Le lendemain, au travail, j'avais remarqué l'éloignement de Rose par rapport au groupe. Je sentais bien qu'elle se forçait à sourire et à discuter avec nous, mais ce n'était clairement pas de plein cœur.
Alors, en fin de journée, je l'avais un peu retenue pour échanger un peu et essayer de la rassurer. J'étais une des rares à qui elle s'était confiée, donc, naturellement, elle avait accepté.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je peut-être un peu trop naïvement.
— C'est dans deux jours qu'on enterre ma sœur... Je suis vraiment pas prête pour ça. J'ai pas envie de voir le cadavre de ma sœur... de voir ses yeux éteints, son teint pâle...
— Tu n'es pas obligée de te rendre à son enterrement. C'est pas grave. T'as le droit de choisir quel sera le dernier souvenir que tu auras de ta sœur...
— Ma famille me le reprocherait...
Je ne pouvais que compatir face à cette angoisse. J'étais moi-même incapable de me détacher entièrement des reproches des autres.
— Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ? l'interrogeai-je en croisant mes bras. Si tu veux... Je peux t'accompagner avant, pendant ou après l'enterrement, si jamais tu as besoin du soutien de quelqu'un.
— Je veux bien que tu sois là après... Je serais complètement une loque, alors si je peux trouver une échappatoire, ça serait avec plaisir.
Je lui adressai un timide sourire, parce que c'était probablement ce que j'avais de mieux pour le moment. Je n'avais jamais connu la mort d'un proche, de se rendre compte ce qu'était une vie sans une personne en particulier... J'avais plutôt été dans un autre extrême. J'avais grandi sans famille. Comment pouvais-je perdre quelque chose qui n'existait pas ?
— Si ça te tente, tu pourras passer la soirée chez moi... Je préviendrai Ben si jamais tu as envie qu'on reste à deux, pour pas qu'il se pointe par hasard.
— D'accord... Même si je n'ai rien contre lui. Enfin, du peu que j'ai vu.
Elle aussi était la seule à connaître pour cette histoire de faux couple. Cette histoire qui me rendait quelque peu honteuse des fois. Ce qui fut de nouveau le cas lorsqu'elle aborda ce sujet :
— Et alors, ton faux couple ? J'ai eu l'impression que c'était assez tendu à un moment.
— En fait... On n'est plus un faux couple, avouai-je à demi-voix.
Ses yeux s'écarquillèrent aussitôt. Elle avait probablement encore du mal à comprendre la situation. Après tout, qui le pourrait vraiment avec aussi peu d'informations ?
— Je ne comprends pas forcément tout ce qu'il se passe moi-même, ajoutai-je en fronçant des sourcils. Mais je crois que je suis beaucoup attachée à lui... J'aime bien les moments qu'on passe ensemble et petit à petit, il arrive à balayer certaines de mes angoisses. Je n'ai plus la sensation d'être quelqu'un d'extrêmement étrange ou en dehors de la société...
— Il te fait sentir comme quelqu'un de spécial à tes yeux ?
— On peut dire ça comme ça...
Un léger silence s'installa et je sentais qu'elle mourrait d'envie de me poser une question. La fameuse question de l'amour. Et comme toujours, j'aurais été incapable de lui répondre, comme à n'importe qui.
Tout le monde m'avait toujours répété que l'amour, c'était évident, que je le remarquerais aussitôt dès que ça me tomberait dessus. Sauf que je n'avais jamais été comme tout le monde. Ces personnes-là avaient eu tout ce qui avait pu me manquer pour évoluer : des parents, une famille, un entourage qui leur auraient fait découvrir le monde.
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Comment (ne pas) se faire oublier | TOME 1 & 2
FanfictionRey n'a qu'un problème dans la vie : qu'on lui parle sans cesse de sa vie sentimentale qui est inexistante depuis un bon bout de temps et, surtout, qui ne l'intéresse pas du tout. Pour calmer les ardeurs de son entourage, elle propose à un de ses vo...