Chapitre 15

649 60 1
                                    

Chapitre 15 : « Prendre conscience, perdre patience contrôler. »

|Mon regard se porta sur le livre qu'il laissa derrière lui. Je finis par le saisir, ne sachant quoi faire d'autre, et je me replongeai une nouvelle fois dans l'histoire de Drago Malefoy et Hermione Granger.|

Je refermai le livre, n'ayant pas le courage de lire la suite. La solution n'était pas, aujourd'hui, de plonger dans le fictif pour oublier le réel.

Peut-être parce que je savais que l'histoire de mes parents, justement, n'était pas fictive.

Mais désormais, je vivais ma vie. Mon histoire. Je l'écrivais à chaque seconde, et c'était effrayant de voir à quel point, finalement, on contrôle. Je contrôlais tout : mes actes, ma foi, mes buts. Je contrôlais mes gestes, mes pensées, je pouvais faire ce dont j'avais envie, il me suffisait de l'avoir, l'envie.

S'il y avait une seule chose que je ne pouvais contrôler, c'était les actes des autres comme les autres ne me contrôlaient pas. Luke, oui, c'était à lui que je pensais. Notre dispute restait dans mon esprit, je la repassais en boucle pour comprendre. J'étais pourtant intelligente, et loin d'être naïve. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Pourquoi ne pouvais-je simplement pas dire à Luke « merci » ?

Je dormis un bon moment après ces réflexions intenses. Je ne sais combien de temps je restai assoupie, mais à mon réveil, le soleil s'était couché.

Je me le vais tranquillement et m'appuyai contre le bord de la fenêtre. La nuit...

Chasses. Jeu. Ethan.

Envolées, terminé, ignorant.

Ethan m'avait oublié, si seulement c'était facile de faire de même ! Le coucher du Soleil...

Lever du Soleil. Grande roue. Phare.

Les idées s'associaient, et me ramenaient toujours à une personne : Ethan. Portland entier me rappelait Ethan, mais je n'étais pas revenue ici pour lui.

Du moins, pas officiellement.

J'étais ici pour Alexander. Ce traitre, ce sorcier. Ce salopard. Il avait gâché ma nouvelle vie, mon nouveau départ. Il profitait de June et lui cachait tant de choses... Il était responsable de mon retour à Poudlard de cette punition, de mon emprisonnement là-bas. C'était de sa faute si j'avais dû partir, quitter Ethan. J'avais également fait le rapprochement entre les mystérieuses explosions au lycée, et lui. Et je le tenais aussi responsable de la perte de mémoire des deux frères et sœurs Collins. Si je n'avais pas quitté Portland, ils ne m'auraient pas oubliée. En réalité, chaque larme que j'avais versée, chaque pleur que j'avais vécu, chaque moment de tristesse que j'avais traversé avaient un rapport avec Alexander.

C'était pour lui que j'étais ici. Pour lui montrer ce que c'est, d'être un mystère aux yeux d'une Granger, et une ordure aux yeux d'une Malefoy.

Dans les deux cas, on ne vit pas bien longtemps.

Je commençai à m'inquiéter quand il fut environ vingt-deux heures. La faim commença également à me tenailler les derniers repas que nous avions avalés avaient été maigres et volés.

Que faisait Luke ?

Alors, une idée me vint... Et s'il ne revenait pas ? Le pouvait-il ?

Il lui suffirait de s'en aller. Louer une voiture, n'importe quoi, parcourir l'Amérique, ce n'était pas si compliqué, encore moins pour un sorcier. Le monde sorcier était à sa recherche ? Non, à la mienne, même s'il était complice.

J'attirais les problèmes la mort me poursuivait.

« Alors vit avant qu'elle ne te rattrape. »

Ethan, et ses paroles, toujours dans ma tête. Mais il avait raison. Attendre, attendre, à quoi ça sert ? Je voulais le bonheur, je voulais vivre, je voulais aimer.

« Alors court, Charlie. Va le chercher, ce bonheur, lève-toi et vit, va l'attraper, cet amour. »

Et quelques secondes, je réalisai ce que je ratais en restant là. Je voulais trouver Luke, je voulais m'excuser et le remercier ?

Il me suffisait d'y aller.

De le chercher.

De m'excuser.

De le remercier.

C'était aussi simple que ça, parfois. J'écrivais à chaque seconde ma propre histoire et c'était effrayant de voir à quel point, finalement, on contrôle tout.

Je sortis de la chambre d'hôtel quelques minutes plus tard. En tournant à l'angle, je m'arrêtais net. Il s'arrêta lui aussi. Il avait deux gobelets de cafés dans sa main.

C'était le moment.

Maintenant.

MAINTENANT !

-Luke !

Il faisait demi-tour où allait-il ?

-Attend !

Il fit volte-face.

-Ne t'excuse pas de ne jamais rien voir Charlie. Tu n'y peux rien.

Je... n'allais pas m'excuser pour ça. Pas d'excuses, il n'en voulait pas ? Très bien. Deuxième étape. Mais il me coupa la parole avant même que je ne place la première lettre du mot :

-Ne me remercie pas, je pensais agir comme il le fallait, naturellement.

« Mais tu peux pas me laisser parler, espèce d'idiot ? »

Je n'avais officiellement plus rien à dire. Je cherchai quelque chose à répondre...

-Je suis désolée de ne pas t'avoir écouté, et je te remercie de me donner sans t'en rendre compte le courage de continuer.

Ce fut à lui de ne pas savoir quoi répondre. Il porta ses yeux sur les cafés, et je compris. Ils le gênaient...

Je le pris dans mes bras, mes mains entourant son cou. Il passa ses bras autour de ma taille, et on resta là, quelques minutes, sans parler.

-Un jour, finit-il par dire, tu comprendras ce que j'ai voulu dire.

-Pourquoi pas maintenant ? chuchotai-je.

Il ne répondit pas et eut un grand sourire. Il se détacha de moi et me fit signe de le suivre. Je n'avais pas remarqué le sachet en carton dans son autre main, mais je devinai aussitôt que c'était de la nourriture.

Nous retournâmes dans la chambre et je sortis du sachet deux grands sandwichs. Cela faisait si longtemps que je n'en avais pas mangé ! Ce n'est pas le plat principal, à Poudlard, ni au lycée d'ailleurs.

J'avais envie, soudain, de rire. D'oublier un peu tout ce qui se passait à l'extérieur. Oui, mes idées se succédaient rapidement. Mais vouloir m'amuser ne me faisait pas oublier ma détermination contre Alexander.

Quand je posais mon sandwich une seconde pour ranger le livre de mes parents, Luke s'en empara. Il me lança un regard de défi. Il avait compris il comprenait toujours ce dont j'avais besoin, parfois même avant moi.

Il avait fini son sandwich et menaçait de manger le mien.

-Alors, Malefoy, on abandonne ? dit-il, car je n'avais pas bougé.

Je penchai la tête, haussant les sourcils, et mon regard le transperça.

-C'est Malefoy-Granger.

Et je me jetai sur lui.

CHARLIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant