31. Ethan

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J'ai eu la preuve que le paradis existait en découvrant les sentiments que je ressentais envers Lana, la nuit où nous avons couché ensemble. Je ne pensais pas qu'il existait, je n'y croyais plus. Mais une chose me frappe. Une chose terrible. Si le paradis existe, l'enfer aussi. En effet, il est bien là et il est dans ma vie depuis un mois. Un putain de mois ! J'essaie de ne pas être pris de remords mais c'est impossible. Je m'en veux tous les jours, toutes les nuits à tel point que j'ai enchaîné les insomnies.

Lana a décidé de quitter la chambre, elle dort avec Charline. Rackel a alors trouvé l'occasion d'aller dans la même chambre que Dean qui a viré Austin de la sienne, sans délicatesse. Du coup, je ne dors plus avec un corps de rêve à mes côtés mais avec une baleine échouée. Austin dort sur le ventre, faisant des bruits bizarres et il ronfle de temps en temps. Tout ça, ce n'est pas sexy par rapport à ce que j'étais habitué de voir. D'entendre. Non, avant, j'avais la tête d'ange de Lana posé contre mon torse, un bras passé autour de ses épaules.

Lana me manque, sa présence me manque. Ses baisers. Son rire. Sa chaleur corporelle. Tout chez elle me manque. Même sa personnalité me manque. J'ai essayé de me faire pardonner, d'aller lui parler sauf qu'elle refuse de me voir. Quand je me réveille, elle ne déjeune pas. En cours, elle est au fond de la salle. Aux entraînements de football américain, elle ne vient plus. À la fraternité, elle ne fait plus d'apparition quand je suis dans les parages. Depuis un mois, je l'ai peut-être croisé quatre-cinq fois, pas plus. En voiture, elle va avec Tristan. Et moi, je me coltine Dean qui me fait la morale et Charline qui s'y est mise aussi. Ça en devient épouvantable mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Oui, j'ai merdé. Oui, je n'aurais pas dû me mêler de sa vie. Je voulais l'aider, je voulais seulement faire ça. Je ressens des choses pour elle que je n'ai jamais ressenti pour personne. Aucune fille ne m'a rendu comme je suis maintenant. Heureux. Putain, oui, je suis heureux. Et maintenant, je me sens malheureux. Elle n'est plus là, elle ne rigole plus quand je l'embête. Non, elle n'est plus près de moi. Ça me manque de ne plus la voir, je veux lui parler et m'expliquer. Et c'est ce que je compte faire. Mais d'abord, il faut que je retourne voir ma sœur pour savoir si elle a su prendre contact avec Lana. Après une semaine, j'avais décidé d'envoyer un message à Sabrina pour qu'elle prenne contact avec Lana. Depuis, plus de nouvelle. Silence total.

À peine suis-je levé que j'enfile déjà mes vêtements. Je ne vais pas en cours, je préfère savoir comment je peux me rapprocher de Lana. Lorsque je sors de la chambre, mes yeux croisent ceux de Lana qui entre dans celle de Charline. Pendant des secondes qui semblent durer une éternité, plus aucun de nous deux ne bouge. Moi, je ne sais pas quoi faire. Et elle, je crois qu'elle se bat contre ses démons intérieurs. Ses émotions contradictoires. Ses yeux rouges et fatigués me fixent, cherchent quelque chose dans mon regard. J'essaie de lui faire comprendre que je suis désolé, que je veux juste lui parler. Il faut qu'elle me pardonne, qu'elle me laisse m'expliquer. Il le faut.

Soudain, une idée me frappe de plein fouet. Et si, elle venait avec moi. On n'a plus parlé ensemble depuis un mois mais peut-être que je peux toujours lui proposer. Peut-être que sur le trajet, nous pourrions nous expliquer. Enfin, je pourrais m'expliquer parce qu'elle semble déterminer à garder le silence lorsque je suis là. J'ai vraiment besoin de retrouver ce lien si précieux que nous avions développé en très peu de temps. C'est peut-être pour ça qu'elle a pris autant de distance, parce que notre « relation » était trop rapide et soudaine.

- Lana, murmurais-je assez fort pour qu'elle m'entende.

Sauf qu'une fois que ma voix lui parvient aux oreilles, elle détourne les yeux et entre dans la chambre. Je m'approche et tente d'appuyer sur la poignée, c'est fermée à clé. Merde ! Je pose mon front contre la porte et soupire, fermant les yeux et posant ma main près de ma tête.

An endless fightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant