Alec se réveilla au son de son téléphone qui lui renvoyait, à grand bruit, la sonnerie utilisée exclusivement pour sa sœur. Il avait l'habitude d'être un lève tôt, mais il considérait plutôt sa sœur comme un oiseau de nuit. S'il y avait un moment où il fallait la prendre avec des pincettes, c'était bien à cette heure matinale, surtout un samedi matin.
Il se redressa aussitôt, comprenant que quelque chose clochait. Il attrapa le téléphone et ouvrit le micro, le temps qu'il se réveille de son doux rêve où le patron de sa frangine occupait la place d'honneur.
— Izzy ? Est-ce que tout va bien ? Il me semblait qu'on s'était tout dit, hier soir.
— Bonjour Alexander.
La voix mielleuse qu'elle utilisa pour prononcer son prénom complet n'augurait rien de bon. C'était elle qui avait commencé ce petit jeu de couper les prénoms de ses frères et qui préférait elle-même se faire appeler Izzy au lieu d'Isabelle. Cette façon trop gentille de rouler le « r » prouvait qu'il y avait anguille sous roche. Sachant reconnaître le traquenard, Alec répondit à Isabelle sans attendre la suite.
— Non ! Pas question que tu m'entraînes dans l'une de tes histoires abracadabrantes.
Sa sœur ne se démonta pas pour autant et insista.
— S'il te plaît !
Son ton désespéré capta une fois de plus son attention. Isabelle avait toujours une solution à chaque problème. Alors si elle l'appelait, lui, il devait être son ultime solution. Organisée comme elle l'était et considérant qu'elle ait pris cette voix doucereuse en début de conversation, Alec sut qu'il devait prendre ses jambes à son cou et déguerpir aussi loin que lui permettraient ses jambes d'athlète.
Cette fois-ci, il regretta qu'elle ne soit pas seulement sa sœur mais aussi sa meilleure amie. Izzy l'avait aidé à chacune de ses ruptures, même en plein milieu de la nuit, au téléphone. Lorsqu'il avait trouvé Raj en galante compagnie, ils avaient passé la nuit entière à parler, même si sa discussion n'avait ni queue, ni tête. Le jeune homme, bien trop éméché pour pouvoir enfiler une phrase sensée, avait été soutenu avec chaleur et réconfort. Et tout cela, elle l'avait fait en sachant qu'elle passerait son examen d'entrée en design le lendemain matin. Non, elle ne l'avait pas abandonné, et il était temps de lui rendre la pareille.
Il se laissa tombé sur l'oreiller, regrettant déjà ses prochaines paroles.
— Qu'est-ce que je dois faire ?
******
Magnus s'était levé tôt ce matin-là. Le grand jour était arrivé et tout se devait d'être parfait. Il arriva bien avant les heures régulières et fut surpris de découvrir qu'Izzy l'avait devancé. Elle était aussi perfectionniste que lui et cela lui donna l'énergie qui lui faisait défaut en ce jour trop précoce. Ils examinèrent les tableaux de chacun des mannequins et les firent défiler afin de s'assurer que tout était parfait. Lorsque les hommes se présentèrent, ils eurent la mauvaise surprise de ne pas trouver à sa place le plus important des modèles. Les magazines de haute couture s'arrachaient les entrevues avec ce mannequin qui était d'ordinaire très professionnel. Magnus rejoignit son agence et demanda ce qui se passait.
— Nous sommes désolés Monsieur Bane. Nous ne réussissons pas à entrer en contact avec Godfrey, et tous nos autres mannequins font déjà partie de votre défilé.
— J'imagine que je devrai me débrouiller seul !
Il avait haussé le ton, laissant transparaître son mécontentement. Magnus avait l'habitude d'être patient mais, ce jour-là, il était à bout de nerfs avec les événements de la veille. Ragnor qui le soupçonnait de fraude et ce modèle qui ne se présentait pas, sans même laisser une raison à ses employeurs. Plus rien n'allait bien.
Isabelle qui avait suivi la conversation s'arrêta un instant dans sa position si caractéristique lorsqu'elle devait résoudre un problème. Elle tourna une mèche de ses cheveux autour de son doigt et son regard se perdit au loin. Soudain, Magnus vit une étincelle apparaître au fond de ses yeux presque noirs. S'il se fiait à son instinct, il était pratiquement certain qu'Isabelle les sortirait encore du pétrin.
Elle sourit à Magnus, fière de sa solution. Cependant, un doute persistait.
— Magnus ? Est-ce que tu me fais confiance pour régler ce problème ?
— Ai-je vraiment un autre choix, à quelques heures du défilé ?
Elle s'approcha de lui et sortit son propre téléphone. Son attitude changea du tout au tout.
— Bonjour Alexander.
Hou là là ! Isabelle utilisait déjà le mode léchage de botte. Ce Alexander, s'il tenait à ses fesses, devrait choisir ses mots.
— S'il te plaît !
Whoua ! Qui était cet homme, pour qu'elle doive le supplier avant même qu'elle ait prononcé quoi que ce soit ? Elle attendit quelques instants sans continuer, laissant un silence pesant entre les deux interlocuteurs.
Magnus entendit le dénommé Alexander lui retourner une phrase inaudible. Rassurée, la jeune femme détendit ses épaules et commença son monologue. Elle lui annonça que Godfrey était introuvable, qu'il avait la même taille que lui et qu'il avait défilé pour elle plusieurs fois pendant ses études de design. Elle termina en le serrant dans un coin, lui disant qu'il lui devait encore beaucoup plus que cela et que ce n'était qu'une toute petite journée de sa vie. La persuasion faisait partie des nombreuses facettes qui avaient ravi Magnus. Le designer n'aurait pas voulu être dans les souliers de l'homme avec qui elle argumentait à sens unique.
— Je t'attends et ne prends pas le temps de manger, on est déjà limite pour les essayages et la reprise de tous tes vêtements.
Elle lui raccrocha au nez sans plus de cérémonie et releva fièrement la tête vers son employeur. Pauvre jeune homme. Il s'assurerait de le traiter avec toute la courtoisie qu'il méritait. Magnus lui devait beaucoup. Il ne restait qu'à espérer que l'individu ne détonnerait pas trop au centre des autres modèles masculins. Il ne fallait pas oublier qu'il serait le mannequin principal pour cette soirée.
— Alors Magnus, on ne me félicite pas ou bien tu es trop abasourdi par ma débrouillardise ?
— Ne te vente pas trop, jeune fille. Je n'ai pas encore vu cet homme et je reste encore celui qui a le dernier mot.
Elle passa derrière lui et lui enleva une poussière imaginaire le long de l'épaule.
— Ne t'en fais pas pour ça. Si je me fie à tes modèles d'aujourd'hui, tu ne seras pas déçu.
Elle partit rejoindre les mannequins, esquissant un sourire en voyant Magnus se retourner, sceptique. S'il savait ce qu'elle lui réservait, il aurait déjà repris son travail. Alec lui avait toujours assuré qu'il ne la laisserait jamais tomber pour ses défilés scolaires. Elle supposait qu'un de plus ne causerait pas problème. C'était cent fois plus important pour elle, et si c'était important à ses yeux, ça l'était tout autant pour lui. De plus, il ferait la connaissance de Magnus qu'elle voulait lui présenter depuis ce qui lui semblait être des siècles. Tout se mettait en place. Ça ne ressemblerait même pas à un rancard.
Isabelle souriait beaucoup trop au goût de Magnus lorsqu'il traversa vers la salle d'essayage. Personne de normalement constitué ne serait aussi détendu en ayant perdu son mannequin principal le jour de l'évènement. Tout cela restait un véritable mystère.
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Bane Corp. (Malec AU) ( En correction )
FanfictionAlexander Lightwood se retrouve, bien malgré lui, à aider sa sœur pour un défilé de mode que son employeur, Magnus Bane, organise à chaque année pour la haute société. Alec n'est pas du tout indifférent au charme de Magnus, mais pourra-t-il passer...