Chapitre 11 - La chute

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Il y avait un contraste presque douloureux entre le chaud et le froid du corps de Zoro. Ses muscles objectaient, chauds et fatigués par l’intensité de l’effort, et pourtant le froid glacial de l’étage 5 tiraillait sa peau.

Sa main s’enfonça dans la neige quand il se tint verticalement sur sa paume droite. Le vent était un peu moins frais dans la salle, mais il semblait déterminé à atteindre ses oreilles et son nez. Changeant rapidement de main dans les airs, il laissa un grognement grave sortir, plaçant sa main droite derrière son dos.

S’il se retrouvait bloqué dans le froid extrême, la meilleure façon d’éviter l’hypothermie était de ne pas s’arrêter de bouger pour conserver la chaleur de son corps. Zoro ne savait pas si c’était vraiment le cas, mais il passait le temps.

C’était bien. C’était bien. C’était comme nager au beau milieu de la neige. C’était de l’entraînement.

S’entraîner à supporter les températures extrêmes.

S’entraîner à ignorer la douleur.

Méditer.

Patience.

Zoro leva les yeux quand il reconnut le bruit bien trop familier des pas du cuisiner. Quand l’avait-il mémorisé ? Quand est-ce que ce bruit avait cessé d’être de mauvaise augure ?

En glissant ses mains hors de ses gants pour manier les clés plus habilement, Sanji lui sourit à travers les épais barreaux de métal.

« Hé, tête d’algue. Tu penses que le jour où tu vas arrêter de te perdre est enfin venu ? Il n’y avait aucune surveillance dans cette pièce, c’était le seul endroit où le cuisinier pouvait parler librement.

Sa voix était prudente, comme d’habitude, mais chaque jour elle se faisait plus amicale. Zoro fronça les sourcils, il ne voulait pas être ami avec le cuistot, il ne voulait même pas l’apprécier. Ça ne rendrait l’inévitable que plus difficile. Un jour viendra où son équipage viendra pour lui. Ce jour il devra sûrement le tuer pour s’échapper.

Non.

Roronoa Zoro n’avait pas le temps de s’attacher à ses ennemis.

Zoro se leva, observant le cuistot qui ouvrait la porte de la cellule. Pourquoi était-il ici ? Impel Down n’était pas un endroit pour lui. Il aurait posé la question, mais parler voudrait dire converser, converser pouvait dire s’attacher.

Retentant ses mots, il tendit les bras pour être enchaîné. Il aurait aimé qu’elles soient plus lourdes. Un poids en plus le rendrait plus fort. Il vit les mains pâles du cuisiner fermer le fer autour de ses poignets. Elles avaient l’air fortes, mais différentes des siennes.

Suivant les mains de Sanji des yeux, il les vit se glisser dans les gants à nouveau et tirer sur la chaîne entre les menottes nouvellement attachées. Zoro compara leurs mains dans son esprit. Celles de Sanji étaient plus douces, plus fines. Presque intactes. Les siennes étaient plus grosses et plus dures, couvertes de coupures, de cicatrice et de callosités.

–Bouge tête de mousse !

Zoro pouvait sentir la paume de Sanji sur son dos, évitant soigneusement de toucher les marques des coups de fouet du jour précédent. C’était une poussée amicale, presque comme une suggestion plutôt qu’une demande, complètement vide de malice.

Ils commencèrent à marcher à travers la neige en silence, Zoro préférait le silence. Il commençait vraiment à devenir trop personnel avec le cuistot. Le blond semblait être capable de presser tous ses boutons, il ne pouvait pas se permettre de s’attacher à quelqu’un ici, il était à Impel Down.

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