Chapitre 8

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J'étais assise à l'entrée, adossée contre le mur, le cerveau retourné et l'esprit en vrac. 

"Nom d'un chien, c'était quoi ça?"

Mon cerveau tournait à plein régime pour tenter d'analyser et de traiter les informations qui défilaient dans mon crâne. 

Déva m'avait embrassée. Devant Cléo qui plus est. Pour quoi faire ? La rendre jalouse ? Lui prouver quelque chose ? Lui faire passer un message ? Qu'est-ce qu'elle avait bien voulu faire ? 

Je me sentais flouée, manipulée. Pour l'instant, le choc prédominait sur la colère mais si je revoyais Déva dans l'immédiat, je ne donnais pas cher de sa peau.

Ses lèvres étaient douces, mais froides. Son baiser était vide. Elle n'avait rien exprimé. Rien qui pourrait me mettre sur la voie. Déjà que j'avais du mal avec les êtres humains de manière générale... Elle avait vraiment foutu la merde. Et dire que je commençais juste à l'apprécier. J'en avais mal à la tête. J'aurais pu rester des heures sur ce sol, contre ce mur, à m'interroger et à me prendre la tête avec ce qui s'était passé. Mais la porte de l'amphithéâtre s'ouvrit. Et les élèves sortirent un part un. 

Cléo sortit en dernière. Nos yeux se rencontrèrent à nouveau. Je me levais précipitamment et époussetais mon jean. Nous restâmes plantées là, l'une en face de l'autre, sans rien dire. Bon... elle ne me fuyait pas c'était déjà ça. 

D'un geste de la main elle me montra la sortie. J'hochais la tête sans un mot et nous nous dirigeâmes vers les portes à double battant silencieusement. 

La tension pesait lourd sur mes épaules. Pour la première fois, le blanc me mettait mal à l'aise. Je pouvais sentir les mots danser et tourner autour de nous, nous séparant. Une barrière de non-dits. Elle ne me regardait pas, avançant droit devant elle, d'un pas conquérant. Elle irradiait dans ce couloir terne. 

Nous nous assîmes sur un banc dans l'arrière-cours. Je me mis en tailleur, mon sac posé sagement entre mes jambes, le dos en arrière, la tête levée vers le ciel. 

- Alors ? 

- Ce n'était pas moi le message. 

- Déva ? 

- Oui. Je ne comprends pas. 

Elle soupira puis prit une mèche de ses cheveux entre son pouce et son index et la remit derrière son oreille. 

- Déva fait souvent ce genre de trucs. 

Je ricanai doucement. 

- Embrasser les gens sans prévenir ?

Elle sourit. 

- Non. Faire l'inverse de ce qu'on attend d'elle. 

- Je n'attends rien d'elle. 

J'haussais les épaules, comme pour lui prouver que je disais vrai. 

- Et de moi ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? 

Un ange passa. 

- Je ne saurais dire. Je sais que j'attends quelque chose. Je ne pourrais dire quoi. 

- Tu ne saurais ou tu ne pourrais ? 

- Un peu des deux sûrement. 

Nouveau silence. 

- Je suppose que tu dois te sentir perdue. 

- C'est étrange. 

Elle m'interrogea du regard, m'incitant à continuer. 

Silent voicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant