Chapitre 29

375 38 2
                                    

Chapitre 29 : « Pression. »

|Le ministère s'ouvrait devant nous. « Merci papa, et bonjour l'Angleterre. »|

A l'instant où mes pieds touchèrent le sol, les centaines de sorciers présents dans le hall s'arrêtèrent dans leur mouvement. Les têtes se tournèrent vers mon grand-père et moi tandis que les yeux s'agrandissaient. J'étais une célébrité dans le monde sorcier, et c'était en partie ce qui m'avait poussé à partir : le Fruit de la Haine était connu de tous je supposai donc que chacun savait pour ma fuite et mes erreurs.

Trois aurors pointèrent leur baguette vers nous, encerclés. Les murmures s'élevèrent une fois la surprise passée, et on se demanda comment Charlie était entrée au ministère puis on se rappela la ruse de son père et l'intelligence de sa mère, et on sut comment la Malefoy-Granger avait percée les barrières de protection. Mon nom fusait ainsi, interrompant les conversations.

Un grand auror aux cheveux noirs de jais m'empoigna par le bras, me faisant lâcher mon grand-père. Ce dernier était recherché pour comparaitre devant ses crimes de guerre, aussi les aurors nous séparèrent-ils. J'allais ajouter de nouvelles charges à celles qui pesaient déjà sur les épaules de Lucius, et j'en étais plus que fière.

Mais dans l'immédiat, j'avais d'autres problèmes. L'ascenseur dans lequel me mit l'auror me propulsa vers le sommet du bâtiment. Je gardai les idées claires. Ce n'était pas une arrestation surprise comme la précédente, où je m'étais abandonnée dans l'espoir que Luke ne me rejoigne jamais derrière les barreaux. En repensant à la prison de Portland, les sentiments de désespoir et d'inquiétude me revinrent en mémoire, mais je les chassai en fermant les yeux. Je ne devais pas me préoccuper de ce que j'avais ressenti lorsque j'avais vu Luke enfermé, aussi puissants soient ces sentiments-là.

Je devinai un peu plus à chaque pas notre destination. Tout en haut, tout au bout, tout à droite. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait s'y trouver. Et je devais assumer mes choix.

J'avais arraché de mes mains le cœur de Luke James.

Je l'avais poussé hors du sentier de la légalité.

J'avais attiré sur lui le danger, la souffrance, l'inquiétude, et tous les sentiments négatifs qu'un oiseau peut ressentir quand il ne peut pas voler.

Il était normal que désormais, je doive affronter la seule personne qui devait me détester autant que Lucius Malefoy : le ministre James.

L'homme de l'autre côté du bureau était large d'épaules, plus grand que moi et avait un imposant charisme qui me rendait nerveuse. Il ordonna à l'auror qui m'avait accompagné de sortir de la pièce, ce qui en ajouta à ma nervosité.

Il se passa quelques minutes sans qu'il ne parle. Il avait tant à me reprocher qu'il ne savait sûrement pas par où commencer.

« Il a toujours su. »

Cette révélation qu'eut mon inconscience parvint jusqu'à ma conscience au moment où les yeux du père de Luke se posèrent sur moi tandis qu'il serrait sa baguette dans sa main gauche.

« Il a toujours su ce que Luke ressentait pour moi. »

Ça expliquait tant de choses. Pourquoi on m'avait ramené à Poudlard pour une minuscule infraction – bien que j'avais causé deux explosions en Amérique. Pourquoi le ministère était autant derrière moi.

« Et maintenant, il me hais pour ce que j'ai fait à son fils. Pour l'avoir fait fuir. »

Ça expliquait pourquoi on nous avait tant cherché, pourquoi en ce début de décembre, les troupes du ministère fouillaient encore Portland sans relâche.

Le ministre finit par prononcer mon nom en se levant puis poursuivit :

-Où est-il ?

-Qui ça ? feignis-je.

Il tapa la table du plat de sa paume et pointa sa baguette sur moi en contournant le bureau :

-Où est Luke ?

-Parlons-en plus tard.

