Chapitre 11

40 6 7
                                    

- Thalia ? 

Aucune réponse. Seulement un froissement de drap et un objet qui chute et se fracasse sur le sol. 

- Bon, j'entre. 

Je poussai la porte doucement et mon regard se posa immédiatement sur le téléphone de ma cousine, avachi sur le sol, écran face contre terre et Thalia à moitié sur le lit, à moitié en dehors, la main tendue vers le précieux objet, tentative vaine de le sauver de ce fameux saut de l'ange. 

Nos regards se croisèrent et là, nous explosâmes toutes les deux de rire, balayant d'un coup la discussion houleuse de toute à l'heure. 

L'hilarité passée, Thalia ramassa son téléphone qui, finalement, n'avait rien et je m'allongeais silencieusement sur son lit. Elle me poussa amicalement du coude  et chuchota d'un air faussement bougon : 

- Bouuuge, tu prends trop de place. 

- Hé ! m'exclamais-je outrée. T'as qu'à te pousser hein !

Elle rit. Aucune trace de rancoeur ou de colère dans son regard. Son corps était détendu, sa tête posée en équilibre sur son bras droit tandis que son bras gauche longeait son corps, sa main se posant sur son ventre. Le silence reprit ses droits. 

- J'ai rompu avec Miguel chuchota-elle les yeux clos, les lèvres pincées. 

La bonne humeur d'un instant n'avait été que de courte durée. 

- Quoi ? 

Je me relevais subitement et plongeais mon regard dans le sien, l'interrogeant silencieusement. 

- Oui, c'est bel et bien fini cette fois. 

Une larme orpheline dévala sa joue irrépressiblement, traversant l'épiderme parfait de sa peau, creusant le premier sillon, mettant un point final à la douleur d'un rêve qui avait prit fin depuis bien longtemps. 

De mon pouce, j'effaçai ce tracé, interrompis la larme dans sa trajectoire. Puis, doucement je caressai la joue de ma cousine en chuchotant : 

- Ne pleure plus Thal. Ne perds plus tes larmes pour lui. 

Sans répondre elle se serra contre moi et j'enroulai mes bras autour de son petit corps. Je savais qu'elle irait mieux. C'était Thalia après tout. Elle se relevait toujours. Nous nous endormîmes ainsi, amas de chair enchevêtrée placée au beau milieu du sommier. 

Le lendemain, je me levai à l'aube, réveillée par les rayons du soleil qui filtraient par les rideaux grand ouverts. Thalia bavait dans son sommeil et je n'avais pas le coeur pour la réveiller tout de suite. Je la recouvris donc d'un drap et me dirigeai silencieusement vers la cuisine pour préparer notre petit-déjeuner. 

L'œil fixé sur l'horloge, j'attendais patiemment que Thalia émerge. Mon regard se posa sur mon téléphone posé sur la table. Faible, je succombai et m'en emparai rapidement pour vérifier si j'avais une notification. Rien. La déception s'empara de moi et je ne retins même pas à un soupir. Aucune nouvelle de Déva ou Cléo depuis la scène d'hier soir. De la première, je ne savais même pas que j'attendais quelque chose. Mais je pense que la vision que j'avais eu d'elle, ainsi dépouillée de tous ses artifices, en quelque sorte mise à nue devant moi m'avait touchée. Pour ce qui était de Cléo, c'était un peu plus préoccupant. Depuis l'épisode du bar nous avions l'habitude d'échanger un peu chaque soir. Or, je n'avais rien reçu. J'étais persuadée que tout cela était dû à mon mensonge de l'autre jour. Je maudis pour la énième fois mon incapacité à garder mon sang-froid dans ce genre de situation. 

Succombant à la tentation, je décidais de faire le premier pas. 

HELIA- Hey. 

"C'est moi ou ce "hey" suinte la culpabilité à dix kilomètres à la ronde ?"

Silent voicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant