Jour 1

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Je me recroqueville autour de cette pierre qui me tient compagnie depuis tant de mois que j'ai cessé de compter. Tous ceux que je connaissais sont partis. Ils m'ont abandonné. Je suis désormais seul dans ma cage. Seul dans mon coin, avec ma petite pierre et mes pensées noires. La lumière s'éteint, et je ne distingue plus que les ombres nocturnes menaçantes autour de moi. J'essaye d'inspirer, mais rien n'y fait. L'air me manque cruellement, j'ai l'impression d'étouffer.

Je frissonne. Pas parce que j'ai froid, mais parce que je me sens seul.

J'ai bien tenté de parler avec ma pierre, mais jamais elle ne m'a répondu. J'ai essayé avec la plante à moitié morte et pourrie là-bas, à droite, mais là encore, aucune réponse. Et puis... je ne sais pas pourquoi, mais elle me donne faim cette plante pourrie. Mes yeux sont grands ouverts, il m'est comme impossible de les fermer. Je guette le moindre mouvement : encore ces ombres qui me font peur.

Je frissonne. Pas parce que j'ai froid, mais parce que je me sens seul.

J'ai l'impression que quelqu'un me regarde, épie mes moindres gestes, alors je reste immobile, toujours contre ma pierre. Finalement, rien autour de moi ne révèle quelque présence, alors je remue doucement mes membres. L'impression qu'on me regarde est toujours là. Je décide de faire le tour de ma pierre, lentement, en prenant soin de bien regarder partout autour de moi. Non, je ne vois rien. Si j'avais pu, j'aurais froncé les sourcils, à défaut, mon regard s'est porté au-dessus de moi, peut-être par instinct.

Je frissonne. Pas parce que j'ai froid, mais parce que je me sens seul.

Ses yeux sont brillants dans le noir qui nous entoure. Comme ressentant le danger qui me guette, je m'abrite derrière ma pierre, cette indéfectible amie bien silencieuse. Les yeux ne cillent pas. Et j'essaye de ne pas bouger. Mais voilà je tremble. Je tremble parce que j'ai peur. Je me sens trembler comme une feuille, et je suis sûr que le propriétaire des yeux qui me fixent d'au-dessus de moi se délecte de cette peur. Je suis tellement terrifié que lorsque ses griffes plongent sur moi et se saisissent de mon corps fébrile, je n'ose pas le moindre mouvement pour m'enfuir.

Je frissonne. Pas parce que j'ai froid, mais parce que j'ai peur.

Quand ses dents s'enfoncent dans ma chair tendre d'être restée si longtemps sans exercice, je ne bouge toujours pas. Ses griffes me font mal, mais je ne veux pas bouger. Peut-être que s'il me croit mort, je pourrais m'enfuir ?

Soudain les lumières s'allument : le voilà ! Ma porte de sortie !! Je n'ai pas besoin de me tortiller longtemps pour sauter en dehors de sa portée et retrouver ma pierre. Je m'y colle, plein d'espoir et empli d'une soudaine envie de vivre : je suis seul, mais je suis en vie.

Alors quelle est cette sensation de vide qui m'emplit tout à coup ? Je regarde autour de moi. C'est poisseux. J'essaye de regarder les blessures que m'a infligé le propriétaire des yeux brillants. Je suis bien amoché. Je suis vivant, mais plus pour très longtemps. Je distingue une silhouette descendre les escaliers vers moi, et la créature aux yeux brillants. La silhouette s'approche de la créature, j'aimerai lui crier de s'enfuir, mais comme tout à l'heure, le souffle ne vient pas et j'ai l'impression d'étouffer. A ma plus grande surprise, la créature fuit.

Le noir m'entoure, j'ai l'impression que mes yeux se ferment enfin quand je sens une main se poser sur mon corps.

Je frissonne. Pas parce que j'ai froid, mais parce que je suis mort.



La jeune fille souleva le corps de son petit ami à nageoire, fusillant son chat du regard.

-Yoda ! s'exclama-t-elle. C'est le 5è poisson que tu tues ! C'est pas bientôt fini ?! Regarde ce que tu as fait en ouvrant l'aquarium !

Elle se pencha pour ramasser les livres qu'elle mettait par-dessus l'ouverture du bocal, dans une tentative vaine d'empêcher son chat de s'attaquer à ses poissons, et qu'il avait habilement fait tomber. Elle jura. Au moins, ce poisson-là avait pu vivre quelques semaines de plus que ses compatriotes. Elle se surpris à espérer qu'il en avait un peu profité, dans son petit bocal rond, où trônait fièrement cette pierre volcanique que lui avait ramené son frère. Elle hocha la tête en chassant le chat. Oui, elle était certaine que son poisson était mort heureux.



***

Mot du jour : POISSON

Eheh première histoire de ce mois de la productivité terminée !! Je n'avais pas trop d'inspiration en lisant le mot ce matin, puis j'ai voulu essayer d'écrire une histoire avec comme héro un poisson, sans que l'on puisse réellement deviner que c'en est un avant la fin de l'histoire.

Alors, vous en avez pensé quoi ?

Je n'ai pas regardé le mot de demain, pour ne pas commencer à y réfléchir, mais je suis pressée ! C'est très rigolo comme exercice !

Allez, à demain les copains :D

Pentober 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant