An endless fight

10. Lana

La douceur et la fraîcheur m'entourent, mon corps se repose sur un petit nuage. À chaque foulée, je me sens libre comme l'air. À chaque effort, je sens mes muscles se tendre de douleur. À chaque souffle, je me sens partir un peu plus. Un peu plus profondément. À chaque pensée, je me souviens du pourquoi je cours alors que cela faisait quelques mois que je n'avais pas fait ça. Parce que j'avais perdu le goût à la course à pied.

Je cours à cause du message de mon père. D'ailleurs, je ne lui ai toujours pas répondu. J'ai rangé mon téléphone et mes pas m'ont guidée jusqu'à la voiture d'Ethan sans que je comprenne ce qu'il me dise. Je sais qu'on se taquinait mais après, je ne sais pas vraiment s'il a continué de parler ou de me taquiner. Ou s'il n'a rien fait tout court. Mes souvenirs ont afflué comme jamais ils ne l'ont fait, j'ai de suite perdu la joie que j'avais ressentie en début d'après-midi. Il a fallu un message me rappelant ma tristesse et ma baisse de moral pour que je retombe encore plus bas et que j'utilise la course pour m'échapper de mes mauvais souvenirs même s'il y en a eu des bons.

Des bons que j'ai changés en mauvais...

Alors, depuis plus d'une demi-heure, je cours dans le quartier. Je crois que je tourne en rond comme je pense être perdue. J'avoue que je n'ai pas fait attention où j'allais ni à l'heure d'ailleurs car le soleil commence à se coucher tout doucement. M'arrêtant net, j'attrape mon téléphone et regarde l'heure. 20h30. Ils doivent sûrement manger à la fraternité ou si ce n'est pas le cas, ils se font sans doute une partie de billard pendant que moi, je reste à part des autres pour me plonger dans mes peines ce qui est une très mauvaise idée parce que là, je n'ai qu'une envie : pleurer toutes les larmes de mon corps à cause des souvenirs trop douleurs.

Merde, vais-je réussir à passer au-dessus de ça un jour ?

Je veux oublier tout le mal que j'ai ressenti, toute la douleur qui m'a comprimé le cœur, l'esprit. J'aimerais tellement effacer mon passé et en créer un nouveau un peu plus joyeux. En fait, je sais qu'on n'efface pas le passé mais on peut modifier notre avenir, notre présent. C'est une phrase que je me dis assez souvent même si j'ai encore beaucoup de remords face à mon passé.

Parfois, je me dis que j'aurais dû faire les choses différemment. Si j'avais été moins protectrice, peut-être qu'elle aurait encore une part importante dans ma vie. Si j'avais essayé de faire des efforts, nous n'en serions pas là. Si on s'était expliqué calmement, on aurait pu régler nos soucis et aller de l'avant. Mais avec des « si » justement, on referait tout le monde ce qui est une chose impossible.

Aujourd'hui, il est temps pour moi d'aller de l'avant. C'est pour ça que j'ai commencé à écrire mon histoire, à quitter ma ville natale. Il fallait que je change d'environnement, que je découvre d'autres choses. D'autres personnes, aussi. D'où le fait que j'ai choisi de vivre dans une fraternité même si je ne m'attendais pas à tomber dans la même chambre du garçon le plus sexy que j'ai connu.

Ethan est plus beau, plus sexy que mon ex-petit copain. Il n'a pas cet air prétentieux sûr de lui, il n'a pas de préjugés face à tout ce que je fais. Enfin, c'est ce que je pense. C'est ce qu'il dégage. Et enfin, Ethan semble vivre comme bon lui semble alors que mon ex avait presque un planning pour ces six prochaines années. Planning dont je ne faisais pas partie c'est pour ça que j'ai rompu. Mais aussi pour une autre raison. Il voulait absolument aller à Harvard alors que ce n'était clairement pas une école qui m'attirait. Là-dessus, son choix était fait et il ne voulait pas revenir sur sa décision.

Ensuite, il avait prévu de faire des voyages un peu partout dans le monde, ce que je ne voulais pas. Et enfin, mon ex ne voulait absolument pas d'enfants. Je sais qu'à ce moment-là nous étions jeunes pour savoir ce que nous voulions mais il était très catégorique sur ce coup et comme j'ai toujours voulu des enfants, nos choix étaient en désaccord. Pourtant, malgré son tempérament de bad boy, ça aurait pu être quelqu'un de bon. Il se souciait toujours de ses amis. Malheureusement, ça lui arrivait d'être égoïste sur les bords.