Chapitre 17 : En route !

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11ème jour de Yavië (13 septembre), de l'an 1936

Quand Helwa se réveilla le lendemain, elle se sentit désorientée. Elle flottait dans une sorte de nuage cotonneux. La jeune femme avait dormi d'un sommeil sans rêve, vraiment réparateur.

Des questions se pressaient dans son esprit encore endormi. Qu'avait-elle fait la veille ? Que devait-elle faire aujourd'hui ? Cette brume comateuse ne dura que quelques secondes avant que tout lui revienne à l'esprit et qu'elle panique. Helwa devait partir ce matin. S'était-elle réveillée trop tard ? Elle se précipita à sa fenêtre. La jeune femme grimaça car la douleur de ses blessures se rappela également à elle. Quand elle sortit sur son balcon, elle fut rassurée de voir qu'elle s'était réveillée à l'aube. Normal en fin de compte, vu qu'elle s'était couchée tôt. La jeune femme s'empêcha de penser aux évènements de la veille. Ce n'était pas le moment.

Elle se prépara et commença à rassembler des affaires pour le voyage. Quand elle eut fait son sac, elle se rendit à l'armurerie pour prendre un carquois de flèches avec un rangement pour une lame elfique et une dague qu'elle glissa dans sa botte. On ne savait jamais sur quoi ils pourraient tomber sur le chemin. Heureusement les armes elfiques étaient légères et permettaient de voyager léger tout en ayant une panoplie d'armes assez complète. Elle enfila le carquois sur ses épaules par-dessus sa grande cape.

Helwa passa dans les cuisines chercher du lembas, un pain de route elfique. Léger, consistant, une seule bouchée nourrissait pour une journée, mais sans aucun goût. La jeune femme se souvenait du long voyage jusqu'à Vertbois-le-Grand où tous n'avaient mangé que cela pendant plusieurs semaines. Dire qu'elle avait apprécié le banquet du Seigneur Thranduil en l'honneur de leur arrivée était un euphémisme.

Dernière étape : les écuries. Helwa pensait y trouver les jumeaux mais elle était seule. Elle sella le cheval qu'elle connaissait le mieux. Un étalon noir nommé Terendul « le grand ténébreux » en référence à la couleur de sa robe. Il était calme et ne faisait pas de gestes brusques, ce qui lui allait très bien. Helwa le sella, nerveuse néanmoins. Elle n'aimait pas les chevaux et ne leur faisait pas confiance pour un sou. La jeune femme savait qu'il répondait à l'elfique et qu'elle pourrait le calmer ainsi si cela venait à être nécessaire mais elle n'était pas totalement rassurée.

Soudain du bruit se fit entendre à l'entrée des écuries. Helwa put entendre des bribes de la conversation des Elfes à l'entrée :

— Elle m'a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait pas en parler alors tu ne dis rien. Déjà tu as de la chance de pouvoir venir. Que tu ais été là hier doit l'avoir mise mal à l'aise. Tu n'es pas aussi proche d'elle que moi. Donc par Eärendil épargne-nous ta curiosité maladive mon frère !

— Ne t'inquiète pas Elrohir mon but n'est pas de la gêner plus qu'elle ne doit déjà l'être. Tu sais son bien-être m'importe. Ce n'est pas parce que je ne suis pas son ami comme tu l'es qu'elle est invisible à mes yeux. Sa détresse était plus qu'éloquente hier, je ne voudrais pas en rajouter.

Helwa fronça les sourcils. Elladan mentait-il également à son frère ? Elle savait pertinemment bien qu'Elladan en se gênerait pas pour lui poser des questions mais seulement lorsque son frère ne serait plus en vue. Quand il lui avait fait la cour pour s'amuser au tout début, son frère n'en avait jamais rien su, tout se passant dans son dos et Helwa ne lui en parlant pas. Elrohir était même venu s'excuser auprès d'Helwa, un jour, croyant que son avertissement était à l'origine de l'éloignement entre son frère et elle et croyant qu'il avait parlé à tort, ne voyant pas son frère s'amuser avec la jeune femme :

— Votre relation a toujours été un mystère pour moi, se renfrogna Elrohir, j'ai l'impression que tous les deux vous ne me dites pas tout. Vous agissez étrangement quand vous êtes dans la même pièce. C'est comme si Helwa...

Helwa décida d'interrompre la conversation des deux princes avant que les réflexions et observations d'Elrohir ne la trahisse plus qu'elle ne l'avait déjà fait en embrassant son frère. Elle se précipita plus avant dans les écuries, là où les deux Elfes sellaient leur cheval :

— Bonjour ! s'écria-t-elle.

