Chapitre 20

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- Qu'est-ce que tu veux dire par "je déteste ça" ? 

En prononçant ces mots j'aurais aimé pouvoir les faire s'envoler, les oublier. Mais les répéter n'a fait que les rendre encore plus durs, plus réels. L'envie de m'éloigner d'elle se fit pressante, suffocante. La conversation commençait mal. 

Elle dû voir dans mes yeux à quel point ses mots m'avaient heurtée parce que son visage se para d'une expression horrifiée : 

- Non, non, pas dans ce sens-là ! 

Elle inspira profondément avant de se tourner complètement vers moi pour me faire face. 

- Je n'aime pas le flou. Pour être honnête il y a peu de choses que je suis prête à accepter. Et disons que cette situation en fait partie. Je n'ai rien à t'apporter Hélia... 

Mon souffle se coupe. 

- Ne le prends pas mal. C'est pas contre toi. Mais je ne peux pas... 

Je déglutis. Tentant de toutes mes forces de cacher mon incompréhension, de dissimuler ma déception.

- Je sais ce que j'ai promis. Mes mots ont sûrement été trop rapides. Mais je ne veux pas jouer à ça plus longtemps avec toi, souffle-t-elle. 

Elle se lève, me tournant le dos et reprend : 

- Je compte t'apprendre à vivre. Comme je te l'ai promis. Mais ce qui s'est passé entre nous deux ne se reproduira plus. Tu dois le comprendre. 

Sa voix dure et déterminée me donnait des sueurs froides. J'étais persuadée ne pas m'être fait de films. J'étais certaine qu'il y avait une raison à ce rejet complet qu'elle m'offrait. Mais mes espoirs s'effondrèrent à l'entente du mot "jouer". La colère m'enflamma et je serrai les poings, enfonçant mes ongles dans la chair de ma paume. 

- Je pense que j'arriverai à m'y faire, articulais-je, la mâchoire serrée. 

Je me levai et m'éloignai un peu d'elle avant de me diriger doucement vers la porte d'entrée. Sans me retourner je lui lançai ces derniers mots : 

- Je vais y aller. Tu pourras me ramener mes vêtements lundi ? 

- Hélia attend... 

Son murmure se heurta à mon dos. Et je ne me retournai pas. Elle me retint par la main m'empêchant de partir et me retourna de force vers elle. 

- Hélia arrête ne te renferme pas ! Je ne peux pas faire ça putain tu peux le comprendre quand même ?! 

- Parfaitement. 

Mon ton froid rejaillit sur elle comme un coup de poing. Elle ouvre grand les yeux un air blessé se faufilant entre ses traits figés. 

- Hélia... Je ne veux pas te blesser... Je sais que mes mots ont pu être ambigus, je sais que je t'ai laissée espérer. Et j'en suis désolée okay ? Mais on se connaît que depuis quoi, un mois ? Un mois et demi ? Tu ne sais même pas qui je suis !

- Tu ne m'as pas blessée. 

Je la coupai. Sous le coup de la surprise et de mon ton tranchant, elle retira sa main de mon bras. Je ris jaune.

- Une personne comme toi ne peut pas me blesser. 

Ses yeux me fixèrent avec crainte. Choquée par la dureté de mon ton et par la colère qui brûlait dans mes yeux. 

Les secondes s'égrènent et son regard ne me lâcha pas. La distance entre nous était toujours aussi réduite et la tête commençait à me tourner tant la tension était forte. La seule chose dont je rêvais c'était de courir vers la porte et m'enfuir de cet endroit. Mais elle ne semblait pas prête à me laisser partir. Et je ne savais même pas pourquoi je restais là. Je ne savais même pas pourquoi j'attendais que les mots sortent de sa bouche pour répondre à mes questions. Je ne comprenais pas pourquoi j'espérais avec toute la force de mon coeur qu'elle m'empêcherait de partir, qu'elle reviendrait sur ses mots, ou qu'elle parviendrait à m'ôter cette sensation désagréable qui s'était installée dans le creux de ma poitrine. 

Silent voicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant