CHARLIE

Chapitre 27

Chapitre 27 : « Vieilles rancunes. »

|Je finis par reprendre mes esprits et me tournai vers Ethan, qui essayait désespérément de savoir qui était le vieil homme que nous avions capturé : -Ethan, laisse-moi te présenter mon grand-père, Lucius Malefoy.|

-Tu es tout ce que je déteste, Granger.

-Ne peux-tu pas prononcer mon nom de famille en entier ?

Lucius ne répondit pas. Il baissa les yeux, refusant de coopérer. Je m'éloignai et demandai à Luke de me suivre. Il menaça mon grand-père et garda sa baguette pointée vers lui.

-Ne le lâche pas une seconde, dis-je. D'ailleurs, où est-ce que tu as eu cette baguette ?

-C'est la sienne. Quelle ironie, menacé par sa propre magie. Qu'est-ce qui se passe, Charlie ? ajouta-t-il en voyant mon regard préoccupé.

J'avais beaucoup de raison de l'être, et sa question m'étonna un peu, au vu de ce que nous vivions actuellement.

-Si on arrive à le ramener au ministère, il y a des chances pour que toutes les charges soient abandonnées contre nous. On serait libres à nouveau ! On ne serait plus poursuivis...

-Ne t'emballe pas. Rien ne dit qu'ils nous laisseront repartir si on se rend, même s'il est avec nous.

Il avait raison : se jeter dans la gueule du loup, même en amenant un autre loup, n'était peut-être pas la meilleure solution. Je retournai vers Lucius :

-Avant de te livrer aux autorités, j'aimerais avoir une petite explication. Pourquoi te donner tout se mal pour me faire disparaître ?

-Tu es tout ce que je hais, répéta-t-il. Tu es le fruit de cette abomination.

-Tu veux dire ton fils épousant une sang-de-bourbe ? supposai-je.

Il hocha la tête avec dégoût.

-Et dire que trois explosions plus tard, tu es toujours là.

Une nouvelle fois, il se trompait de chiffre. Soudain, je me rendis compte qu'il ne pouvait pas commettre une telle erreur. « Quand tu es aussi malin que Lucius Malefoy, tu sais combien de fois tu as tenté d'assassiner ta petite-fille, réalisai-je. » Mon regard changea légèrement, et je devais lui poser la question. Ce serait faiblir, la situation serait à son avantage, mais je devais demander :

-Quelle fut la troisième fois ?

-Plaît-il ? dit-il avec un sourire narquois que j'ignorai.

-Comment as-tu essayé de me tuer, la troisième fois ?

Je n'en comptais que deux : les deux explosions du lycée, auxquelles j'avais échappé de peu.

-En faisant exploser ce lycée moldu, déclara-t-il.

-Tu ne l'as fait que deux fois.

-Enfin, Charlie, n'es-tu pas la fille du rusé Drago Malefoy ? Réfléchis, gamine, réfléchis !

Petit à petit, une hypothèse s'était formée. Et soudain, elle devenait plausible. Mes yeux s'emplirent d'une tristesse infinie à laquelle suivit une haine enragée.

Cependant, je n'étais pas sûre. En relevant les yeux, je croisai le regard d'Ethan qui s'était placé en face de moi. Il avait deviné. C'était une des rares confessions que je lui avais faites.

-C'est impossible, murmurai-je en m'accroupissant vers Lucius.

L'homme était toujours à genoux, alors que Luke avait repris sa place derrière sa nuque. Il eut un grand sourire malveillant.

-Tu n'as pas pu la tuer. C'était il y a huit mois. C'était...

... possible. Vrai.

-DIS-MOI QUE TU N'AS PAS TUE MA MEILLEURE AMIE !

Je me jetai à sa gorge. Je n'étais plus moi-même. Mes pensées s'embrouillaient. Léah. Assassinée. Dans une explosion. Où je devais être. De laquelle le hasard m'avait éloigné.

Ethan se jeta entre moi et Lucius pour m'empêcher de lui faire du mal. Luke jeta un stupéfix sur le vieil homme qui s'en trouva assommé. J'étais furieuse, folle de rage.

-Collins, ordonna Luke. Reste ici. Surveille le vieux. Charlie, en bas. Maintenant. Ou tu vas faire quelque chose que tu regretteras.

Dehors, l'aube approchait. L'air frais me calma un peu mais je ne pus oublier ce que je venais d'apprendre : mon grand-père avait tué ma meilleure amie. Tout le monde avait pensé qu'elle était morte parce qu'elle était détestée des sorciers. Mais c'était faux. Elle n'était pas morte parce qu'elle était elle, mais parce que j'étais moi. J'étais visée.

Comment est-ce que les moldus appellent ça ? La culpabilité du survivant ?

Oui, c'était exactement ce que je ressentais. Mélangée à de la haine, de la colère, de la rage. De la tristesse.

Luke m'incita à m'éloigner du bâtiment. Nous traversâmes la chaussée et j'allais m'asseoir contre un mur en face. J'apercevais la fenêtre de mon appartement. Et dire que là-haut reposait cette ordure !

Je détournai mon regard et tombai sur celui de Luke, inquiet. Luke. La dernière fois que je l'avais vu, je lui avais crié dessus en disant que je ne voulais plus jamais le revoir. Devais-je m'excuser ? J'allais ouvrir la bouche quand il leva sa main :

-Arrête. Je comprends pourquoi tu étais énervée. Pourquoi tu l'es encore, peut-être. J'ai été horriblement égoïste.

-Je ne suis plus en colère contre toi, Luke. Tu t'es démené pour me faire sortir de prison, tu as retrouvé Alexander, tu m'as sauvé la vie. Je n'oublierai jamais tout ce que tu as fait pour moi, depuis le début.

Des souvenirs me revinrent en mémoire : notre fuite, son aide, son soutien.

-Tu n'étais pas horriblement égoïste, tu avais raison. Je comprends pourquoi tu m'as empêché de voir Ethan. D'un côté, j'aurais souffert d'une nouvelle séparation.

-Et d'un autre côté ?

-On sait tous les deux pourquoi tu as fait ça. Pourquoi tu as fait tout ce que tu as fait pour moi.

Luke hocha la tête et détourna son regard. Le froid nous envahissait petit à petit. Je respirai un grand coup en regardant le halo de lumière qui émanait de mon appartement. Pouvais-je rester un instant en bas, loin des problèmes ?

-Charlie ?

Je levai les yeux vers Luke. Sa silhouette se détachait de l'aube naissante.

-Rien, dit-il finalement.

-Dis-moi.

-Je n'avais rien à dire.

Pris d'un élan de courage, il me fit face. Il avait recommencé à neiger.

-J'avais quelque chose à faire, déclara-t-il.

Et avant que je ne puisse comprendre ses mots, il passa sa main dans mon dos, m'approcha soudainement de lui et laissa s'écouler deux, trois secondes avant de m'embrasser.