Chapitre 23

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                                                                        Flashback , 8 ans plus tôt 

- Recommence. 

Le sourire fier que j'arborais s'effaça aussitôt. 

- Qu... Quoi ? 

- J'ai dis, recommence, répondit-il d'une voix douce. 

- Ce... ce n'est pas bien ? 

- Non. C'est nul. Il y a encore énormément de travail. Monte et recommence. 

La tête baissée vers mes pieds nus sur le sol froid, les larmes me brûlaient les yeux. Allongé sur le canapé, il me regardait fixement, le regard inexpressif. 

- Papa... 

- Oui ? 

- Pourquoi t'es méchant comme ça avec moi !

Ma phrase sonnait plus comme une supplique mais mon ton était empli de colère et de rancoeur.  Des larmes de rage percèrent mon masque de fureur et mes yeux rougis se levèrent vers lui, se heurtant de nouveau à son visage froid sans sentiments. Ses yeux bruns si semblables aux miens se posèrent sur mon visage tordu. Et son regard se fit plus dur. 

- Ne pleure pas. Les larmes sont trop faciles. 

- Léon ! 

Je me tournai vers la porte d'entrée. Ma mère se tenait sur le porche. 

- Hélia, pourquoi tu pleures ? Léon, qu'est-ce que tu lui as encore dis ! 

- Juste la vérité. Hélia, si tu ne veux pas de mon avis, il ne faut pas me le demander. 

- Tu... Tu n'as pas le droit de dire que c'est nul !

Mes cordes vocales vibrèrent en accord avec les soubresauts de ma poitrine, secouée par les sanglots. Il se leva d'un coup, me dominant de toute sa hauteur. Mon père était une force de la nature. Un mètre 90 de glace et d'idées. Ses sentiments ne perçaient jamais la surface de son visage. Il était glacial, imperturbable, impassible. Fidèle à ses propos, je ne l'avais jamais vu verser la moindre larme. 

- Tu es capable de grandes choses Hélia. Tu as un don. Mais contrairement à ce que l'on pense, ton don ne suffira pas. Tu n'as pas le droit d'être paresseuse. Tu es spéciale. C'est pour ça que toujours, tu dois aller au bout de tout ce que tu entreprends. Sinon, jamais ce que tu feras ne seras suffisant à tes yeux. Ne te contente pas du minimum. Vise le meilleur, et fais en sorte de l'atteindre. Et tant que tu ne l'auras pas atteint, tu seras faible. Tu as compris ? 

Les joues noyées par des larmes de douleur, j'hochai la tête, tremblante. 

- Maintenant monte dans ta chambre. Et travaille. Jusqu'à ce que tu en aies mal aux doigts. Jusqu'au petit matin s'il le faut. Mais donne toi, corps et âme à ce que tu fais. Ne fais pas semblant. Tu sais à quel point je déteste les gens paresseux. 

Deux ans plus tard

- Hélia. Arrête de me regarder comme ça et habille-toi. Nous allons à l'église. 

Exaspérée, ma mère s'acharnait sur mes cheveux et sur ma robe pour me rendre un tant soit peu présentable. Mais je ne lui facilitais pas la tâche. Ses coups de peigne m'arrachaient les tifs et me faisaient mal au crâne. Et puis, c'était sans espoir, ma tignasse est impossible à coiffer. J'étais toujours étonnée qu'elle essaye encore après toutes ces années. 

- Je n'ai pas envie d'y aller. 

- Hélia ! Tu n'es plus une enfant. Arrête de bougonner et rends ta grand-mère fière. Ca lui fera plaisir que tu l'accompagnes. 

Silent voicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant