An endless fight

5. Lana

Non mais je rêve !

Même pas quelques heures que je suis là, que je fais ma première soirée et je me retrouve enfermer dans ma propre salle de bain parce que mon cher coloc a des envies sexuelles et qu'il ne peut pas faire ça ailleurs. Ou qu'il ne peut tout simplement pas se retenir un soir. Juste un soir. Ou encore, il ne peut simplement pas perdre cette habitude. Enfin, je ne voudrais pas non plus imposer mes règles à peine suis-je là.

Je tambourine contre la porte sans m'arrêter, mes poings commencent à me faire mal mais je ne m'arrête pas. Il est hors de question que je reste ici et que j'écoute ses ébats. Que je l'écoute prendre du plaisir. Mais malheureusement, à bout de forces, j'abandonne et me retourne pour me laisser glisser contre la porte. Heureusement, j'ai mon téléphone alors je vais pouvoir m'occuper même si je préférerais lire un bon livre sous la couette. Ou dormir, ça me ferait du bien.

Si j'avais eu le numéro d'une des filles, j'aurais pu les appeler mais ce n'est pas le cas. Quand mes fesses touchent le sol carrelé, je laisse un souffle m'échapper. La petite fenêtre de la salle de bain me donne une vue sur le ciel noir étoilé. C'est le moment pour moi et mes sentiments de se laisser aller. C'est le moment où mes larmes peuvent quitter mon corps, où elles peuvent glisser sans qu'elle ne me voie. J'attends toujours la nuit comme ça je me dis qu'elle dort donc, elle ne voit pas mes larmes de lamentations et de frustrations coulées. Des larmes qu'elle ne mérite pas.

Peu à peu, dans mes larmes et ma tristesse, je me laisse aller à mon sommeil en glissant mon corps sur le carrelage. Parce que Morphée m'autorise trois à quatre nuits paisibles et que cette nuit semble être sans insomnies. Enfin, je l'espère de tout cœur !

***

Lorsque je me réveille, c'est la douceur des draps qui me tient chaud. Hier, je mettais endormi sur le carrelage et ce matin, je me retrouve dans le lit. Mon esprit ne se souvient plus à quel moment je me suis levée et que la porte s'est ouverte pour que je puisse aller dormir.

Je me retourne dans l'autre sens mais je regrette vite mon choix car mes yeux tombent sur le visage endormi d'Ethan, à quelques centimètres du mien. J'écarquille les yeux en le regardant quelques secondes. Ses sourcils sont froncés, sa bouche est entre-ouverte, laissant passer un léger souffle chaud. Ses lèvres légèrement rosées sont un appel à être embrassé. Doucement, je m'éloigne de lui pour empêcher mon corps de s'enflammer. Me retournant, je pose mes pieds au sol et me lève.

- Tu sais, commence une voix rauque dans mon dos, je suis peut-être beau mais je ne mords pas.

Instantanément, je me fige.

Merde !

- Pourquoi tu dis ça ?

Ma voix est à peine audible à cause de la honte de l'avoir regardé et de m'être faite prendre.

- Parce que tu t'es éloigné de moi comme si j'allais t'attaquer.

Ho, je vois. Attendez mais ça veut dire qu'il m'a sentie le regarder ?

Mon visage doit être rouge de honte. Sans perdre de temps et sans lui répondre, je m'enfuie dans la salle de bain sans oublier, cette fois-ci, de prendre la clé et de m'enfermer. Le souvenir d'hier soir me revient mais au lieu de m'énerver, je souris comme une idiote.

Il m'a enfermée et je souris, quelque chose ne tourne pas rond chez moi.

Pour oublier, j'enlève mes vêtements et je rentre dans la douche sans oublier d'allumer l'eau. Quand elle a une température assez chaude, je me glisse sous celle-ci. Mes cheveux commencent à se mouiller et à coller à ma peau naturellement pâle, la sensation de chaleur sur mon corps réussit à détendre mes muscles. L'eau balaie mes remords et emporte ma souffrance et ma peine. Elle enlève les crasses qui souillent mon âme et recouvre ma peau d'une nouvelle avant le retour de la mauvaise, de la dépressive. C'est une nouvelle journée alors on enfile un nouvel être. Je fonctionne comme ça maintenant. J'ai tenté de l'oublier en sortant, en me faisant de nouveaux amis mais elle est resté dans un coin de ma tête. Comme pour me rappeler tout ce qui s'est passé.