Elrohir se retourna vers elle presque dans un sursaut, coupé dans sa phrase :

— Oh bonjour Helwa. Déjà prête ?

Son ami semblait sur le qui-vive comme s'il venait de se faire prendre sur le fait :

— Comme vous le voyez.

Elle adressa un vif signe de tête poli à Elladan qui lui répondit de la même manière :

— Vous semblez aller mieux, lui dit-il, enfin je veux dire pour votre œil. Il semble moins gonflé qu'hier. J'espère que cela ne vous fait pas trop souffrir.

— Oui, répondit Helwa en retournant à sa stalle chercher son cheval, une guérisseuse m'a donnée un baume qui fait des miracles et apaise grandement les douleurs.

La jeune femme faisait de son mieux pour l'ignorer mais regrettait déjà sa décision de le laisser venir avec elle. Quand Elladan lui avait parlée, elle n'avait pu retenir un frisson le long de sa colonne vertébrale et empêcher les papillons de reprendre du service dans son ventre. Elle réagissait toujours un peu quand elle l'entendait parler et surtout quand cela lui était adressée. Helwa ne l'aurait jamais avoué mais elle exultait que le prince ait remarqué que son œil avait dégonflé. Cela voulait dire qu'il l'avait regardée. Mais en même temps, il avait dû se rendre compte qu'elle était affreuse avec ses blessures. Helwa était également toujours en colère contre lui pour ce qu'il avait fait deux nuits plus tôt.

Encore une fois elle se sentait tiraillée par deux sentiments contraires et cela l'épuisait de ne pas savoir quoi penser ni quoi faire.

Helwa sortit son cheval dehors pour rejoindre les deux Elfes. Ils avaient enfourché leur monture et l'attendaient déjà.

Helwa n'avait pas pu empêcher ses joues de rougir quand Elladan lui avait parlée alors elle s'était détournée pour se cacher. Mais pourquoi s'obstinait-elle à lui cacher qu'elle l'aimait ? Par fierté ? Orgueil ? De toute manière il devait déjà le savoir. Helwa était sûre qu'il savait et même si elle désirait que le prince n'en parle pas ou ne s'en vante pas, la jeune femme ne se faisait pas d'illusions. Cela arriverait tôt ou tard et son secret serait découvert et sa honte, totale. Elle n'osait même pas imaginer ce qu'elle ressentirait à ce moment-là. Sera-t-elle méprisée, moquée, pour avoir osé entretenir de tels sentiments pour un prince elfique ?

Helwa enfourcha son cheval et le trio se mit en route. Ils partirent rapidement au galop pour écourter le voyage au maximum. S'ils tenaient ce rythme et qu'ils ne s'arrêtaient que très peu, ils n'en auraient que pour quatre à six jours au lieu des dix qu'Helwa avait mis à pieds pour venir la première fois.

Au galop, ses ecchymoses lui faisaient mal mais c'était bien plus supportable que la veille. Helwa se concentra sur son cheval ainsi que sur les rennes et serra les dents. Les jumeaux galopaient devant côte à côte, discutant de temps en temps et elle appréciait d'être seule et tranquille, à l'arrière.

La jeune femme admirait le paysage. Les feuilles étaient encore vertes de l'été et l'air était encore plutôt chaud, les routes et le sol dégagés de toute chute de feuilles. Yavië, « l'automne » était un mois doux, bien que les feuilles commenceraient à tomber des arbres et l'air à devenir plus froid et humide dans quelques semaines. Helwa espérait qu'il ne pleuvrait pas trop durant leur voyage. Sa cape ne laissait pas beaucoup passer l'eau mais ce n'était pas vraiment agréable d'essayer de dormir sous la pluie.

Intérieurement, la jeune cavalière imaginait milles et une façons d'aborder son grand-père quand ils arriveraient. Que devrait-elle lui dire ? Que devrait-elle faire ? Allait-il lui en vouloir ? L'insulter ? Ou simplement la mépriser et la renier ? Aucune de ces options ne lui convenaient. Helwa retourna le problème dans sa tête pendant toute la journée. Elle rejoua la scène des dizaines et des dizaines de fois. La jeune femme comprit qu'elle avait peur. Non pas peur d'avoir perdue l'admiration et l'amour de la seule personne qui ait été là pour elle depuis le début car elle ne l'avait jamais eu mais de ne pas réussir à finalement l'obtenir.

Helwa Isil, lune bleue - [Terre du Milieu] - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant