An endless fight

40. Ethan

Nous sommes en route vers mon ancien chez moi. J'ai dû porter Lana pour l'emmener dans la voiture, elle est toujours dans une phase dépressive sauf qu'aujourd'hui, elle semble tout de même aller mieux. Mais ce n'est pas le top. Je pense que ça ne le sera jamais si elle ne comprend ce qui lui arrive. Elle ne mange toujours pas énormément et elle reste toujours au lit, nue ou habillée. Ça dépend vraiment de ses humeurs. Cependant, elle arrive à communiquer légère et, qu'avec moi. C'est déjà un bon début mais ce n'est pas top.

Lorsque je me gare devant la maison de mon enfance, j'enlève la clé du contact et me tourne vers Lana pour voir sa réaction. Je ne sais pas si elle se souvient qu'elle avait rendez-vous aujourd'hui avec ma sœur. Elle me l'avait dit le lendemain de la fête de fiançailles, avant qu'elle tombe dans sa phase maniaco-dépressive, comme on l'appelle chez les bipolaires. Et heureusement qu'elle me l'avait dit sinon, nous ne serions pas là aujourd'hui et c'est sûrement ma sœur qui m'aurait contacté pour savoir si Lana n'avait pas oublié un rendez-vous dont je n'aurais pas eu connaissance. Mes yeux parcourent son corps habillé d'un training gris foncé, de ses baskets blanches et de mon pull noir. Ses cheveux sont relevés en un chignon décoiffé, des mèches partant un peu dans tous les sens. Ce n'est pas la meilleure des façons de s'habiller pour venir à ce genre de rendez-vous mais il était hors de questions qu'elle porte des vêtements dans lesquels elle n'aurait pas été à l'aise.

Passant mon pouce le long de sa joue, je note qu'elle cligne des yeux avant de se tourner vers moi. Ses pupilles sont dilatées, pas énormément mais elles le sont. Ses yeux sont rouges, marque montrant qu'elle a pleuré ce matin avant de partir. Elle me murmurait qu'elle ne se sentait pas bien, qu'elle voulait rester au lit et que personne ne devait voir qu'elle avait pris du poids. Qu'elle se trouvait grosse. Alors qu'au contraire, elle a maigri de presque trois kilos, je dirais. Elle me suppliait presque de ne pas la quitter, de ne pas bouger de notre chambre.

- Bébé, tu es prête à voir ma sœur ?

Lana détourne le regard et la pose sur ma maison, ma sœur debout les bras croisés contre sa poitrine, regardant dans notre direction. Jusqu'à ce que Lana tourne la tête, je n'avais pas vu que Sabrina était là. Je ne lui ai pas dit pour la phase maniaco-dépressive que vit Lana actuellement, je préfère attendre d'être en face à face avec elle pour lui dire. Et encore, je ne suis pas sûr qu'elle soit dans ce genre de phase. Je ne suis même pas sûr qu'elle soit bipolaire.

- Bébé, l'appelais-je à nouveau pour essayer de capter son attention.

Elle tourne son regard vers moi, ses yeux faisant des allers-retours entre mes yeux et ma bouche. Je ne sais pas à quoi elle pense mais je sais qu'elle n'a envie de rien. Son regard en dit peut-être long mais ces gestes prouvent qu'elle veut simplement retourner à la fraternité et se recoucher dans le lit en attendant que ça passe. C'est ce qu'elle croit, que ça passera. Sauf que non. Elle doit faire des efforts et essaie de passer outre cette phase de dépression. Elle doit trouver la force de se relever, d'oublier et d'aller de l'avant. Je sais que ça paraît facile quand on le dit mais en fait, c'est une vraie épreuve.

- Lana, dis-je un peu plus durement afin qu'elle me réponde.

Ses yeux s'arrêtent enfin aux miens mais la lueur qui s'y reflète me prouve qu'elle est perdue.

- Je veux... je veux rentrer, Ethan. Tu... je ne me sens pas bien, je ne suis pas présentable. Je suis trop... grosse, moche...

- Arrête tout de suite, la coupais-je en gardant le contact de mes yeux dans les siens. Arrête de penser ça, arrête d'avoir aussi peu d'estime de toi. S'il te plaît, bébé, écoute et crois-moi.

Lana secoue négativement la tête, des larmes commençant à perler au coin de ses yeux. J'approche mon pouce de ses yeux et recueille ses petites perles d'eau d'une caresse. J'essaie de l'apaiser, de lui montrer que je suis là pour elle. Avec elle.