18. Lana

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La fête bat son plein, les étudiants s'entassent sur la piste improvisée au milieu de notre salon. La musique sort des enceintes des gros baffes faisant remuer les corps les uns contre les autres. Pour ma part, je suis assise dans le canapé avec Charline d'un côté et Tristan de l'autre qui tient Phoebe sur ses genoux en l'embrassant à en perdre son souffle. On dirait que leur vie tient dans ce baiser. Franchement, j'ai vraiment envie de leur dire qu'il y a des chambres à l'étage. Chose qu'ils savent puisqu'ils vivent ici mais ils donnent l'impression d'avoir oublié ce détail.

Qu'ils pensent aux célèbres célibataires qui les entourent, dont moi...

Pour cette grosse soirée qui célèbre la victoire de notre équipe, je me suis autorisé à boire une bière et Charline en fait de même. Bon, c'est sûr qu'on n'a pas l'air aussi cool que les autres avec notre bière presque pas alcoolisée et fruitée mais on s'en fout un peu parce que au moins, on ne ressemble pas à n'importe quoi et nous sommes maîtres de nos actes. Sans jugement, bien entendu. Ils font ce qu'ils veulent, s'ils savent se gérer, c'est le principal. S'ils connaissent leur limite, c'est bien aussi.

- Tu veux manger quelque chose ? me crie Charline dans les oreilles, me faisant sursauter.

- Oui, je veux bien. Attends, je vais t'accompagner. J'en ai marre des roulages de pelle, lui répondais-je en lui emboîtant le pas jusqu'à la cuisine.

Le trajet fut court mais très serré et très compliqué avec tous les corps qui se sont collés contre le nôtre. C'est toujours très désagréable ce genre de contact pour ma part, je n'aime pas trop être confiné et collé à des inconnus. C'est pour ça que j'évite – quand je le peux – les soirées trop importantes parce que je sais que des corps vont me coller quoi qu'il arrive.

Une fois près de l'îlot central de notre cuisine, j'attrape un gobelet encore dans son emballage et ouvre une bouteille de soda. Une bière pour l'instant c'est largement suffisant, je ne suis pas une alcoolique et je ne le serais jamais. Faire des trucs complètement débiles et qui font rire les autres, ce n'est vraiment pas mon délire. La discrétion et les idées claires, c'est très bien et ça me va parfaitement bien. Sauf quand je vivais à Miami et que je m'éclatais avec Louise, une amie à qui je n'ai même pas dit au revoir.

Quand mon gobelet est rempli, je me tourne vers Charline pour lui demander si elle veut boire quelque chose avant de s'attaquer à la nourriture. Elle me répond par l'affirmative avant de se diriger vers le frigo et de l'ouvrir en grand pour y prendre deux-trois petites pâtisseries qu'on a faite tout à l'heure. Si personne ne veut en manger, ça en fera plus pour nous. Mais c'est bien dommage, ils ratent quelque chose parce qu'on les a faite avec amour.

Charline me fait un signe de tête vers la porte qui mène au jardin, me demandant ainsi de la rejoindre dehors. J'acquiesce et essaie du mieux que je peux de me frayer un chemin vers la porte. Malheureusement pour moi, je suis tellement pressé de retrouver un peu d'air que je fonce dans un torse et que je renverse un peu de mon soda sur son t-shirt. Je bafouille des excuses avant de relever la tête pour voir qui est la personne.

Dès que mes yeux croisent les siens, je reconnais directement le regard de mon cher coloc. Je m'attends à ce qu'il me fasse une de ces remarques débiles mais non, il reste relativement calme sauf que son regard me détaille de haut en bas en s'attardant sur mes jambes nues. En début de soirée, pour le match, je portais un pantalon et un sweat-shirt mais en rentrant je me suis changé pour enfiler une jupe noire m'arrivant légèrement au-dessus des genoux dans laquelle j'ai rentré un t-shirt gris clair. Mes chaussures blanches enfilées aux pieds, je me sens vraiment bien dans ma tenue. Pour une fois.

Le regard d'Ethan ne me quitte pas, mes joues prennent une couleur cramoisie et une chaleur envahit mon corps. Des sens qui ne s'étaient jamais révélés auparavant se réveillent aujourd'hui face à cet individu qu'est mon colocataire. Ethan se penche en avant, ses lèvres viennent frôler mon oreille et me font tressaillir. Une de ses mains vient se glisser le long de ma hanche, son haleine s'échoue contre la peau de mon cou, je peux sentir une légère odeur d'alcool. Je sais alors que tout ce qu'il dira ce soir est sous l'effet de l'alcool et que je ne devrais pas en tenir compte parce qu'il ne croira aucun des mots qu'il va dire.

An endless fightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant