34. Lana

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Je souffle, continuant de ranger mes dernières affaires avant de me retourner et de lui faire face. Je n'y arriverai pas ! Ses yeux me fixent d'une telle intensité que c'en est perturbant. Son torse est dépourvu de tissus, dévoilant ses abdos à mes yeux. Je ne m'en plains pas, loin de là. J'essaie tant bien que mal de dériver mon regard mais c'est compliqué. Très compliqué.

- J'allais encore te dire que je suis désolé mais ce serait déplacé, continue-t-il en s'éloignant de moi, sa voix ayant perdue en intensité.

Comme je me sens soudainement étourdie, je décide de m'asseoir sur le bord du lit, fixant mon regard sur mes pieds qui sont devenus beaucoup plus intéressant d'un seul coup. Même si je déteste ça.

- Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... si, en fait ! se reprend-il d'une voix sûre. Putain, je suis con ! Je voulais t'aider, que tu ailles mieux. Te voir tous les jours avec la mine triste, ça m'a rendu fou. J'avais envie de t'aider alors, j'ai choisi la solution la plus simple sans même t'en parler. Enfin, j'allais t'en parler mais je ne savais quel était le bon moment, tu vois ?

Voilà ce que je redoutais le plus en venant dans une fraternité, c'est que quelqu'un s'intéresse trop à moi et décide de m'aider sans même m'en parler. J'aurais dû prendre un appartement, j'aurais vraiment dû. Mais, ma mère aurait compris quelque chose et ne m'aurais pas laissé venir ici, seule. Vivre une indépendance très inconnue. Je suis sûre qu'elle aurait tout fait pour que je reste à Miami. Avec elle, sans être seule.

- Je ressens tellement de chose à ton égard que ça m'a fait peur ! Je n'ai jamais ressenti des émotions, des sentiments pour une fille. Pour moi, c'était je tire mon coup et basta mais depuis que tu t'es mises en travers de mon chemin, je n'ai plus de pensées cohérentes. Mon esprit ne retient qu'un visage et qu'un nom. Le tien. Il retient chaque forme de ton corps, chaque trait de ton visage. Chaque putain de sons que tu produis : tes rires, tes gémissements, tout ce qui peut exister qui sort de ta fine bouche. Peu importe ce que tu fais, mon esprit le retient, inconsciemment. Je n'ai jamais connu ça, c'est tellement perturbant que je ne sais pas comment faire. Je ne peux pas te dire que je t'aime, c'est beaucoup trop rapide. Beaucoup trop soudain pour quelqu'un comme moi qui n'ai jamais eu de vraie petite amie.

Je le regarde, la bouche entrouverte. Je ne sais pas si je respire encore, si mon système intérieur fonctionne encore. Est-ce que je vis encore ? Aucune idée, je suis sûrement dans un rêve. C'est totalement impossible que Ethan se confie de cette façon si... soudaine ? Sentimentale ? Impossible pour moi d'avoir des idées cohérentes tellement ses mots me touchent. Je le comprends, je sais pourquoi il a fait ça. Je ne lui en veux plus même si mon esprit me crie de lui en vouloir encore un peu mais un mois, c'est beaucoup trop long pourquoi quelque chose d'aussi futile. Enfin, pour les autres, c'est futile.

Me relevant, je sens mes genoux tremblés sous mon poids – beaucoup trop mince désormais – et m'approche de lui pour poser ma main sur sa joue, nos yeux ancrés l'un dans l'autre. Son corps se tend sous mon toucher, puis se détend. Il s'attendait peut-être à ce que je lui foute une gifle – bien que ce ne soit pas dans ma nature, cette pensée m'a traversé l'esprit il y a un mois. Je vous jure, je me suis retenu de venir lui en mettre une à plusieurs reprises. Mais là, il n'est pas question du passé mais d'un avenir qui pourrait me tendre les bras. Qui pourrait nous tendre les bras.

- Je ne t'en veux plus même si j'en ai encore envie parce que...

Ma voix se brise sans que je ne le veuille, trop émue par les mots si durs à prononcer, pour moi.

- ... ce que tu as fait pour moi, c'est la preuve qu'il y a des personnes dans ce monde de fous qui pensent au bien-être des autres. Tu m'as brisé le cœur, littéralement. Oui, tu as été sur le podium comme les autres personnes qui m'ont fait du mal, je ne pourrais sans doute pas l'oublier tout de suite, il me faudra du temps mais je suis prête à m'ouvrir davantage à toi. Tu as été celui qui en très peu de temps m'a poussée dans mes retranchements, me poussant à combattre mon corps contre mes envies.

An endless fightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant