Jour 8

4 0 0
                                    

-Eh Joanne !

Je baissais la tête Il s'approcha de moi, vite et doucement à la fois. Vite parce que ça ne me laissait pas le temps de m'échapper, doucement parce que la douleur commençait bien avant le début de ses joutes. J'évitais de serrer les dents, sachant que ce n'était pas le genre de comportement que Marc apprécierait. Il posa sa main sur mon épaule en arrivant à mes côtés.

-J'ai pensé à toi hier, commença-t-il.

Je relevai mon regard vers lui, d'une curiosité morbide et malsaine.

-J'ai vu cette paire de chaussures... Si belles !! Bon c'est un peu cher, mais je sais que tu vas m'aider à les payer. Et puis, t'es tellement prête à me faire plaisir que je sais que les jours où je porterai ces chaussures, tu ne seras pas là pour m'emmerder, tu sais, que je n'ai pas à les salir en te marchant dessus.

Je lui souris, consciente que ce n'était pas la bonne réaction, ni la bonne idée, mais aussi consciente que je n'avais pas vraiment d'autre choix que de m'accorder à ce qu'il était en train de dire. Marc arbora un air plutôt satisfait en m'accompagnant jusque mon casier.

-Alors ? J'avais pas raison ? avait-il fait après que je lui ai tendu l'argent de poche que m'avait donné ma mère pour manger. Je savais que tu m'aiderais à payer mes chaussures !

Je ne répondis rien, le laissant s'éloigner seul, sans crainte. Je fermais mon casier doucement avant d'aller me réfugier dans les toilettes handicapées du troisième étage. Je savais que ce qu'il faisait n'avait pas lieu d'être. Je le savais, sauf que personne d'autre que moi ne semblait se rendre compte de ce qui se passait. J'étais seule. Lui avait tout le monde à ses pieds : quoi qu'il fasse, une cour l'entourait et approuvait ses moindres faits et gestes. J'étais seule. Je le savais, lui aussi, et il avait décidé d'en profiter.

Je dévisageai mon reflet dans le miroir, les yeux humides, un goût amer au fond de la gorge. Je ne méritais pas toute cette haine, qu'elle vienne de lui ou de qui que ce soit d'autre dans le lycée. Je ne méritais pas ça. Mais je n'avais personne. J'étais seule. Et il le savait.

J'essayais de sourire à mon reflet, dans un ultime espoir de comprendre. En vain. Je restai immobile, une bouche à moitié ouverte, dévoilant une dentition en cours, recouverte de fils de fers coûtants bien plus cher que leur apparence, et dont l'utilité m'importait assez peu. Ces bagues qui avaient fait de moi le monstre de foire avec lequel jouait Marc tous les matins, et sur lequel se défoulaient tous les autres à n'importe quelle heure. Ces bagues qui avaient fait de mon expérience lycéenne un cauchemar sous toutes les coutures. Ces bagues.

Ou quant tes parents se soucient tellement de l'image que tu pourras avoir plus tard, que ça pourrait t'empêcher d'avoir un plus tard.

***

Mot du jour : dent

Vous me croyez si je vous dis qu'en lisant le mot je savais ce que j'allais écrire ? Alors raffiné c'est un enfer, mais dent c'est limite une évidence ???? BORDEL quel genre d'imagination toute cassée je me trimballe hahah !

Bon allez, je vais me coucher !

A demain pour un nouveau mot ! ;)


Pentober 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant