Chapitre 27 - Rey

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À la dernière minute, Ben annula notre rendez-vous ce soir. Il ne s'attarda pas sur la raison et avait répété à de nombreuses fois qu'il était extrêmement désolé. Durant ce bref appel, sa voix était terriblement tremblante et je m'inquiétai vraiment pour son bien-être.

Il avait également évité quelques questions. Notamment celles où j'aurais pu en apprendre plus sur son état.

Puis il avait rapidement répliqué qu'on se verrait demain, au bar, avec mes amis. Il m'avait brièvement annoncé qu'il avait invité Armie, ce qui risquait d'être assez comique.

Ensuite, il raccrocha assez rapidement. Il avait vraiment envie de mettre fin à cette discussion, comme si quelque chose l'embêtait.

Ce fut pourquoi, suite à cet appel, j'avais passé une journée entière à angoisser et à craindre l'état dans lequel j'allais le retrouver au bar. Mon cœur s'était serré à de nombreuses reprises et j'avais à peine mangé de jour-là.

Pendant un moment, la pensée qu'il puisse me quitter me frappa à l'esprit et ce fut à ce moment que je me mis à craindre le pire. Je ne pensais pas être chamboulée à ce point par cette hypothèse. Mais j'aurais dû m'en douter. Chaque jour, j'avais l'impression de le découvrir un peu plus, de m'attacher à lui, et surtout... de l'aimer.

Et si Ben disparaissait de ma vie pour une quelconque raison... Je n'aurais plus envie d'espérer quoi que ce soit de l'amour. Il était mon dernier espoir.

En arrivant au bar, mes états d'âme se calmèrent dès que j'aperçus Ben, déjà installé avec Armie. Ils semblaient avoir une discussion assez vive et joyeuse. Comme si tout allait bien.

Puis le regard de Ben croisa le mien. Immédiatement, il avait compris dans quel état je me trouvais. Il se leva alors d'un bond pour me rejoindre et je le pris fermement dans mes bras.

— Rey... Ça va ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

— C'est plutôt à moi de te retourner la question, lâchai-je, la tête collée contre son épaule.

— Comment ça ?

Je me détachai de son torse pour le regarder dans les yeux. Les miens étaient au bord de la rupture, prêt à pleurer. Et dans les siens, je n'y voyais que de l'incompréhension.

— Peut-être qu'on devrait en parler dehors, me proposa-t-il.

Je hochai silencieusement de la tête et en posant sa main sur mon épaule, il me guida jusqu'à l'extérieur. On trouva un coin de rue assez peu fréquenté pour le moment.

— J'ai eu peur, annonçai-je simplement.

— De quoi avais-tu peur ? Je suis désolé pour hier...

— Cesse de me dire que tu es désolé ! l'arrêtai-je un peu trop brusquement.

Ses sourcils se froncèrent. J'y étais allée peut-être un peu trop fort.

— Quand tu m'as appelé hier... Tu étais dans un état... assez étrange. J'ai eu peur que tu veuilles me quitter...

Il me prit dans ses bras en s'excusant une énième fois. Mais cette fois-ci, je ne le contredis pas. Cette fois-ci, ce n'était pas un réflexe comme les autres fois. Je sentais qu'il le ressentait profondément.

— Rey... Loin de moi l'idée de vouloir te quitter. Pour l'instant, j'arrive même pas à imaginer dans quel monde, quelles éventualités ça pourrait se produire...

— Je crois que je n'avais pas envie de tomber amoureuse de toi pour ça, parce que je savais que sinon, je supporterais jamais ton départ.

Quelques larmes m'échappèrent. Parce que je venais de lui avouer tout haut ce qui me tracassait depuis un bon bout de temps. Parce que je venais de mettre des mots dessus. Pendant tout ce temps, je m'étais conforté dans le déni. J'avais refusé d'affronter mes sentiments pour lui alors qu'ils étaient déjà bien installés depuis longtemps. Je n'étais pas incapable d'aimer... Je ne le voulais juste pas.

Comment (ne pas) se faire oublier | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant