Silent voices

Chapitre 21

- Tu m'expliques comment on est passé de "Cléo dans ton lit" à "Plus de Cléo dans ta vie" ? 

Je soupire. Rien de tels qu'une meilleure amie qui se fout de votre gueule, un verre de whisky et une partie de lancer de hache pour se remettre d'un râteau. Kira s'élance vers la piste, balance son bras en arrière et propulse sa hache droit dans le milieu de la cible. Elle l'a lancée avec tellement de force que le bois s'est fissuré. 

- Kira assure ! Et hop hop hop, 10 points en plus ! sourit-elle gaiement en sautillant un peu partout dans notre box. T'es à la ramasse Hélia, fais gaffe. T'es aussi nulle en amour qu'en lancer et crois-moi, c'est pas un compliment. 

Je soupire à nouveau et avale le liquide ambré d'un coup. Ma gorge me brûle et apaise le temps d'une seconde la brûlure dans mon coeur. 

-Merci d'enfoncer le couteau. Vraiment, merci soufflais-je fatiguée. 

Elle sourit grandement. Je la sens mal celle-là... 

- La hache, tu veux dire ! 

Bon sang, pas étonnant que personne n'aie jamais voulu de moi avec l'énergumène qui me sert de meilleure amie ! Ricanant de mon air saoulée autant que de sa propre blague, Kira s'installe à mes côtés et se ressert un grand verre de jus d'orange. 

- Bon alors, comment tu te sens ? 

Je tente, un sourire piteux aux lèvres : 

- Wow wow, Alix Kira Ludovine Scram, êtes-vous sérieusement en train de poser une question sérieuse ? Qu'on m'apporte un gilet de sauvetage, une trousse de secours, un tournevis, n'importe quoi ! 

- Ha-ha très drôle. Bon allez raconte-moi. Ouvre-moi ce petit coeur qui se cache à l'intérieur de oh ! s'écrie t-elle me faisant sursauter. 

Elle fit mine d'ouvrir un petit tiroir dans ma cage thoracique et jeta un coup d'oeil à l'intérieur avant de souffler dramatiquement : 

- Il n'y a plus rien à faire Hélia... Comme je l'ai toujours dis ton coeur est bien de glace... Je suis désolée... 

Quelques secondes s'écoulent et après ce petit interlude, je ne me parviens plus à me retenir de pouffer d'amusement. Y'a pas à dire Kira savait s'y faire pour me remonter le moral. Reprenant mon sérieux je reportais mon regard vers le fond de mon verre tristement vide désormais avant de prendre la parole d'un air sombre : 

- Je ne sais pas en fait... Elle... Je ne sais même pas quoi faire maintenant. Il m'est difficile de voir tout ce pourquoi j'ai vécu en l'espace de quelques semaines se réduire sous le spectre de la réalité. Je me sens comme...privée de quelque chose. Je ne sais pas tant si c'est elle ou alors simplement le fait d'être intéressée par quelqu'un qui me manque tant. Sûrement les deux. Elle m'avait fait voir une autre partie de moi, tu comprends ? Et maintenant cette partie-là se retrouve tremblante, délivrée de toute attache, libre en quelque sorte, mais foutument incapable de se rappeler sa raison d'exister. 

- Eh ben. Si j'avais su plus tôt que la tristesse te faisait prononcer d'aussi belles paroles, je t'aurais rendue triste plus souvent rit-elle doucement. 

Un petit silence confortable s'installa entre nous, tandis que nous fixions toutes les deux sa hache fermement plantée dans la cible depuis toute à l'heure. Elle reprit la parole d'un air tranquille sans me regarder, une moue sérieuse sur le visage : 

- Il y a... une certaine beauté à aimer quelqu'un. C'est un sentiment utopique qu'on souhaite plus qu'on ne vit. Aimer est un verbe tellement facile à utiliser. Et pourtant... Je ne connais personne capable de vraiment le définir. Certainement pas moi ! rit-elle.