installer ici et refaire sa vie. Helwa avait pris de nouvelles résolutions en arrivant en Gondor. Elle voulait commencer une autre vie. La jeune femme avait décidé de chasser au maximum toutes pensées en rapport avec son passé et les Elfes. Elle n'en parlerait à personne, pas tant que cela serait trop douloureux et finalement tout disparaîtrait de son esprit. Helwa finirait par les oublier. N'avait-elle pas entendu des milliers de fois que le temps effaçait tout ? La jeune femme s'était même forcée à recommencer à penser en langue commune même si elle cherchait souvent ses mots.

De son ancienne vie elle ne garderait que ses armes elfiques : sa lame, sa dague et son arc même si elle ne savait pas encore si elle en aurait besoin.

Helwa voulait tout changer, tirer un trait. Elle voulait oublier jusqu'à son nom, ne plus jamais l'entendre même en pensée. Il était trop chargé de souvenirs. Helwa était une autre personne. C'était la fille d'avant, d'avant son erreur, d'avant la douleur, d'avant le vide. La jeune femme d'aujourd'hui n'était plus cette fille.

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant