49. Lana

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Quatre mois plus tard, avril...

Je suis en dépression, énervée jusqu'à la moelle et j'ai des envies de meurtre. Je vous rassure tout de suite, ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé il y a des mois. Non, aujourd'hui, j'ai envie de tuer Ethan parce qu'il a oublié mon anniversaire. Ce matin, il s'est réveillé comme s'il n'y avait rien. Comme une fleur. Pas un joyeux anniversaire, pas un sourire. Pas de sourire, ça dure depuis une semaine. Il est de plus en plus distant, sur la réserve.

- C'est définitif, je le déteste ! râlais-je contre Charline qui subit mes excès de colère depuis une dizaine de minutes. Je ne veux plus entendre parler de lui, vivre avec lui et coucher avec lui ! Stop, j'arrête tout !

Je rabats ma couverture – notre couverture, à Ethan et moi – sur le haut de ma tête, le seul membre qui est à vu. Charline me regarde avec un sourire en coin, le regard confiant et amicale. Depuis que nous sommes revenus de Miami – il y a de ça quelques mois maintenant – j'ai décidé de laisser une chance entre l'amitié et moi et je ne regrette pas. Charline est la personne dont je suis la plus proche. Avec le temps, de nombreuses discussions et des rigolades explosives, je suis fière de dire que j'ai retrouvé UNE amie. Celle qu'on n'a pas envie d'abandonner, de laisser tomber parce qu'elle est en or.

Charline, elle est celle qui m'a réconciliée avec l'amitié, il n'y a rien à dire sur ça. Elle a été d'une grande gentillesse, très à l'écoute et elle ne m'a pas critiqué quand je lui ai tout raconté. Elle m'a comprise parce qu'elle aussi, elle n'a jamais eu de belles amitiés. Toutes les deux, nous avons peur. Peur d'être une nouvelle fois abandonner, laisser au rang de fille devenue inutile. Ensemble, nous construisons notre propre amitié et nous avançons au fil des jours. C'est sûrement bizarre dit comme ça mais c'est ainsi. Parce que nous sommes ainsi.

Entre nous, il n'y a aucune manière. On se lâche, nous sommes nous-même et c'est le principal. C'est pour cette raison que j'ai espoir en une très longue et éternelle amitié. Parce que nous ne cherchons pas l'amitié parfaite, nous sommes l'amitié imparfaite. Nous ne sommes pas d'accord sur tout, nos goûts sont très différents mais par-dessus, nous nous comprenons et nous nous entraidons. C'est ça qui fait la base de notre amitié et ce sont nos mots, nos encouragements, nos actes qui font le reste... de cette splendide amitié.

- Lana, tu t'énerves pour rien ! rigole Charline en tirant la couette vers elle pour me découvrir. Il a peut-être oublié, il a sûrement quelque chose d'autre en tête de très important...

- Qu'est-ce qui peut être plus important que l'anniversaire de sa petite amie ? la coupais-je en me redressant d'un bon. Bon Dieu, je vais lui couper les noix !

- Bon sang, laisse ce pauvre garçon tranquille et avec tous ses membres, Lana ! Et merde quoi, lève-toi, tu pues le rhinocéros. Voilà pourquoi il est distant avec toi, tu pues !

Je redresse mes bras et me sens aux aisselles. Je sais, ce n'est pas très glamour mais j'en ai marre de toutes ces stars plates et qui sentent la rose. Comme si elle ne pétait jamais ! J'en ai marre de tous ces stéréotypes, celui où la femme prend parfaitement soin d'elle. Les ami(e)s, je dois vous faire une confidence : ça fait deux semaines que je ne me suis pas rasé les jambes. Résultat, c'est bientôt la forêt dessus. Mais vous savez quoi ? Dans cette fraternité, personne ne se plaint que les filles se baladent en short avec des poils sur les jambes et des tops où on peut apercevoir nos poils sous nos bras. Bon par contre, Charline exagère en me disant que je pue : je me lave tous les jours, quand même ! Surtout, ne doutez pas de mon hygiène ! Je suis propre, mes vêtements sont lavés tous les week-end et ils sentent tous très bons.

Nouvelle confidence, surtout à toutes celles et ceux qui ont la même chose que moi : n'ayez pas honte de vos plaques. Je parle de l'eczéma. Nous n'avons pas tous la même peau, nous ne sommes en aucun cas parfaits. L'eczéma, c'est rien. C'est juste votre peau qui est fragile et qui refuse tous ses produits chimiques. Je vis avec ça depuis toutes petites, ça n'a jamais été facile. Pas pour les autres, pour moi. Se gratter parce que ça démange horriblement, c'est tout à fait compréhensible. Aujourd'hui, j'ai donc dix-neuf ans et je vis encore avec ça. Sauf qu'avant, c'était dans les plis. Aujourd'hui, c'est sur ma poitrine. Au début, c'est dérangeant. Un peu moche mais au final, ça constitue la personne que nous sommes.

An endless fightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant