An endless fight

46. Lana

Lorsque je reviens à l'appartement, ce sont des rires qui viennent m'accueillir. Et je comprends que ma mère et mon copain ont été rejoint par ma sœur, cette fouineuse qui va me poser des questions sur Ethan et sur mes yeux rouges. Je sais que je passerai par cette case, je souhaite que ce ne soit pas aujourd'hui ni demain. Ni un autre jour. Au fond de moi, j'aimerais qu'elle reste discrète et qu'elle me laisse mon petit jardin secret. En ce moment, j'ai vraiment besoin de garder des choses pour moi et de ne plus étaler ma vie à tout le monde. Traversant l'entrée, je rejoins le salon où ma mère parle avec Ethan, un verre d'eau en face d'elle. Ils semblent avoir une discussion assez animée si j'en vois le sourire que porte ma mère sur son visage. Et puis, mes yeux se posent sur ma sœur qui est assise en bout de table, ne disant rien mais regardant les moindres faits et gestes que fait Ethan. Elle doit sûrement se demande si c'est un homme bien pour moi, protectrice comme elle est.

- Salut, la compagnie, dis-je en essayant de masquer ma tristesse qui s'est réfugiée dans ma voix.

Je m'approche d'Ethan, tire la chaise qui se trouve à côté de la sienne et m'assois dessus en posant ma main sur la cuisse de l'homme qui m'aide depuis quelque temps, mon visage tourné dans sa direction pour chercher son regard. Pour lui exprimer à travers mes traits toute la tristesse et le bien-être qui m'occupent dès à présent. Maintenant que je me sens libéré d'un poids qui n'aurait jamais dû en être un. Jamais !

- Commet ça s'est passé ? me demande ma mère en me regardant tendrement.

Je détourne mon regard de celui d'Ethan et la regarde avant de répondre :

- C'est comme si j'avais parlé à un mur mais je me sens mieux maintenant. Un poids en moins même si j'avais espéré que ce jour ne viendrait pas, dis-je dans un souffle. Je suis à la fois triste et heureuse. Triste parce que je viens sûrement de couper les ponts avec mon père et heureuse parce que je me sens bien, moins en colère. Plus... libre.

Lorsque j'ose vraiment la regarder droit dans les yeux, ma mère arbore un sourire triste et une larme roule le long de sa joue. Je sais qu'elle est triste, je l'ai peut-être déçu et je sais qu'elle va mal vivre le fait que je vais m'éloigner d'eux mais j'en ai besoin. J'ai besoin de cette liberté, de cette indépendance que je cherche depuis tant de temps. Aujourd'hui, j'ai cette opportunité et je compte la saisir mais avant tout, j'ai besoin d'aller voir quelqu'un d'autre.

- Je sais que ça te rend triste, maman, murmurais-je en serrant la main d'Ethan qui vient de se glisser dans la mienne. Et je suis moi aussi triste de devoir faire ça mais j'ai besoin d'aller mieux et de ne plus être en colère. Je l'aime, mon père, mais je ne peux pas vivre comme ça parce que je n'avancerais jamais ! Je ferais toujours en sorte de venir vous voir, de vous donner des nouvelles aussi souvent que possible mais j'ai besoin de changer d'air. J'espère que tu comprends...

- Je comprends tout à fait c'est juste que, ça me fait du mal de devoir vivre ce genre de situation. Tu es tellement jeune et tu quittes déjà la maison familiale, ça fait bizarre.

D'un simple geste, elle essuie l'unique larme qui roule sur sa joue avant de regarder le verre devant elle et de le serrer entre ses mains. Ma sœur pose une main tendre dans le dos de notre mère et la rassure en le caressant de haut en bas, lui murmurant des mots réconfortants. Au fond de moi, je suis rassuré que ma grande sœur soit encore là et qu'elle puisse encore être au côté de notre mère. Le point positif, c'est qu'elle, elle reste à Miami. Moi, je pars carrément de Miami pour aller me créer une nouvelle vie plus paisible. Cette situation est si ironique, je n'aurai jamais cru que la petite sœur quitte le nid familial avant la grande sœur.

- Maman, dis-je en essayant de trouver son regard. J'aimerais aller sur sa tombe, ça ne te dérange pas que j'y aille avec Ethan ?

- Non, bien sûr. Depuis quand tu as décidé d'aller sur sa tombe ?