-Ecoute-moi bien, Malefoy. Ici, tu n'es qu'une gamine qui joue à l'adulte. Tu n'as aucun pouvoir, tu es prise, à ma merci. Je veux savoir où est mon fils.

J'avais fait une erreur en venant avec Lucius, parce que je perdais ainsi une arme de poids. Mais s'il n'avait rien à m'envier, il avait une dette envers moi. Je me forçai à sourire.

-Pensez ce que vous voulez, monsieur James. Mais vous avez une dette envers moi.

-Tu n'es qu'une gamine, ne joue pas à...

-A l'adulte ? Très bien, je vais faire l'enfant. Cher monsieur le ministre, moi seule sait où est votre fils. Moi seule ai su vous ramener Lucius Malefoy, et moi seule peux vous fournir assez de charges pour le condamner à vie. Avec les maigres preuves que vous avez contre lui, il plongera pour association avec malfaiteurs. Il n'est pas assez stupide pour laisser une trace des meurtres qu'il a commis et il a trop d'influence pour que quiquonque veuille témoigner contre lui.

Finalement, j'avais bel et bien quelque chose qu'il voulait.

-Tu n'as rien de tout ça, dis-moi seulement où est mon fils !

Je gardai le silence en soutenant son regard.

-DIS-LE MOI !

-Je ne veux qu'une chose en retour.

Il s'approchait de moi, le visage déformé par la fureur, ses yeux plus noirs que jamais.

-PARLE, MALEFOY !

Il enfonça soudain sa baguette dans ma nuque en me contournant. Son autre main me saisit par le bras et il me força à me lever. Sa voix fut calme mais froide :

-Tout est de ta faute. Tu l'as attiré à toi, dans tes filets, et tu ne l'as plus jamais lâché. Dis-moi où est mon fils.

Je sentais jusqu'à son souffle contre mon oreille, et son haleine âpre frôla ma joue.

-Et que comptez-vous lui faire ?

-Il aura son procès pour complicité et je ferais en sorte qu'il ne lui arrive rien.

-Ils vous écarteront des jurés, vous le savez autant que moi, répliquai-je. Mais vous avez le pouvoir d'offrir l'immunité. Seulement, je sais que vous êtes furieux contre lui. Vous vouliez le protéger à chaque geste que vous avez fait, et voilà comment il vous remercie.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles. Je la lui donnerai quand je saurai où il se cache.

-Vous mentez. L'immunité, pour moi autant que pour lui, voilà le prix que je demande.

Ma voix faiblit lorsqu'il serra la baguette contre ma peau. Une légère douleur se répandit dans mon corps. Il sembla réfléchir puis me relâcha brusquement. Je me rattrapai au bureau pour ne pas tomber puis reprit mon souffle. En me relevant, je répétai les conditions de l'accord que nous pouvions passer :

-Offrez l'immunité à Luke et à moi, et vous bouclerez Lucius Malefoy pour le restant de ses jours, tout en ayant la possibilité de parler à votre fils.

-Tu n'as pas le pouvoir de décider si mon fils veut ou non me voir, avança-t-il avec assurance.

-Raconter la journée d'aujourd'hui suffira amplement. Vous nous avez traqué, ajoutai-je avec haine, vous nous avez fait fuir le continent, nous avons souffert à cause de vos traques démesurées et de votre colère contre moi. Il ne veut pas vous parler et n'a pas pensé à vous depuis bien des jours.

La tournure des évènements était plutôt inattendue. Je croyais qu'il m'accuserait et que j'assumerai, mais j'avais recours au chantage pour obtenir ce que je voulais. Sa haine contre moi était-elle donc plus importante que la liberté de son fils ?

Il fit un mouvement avec sa baguette. Un dizaine de secondes plus tard, la porte de son bureau s'ouvrait et le grand auror entra. Il se posta devant le ministre James et attendit ses ordres, qui ne tardèrent pas à arriver. Ses paroles me glacèrent le sang et je tombai tellement des nues que je ne pensai pas à me défendre :

-Enfermez-la.

CHARLIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant