Chapitre 4 - Rey

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Désolée pour l'attente pour ce chapitre ! J'ai pas mal été prise ces derniers temps. :x

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Durant tout le week-end, j'avais essayé de maintenir la tête hors de l'eau. J'avais lutté pour ne pas repenser au bref échange que j'avais eu avec Ben. Et c'était sans compter cet échange charnel qui me hantait encore.

À plusieurs reprises, je m'étais penché sur mon écriture en espérant pouvoir m'évader là-dedans. Mais comment pouvais-je m'évader alors que j'écrivais principalement des romances alors que j'étais probablement dans la pire passe de ma vie pour ce domaine ?

Au final, j'avais fixé mon fichier vide pendant de longues minutes, puis je l'avais refermé. J'avais réitéré l'opération plusieurs fois durant tout le week-end. Heureusement, Finn vint à ma rescousse en proposant quelques jeux en ligne. Ce ne fut clairement pas suffisant, mais assez efficace pour que le week-end s'écoule.

Alors, de retour au boulot le lundi matin, j'espérais que mon esprit se calme un peu. Mais vainement.

Je rejoignis Poe, Finn et Rose pour prendre un café avec eux. Tous semblaient rire de tout et de rien. Je tentais de masquer ma tristesse passagère en me joignant à leurs rires. Sauf que le mien sonnait terriblement faux.

Heureusement, personne ne tenta de percer mon masque et on me laissa tranquille. De toute manière, tout le monde était au courant que je n'étais pas au mieux ces derniers temps. Même si certains mouraient d'envie de me dire que je ne devais pas m'en faire pour lui, aucun n'osa cet affront.

Mon attention fut rapidement détournée par un homme, assez petit, qui devait avoir dépassé la cinquantaine, franchit le couloir. Leia le rejoignit en milieu de chemin.

— Luke ?

Il s'agissait donc bel et bien de son frère. Le frère qu'elle avait tenté de contacter la semaine dernière avec peu d'espoir.

— Je suis désolé, lâcha-t-il en baissant son regard un instant.

— Ne t'en fais pas... Je suis contente de finalement te voir.

Il prit une longue inspiration.

Je savais que je ne devrais pas écouter à ce point leur conversation, mais j'avais besoin de savoir, sans quoi, mon cœur sauterait bien trop de battement.

— Je sais que tu n'as plus d'autres choix. Alors, je suis venu pour lui faire face. Mais je ne pourrais pas le sauver.

Mon dernier échange avec Ben me revint en pleine face. Parce que j'avais vu à quel point il était perdu, à quel point il cherchait une échappatoire, alors qu'il était pris au piège. Malheureusement, j'y croyais encore...

— J'en ai bien peur. J'ai cru qu'il finirait par revenir et que nous serions de nouveau une famille. Cet espoir, je l'ai gardé pendant des années. Depuis que Snoke s'est emparé de mon fils. Mais je sais que mon fils a disparu dès le moment où ce salaud l'avait embrigadé dans son entreprise.

— Personne ne disparaît vraiment Leia.

Leia lui adressa un timide sourire. Luke prit ses mains dans les siennes. Il essayait de la rassurer, mais je voyais deux personnes brisées. Brisées parce qu'une enflure comme Snoke avait joué avec la vie de Ben et qu'il continuait de le faire depuis sa tombe.

— Je vais m'en charger dès ce soir, annonça Luke.

Il relâcha les mains de Leia et retourna vers l'ascenseur pour quitter l'immeuble. Leia ne bougea pas et resta pensive un bon bout de temps. Puis elle partit vers son bureau, la tête baissée.

Mon cœur se serra de plus belle et une douloureuse pression s'enfonça dans ma poitrine. J'ignorais ce qu'il allait en advenir de Ben. Il était sur une pente glissante qui pourrait lui coûter cher, terriblement cher. J'aurais tellement voulu pouvoir l'en tirer, mais je n'avais pas de pouvoirs magiques.

Évidemment, il allait chuter et j'espérais que sa chute ne serait pas trop douloureuse. Mais qu'elle sera aussi suffisante pour qu'il revienne. Leia avait déjà abandonné cette guerre. En même temps, comment lui en vouloir ? Ça faisait probablement presque une dizaine d'années qu'il était parti. Et après tout ce temps, elle ne l'avait tout de même pas oublié... Leia ne pourrait jamais tirer un trait sur son propre fils, même quand elle le considérait au fin fond de sa vie.

— Rey ? Tu t'es perdue dans tes pensées ? s'enquit Poe, l'air amusé.

— On peut dire ça comme ça... Et je suis un peu fatiguée. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit.

— Heureusement qu'on a fait un max de café pour pallier à tout ça !

Je lui rendis immédiatement, parce que j'appréciais sincèrement ses efforts à me remonter le moral. Mais j'étais encore trop à vif pour passer à autre chose de suite.

— Bon, il va falloir retourner travailler. C'est bien sympa la pause café, mais ça serait dommage que ça s'étale...

Le groupe se dirigea vers nos bureaux, mais Poe me retint et me prit à part un instant.

— Sincèrement, je m'inquiète pour toi...

— Tu ne devrais pas. C'est quand même un peu ridicule que je m'emporte à ce point pour des histoires de cœur.

Et je le pensais vraiment. Parce que je n'étais pas du genre romantique, je ne l'avais jamais été. Après tout, je n'aurais jamais voulu d'un faux couple sinon.

— Tu as le droit d'aller mal après une rupture, c'est normal. Une relation, c'est un investissement pour certains, c'est un lâcher-prise, c'est faire entièrement confiance à une autre personne... Ça prend beaucoup d'énergie une relation, alors pas étonnant qu'une rupture soit toujours compliquée.

Je soupirai brièvement et haussai les épaules, ne sachant pas quoi dire de mieux.

— J'ai été assez proche de Ben quand on était plus jeune. Nos mères étaient amies, alors forcément, ça joue pas mal. On s'entendait plutôt bien et on aurait pu être de très bons amis. Mais j'ai toujours la sensation que Ben était un peu ailleurs, comme si quelque chose lui échappait et qu'il voulait absolument gérer ça seul... Je crois aussi qu'entre le divorce de ses parents et que tous les deux soient très pris dans leur boulot ne l'a pas aidé. Je crois qu'il a un peu souffert de leur absence...

En entendant ça, je n'étais pas étonnée de savoir qu'il s'était réfugié vers Snoke. Celui-ci avait prétendu vouloir s'occuper de Ben, de l'aider, et il avait plongé, parce qu'il n'avait pas le moindre repère.

— Je crois que j'espère surtout qu'il aille bien... Parce que je sais qu'il va terriblement mal en ce moment.

Ma voix était étranglée et je peinais à articuler. Pourtant, ce n'était pas si dur que ça à avouer. Peut-être parce que je comprenais sa peine. Parce que je la vivais en partie avec lui.

— C'est ce qu'on lui souhaite tous.

De nouveau, Poe tenta de me rassurer avec un sourire. Malheureusement, je savais que ce ne serait pas suffisant...

Comment (ne pas) se faire oublier | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant