Chapitre 12

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Chapitre 12 : « De l'autre côté. »

|-C'est ensemble ou ce n'est rien, Granger.|

Le froid glaçait mes membres un à un. C'était comme si tout le rire du monde s'était enfuit. Ils se rapprochaient tous, en cercle. Je levai ma baguette. Ma main tremblait.

-Ex... Exp...

Mes lèvres gercées restaient scellées, mes efforts vains auraient découragés n'importe quel sorcier. Mais pas Charlie Malefoy-Granger. Après tout ce que j'avais vécu, et même si le rire semblait échappé, je ne pouvais abandonner. Je ne pouvais pas non plus prononcer le sortilège. Un moment heureux, un moment heureux...

Ethan. June.

Oubliés. J'avais cru un instant que leur souvenir serait assez fort, mais ils étaient partis maintenant. Un souffle de vent vint secouer mes cheveux blonds.

-CHARLIE !

Je fis volte-face. Le voilà, mon moment heureux. La source de mon courage. Je pensai fort à lui, à son soutien entêté, à ses farces et nos disputes. Je pensai aux piques qu'il me lançait, à celles que je rendais.

-Expecto Patronum !

Un filet bleu jaillit de ma baguette. Un dauphin se matérialisa devant moi, et soudain, son pouvoir s'étendit. Mes poursuivants, ces détraquées du monde, ces dévoreurs de vie, ne purent avancer plus. Je sentis une présence derrière moi et vit Luke, essoufflé. Il me fit signé de me rapprocher et chuchota :

-Bien joué Malefoy.

-Et maintenant, James ?

-L'Amérique, nous voilà.

Il produisit un deuxième Patronus qui nous suivit, tandis que le mien tenait à l'écart la plus grande partie des détraqueurs. Nous rejoignîmes un... ami à Luke, qui lui devait surtout un service depuis que Luke avait usé du pouvoir de son père pour le sortir de prison.

-Vous êtes en retard, marmonna-t-il.

-Et tu aurais été en retard ici si je t'avais laissé là où tu étais. Ne commence pas.

L'ami ne se le fit pas dire deux fois. Luke me prit la main et la retira aussitôt :

-Ta main est glacée, s'étonna-t-il.

-Je pense qu'après trois jours dans le froid de novembre, c'est la moindre des choses...

Il secoua la tête. J'étais devenue légèrement sarcastique depuis mon départ. Je faisais parfois des sourires faux, des remarques ironiques, mais rien n'agaçait Luke. Je ne le remercierais jamais assez pour ça, pour tout. Pour son aide, son soutien, son rire qui, seul, me redonnait du courage dans certains moments. Pour son courage contagieux, ses idées folles et risquées.

Je découvrais un nouveau Luke, qui pendant des années, m'avait été caché. Il avait toujours réponse à tout, était toujours aussi beau-parleur (et beau tout court, mais plutôt mourir que le lui avouer), mais d'autres qualités apparaissaient chez lui.

Notre plan avait été préparé durant les trois nuits sans sommeil que nous venions de vivre. La première, celle de ma fuite, avait été la plus dure à supporter. Quitter mes parents et le monde de la légalité est plus difficile quand on a conscience de le faire. Le premier jour, nous n'avions personne à nos trousses. Le ministère venait me chercher à Londres tandis que nous avions quitté la ville. Avait suivi une dernière nuit de tranquillité. Le matin, les aurors étaient sur nos traces, le soir tombé, ce furent les détraqueurs. Ils ne nous avaient pas lâchés de toute la nuit.

Mes yeux se fermaient, je sentais la fatigue s'insinuer en moi. Luke me tendit un objet, et comme je ne le prenais pas, il mit sa veste sur mes épaules lui-même.

-Dernière ligne droite, Charlie.

J'eus un faible sourire. Luke me prit la main, sans retirer la sienne cette fois, et donna son autre main à son ami. Celui-ci transplana.

Luke et moi ne pouvions le faire, toutes traces de magie que nous produisions étaient suivies. Si nous voulions disparaître, il nous fallait un allié.

Quand mes pieds touchèrent le sol à nouveau, l'atmosphère avait changée. Elle était plus chaleureuse. Nous étions dans une sorte de centre commercial, idéal pour se fondre dans la masse, moins pour apparaître en discrétion. Mais le coin sombre qu'il avait choisi s'avéra parfait. Déjà, notre allié tournait les talons. Je voulus le héler :

-Euh... C'est quoi son nom ?

-Léon, répondit Luke.

-Léon !

Celui-ci se retourna. Il disparaissait presque parmi la foule.

-Merci.

Il marmonna quelques paroles intelligibles, mais afficha un sourire reconnaissant.

Je me tournai vers Luke. Il recoiffait ses cheveux noirs, et je fronçais les sourcils.

-Quoi ?

-Rien, rien...

Je souriais et m'avançai vers la sortie. L'air frais nous percuta.

-Bienvenue à Portland, soufflai-je.

-Bienvenue à la maison, Charlie, dit Luke en exprimant parfaitement ce que je ressentais.

J'étais chez moi.

Le soleil commençait à monter dans le ciel. Il devait être environ onze heures. J'affichais à la fois un sourire nostalgique, une crainte d'être découverte, une peur de revoir des connaissances. Luke semblait, lui, ravi. Nous marchions depuis quelques minutes pour trouver un hôtel où se réfugier, aller à mon ancien appartement étant trop risqué.

Luke avait été sceptique quand je lui avais annoncé :

« Très bien. C'est ensemble ou ce n'est rien. Mais si c'est ensemble, c'est à ma manière. »

J'avais ensuite demandé à retourner à Portland. Trop risqué, trop évident, avait pensé Luke. Et il ne s'était pas gêné pour me le signaler...

Un hôtel apparut devant nos yeux, Luke me fit signe d'y entrer. Il s'approcha de la réception et revint quelques minutes plus tard avec la clé d'une chambre. Ce n'était pas le grand luxe : un lit, une salle de bains, un peu de poussière. Ce n'était pas l'enfer non plus, juste le nécessaire.

Mon regard dans le vague interpella le jeune homme :

-Eh, Charlie. Tu t'inquiètes trop...

-Oh, pardon, répondis-je sans contrôler le sarcasme dans ma voix. Mais je t'en prie, dis-moi comment je dois me sentir, tu dois avoir plus d'expérience en fuite que moi ?

Il me fixa tristement.

-Non, je... Tu crois que c'est plus facile pour moi ? Tu réfléchis à ce que j'ai laissé pour toi, il y a trois jours ?

Je m'emportai :

-Je ne t'ai jamais demandé de faire ça ! Ne me tiens pas responsable ! Je voulais fuir, je l'ai fait, tu m'as suivi, et ce n'est pas ma faute !

-Mais tu n'y penses même pas ! Tu ne penses jamais aux autres !

J'étais égoïste ? Je n'avais pas demandé à ce qu'il vienne, et avant d'accepter, j'avais catégoriquement refusé !

-J'y pense tout le temps ! criai-je avec une voix surprise.

-Non ! Jamais !

Je ne sus quoi répondre, de quoi parlait-il ? Luke me regarda, attendant probablement une réponse. Je restai figée, et il sortit de la chambre les lèvres serrées et secouant la tête.

Mon regard se porta sur le livre qu'il laissa derrière lui. Je finis par le saisir, ne sachant quoi faire d'autre, et je me replongeai une nouvelle fois dans l'histoire de Drago Malefoy et Hermione Granger.

CHARLIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant