Jour 15

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Je ne m'arrête de courir qu'en croisant Roman, aussi paniqué que moi.

-Tu... commençons-nous en même temps.

-L'avant-poste a sauté juste devant moi... reprend-il, visiblement essoufflé. Je... je n'ai rien eu le temps de faire, ils... ils sont partout !

J'attrape son bras, comme pour le réveiller de ce cauchemar qui n'a clairement pas l'air d'en être un. Il semble reprendre un peu ses esprits, alors je le lâche.

-Ils ont encerclé la tente du Commandant, je l'informe. Je pense qu'ils doivent négocier un avantage militaire ou au moins des informations.

Roman secoue la tête, nerveux.

-Comment a-t-on pu ne rien voir venir à ce point ?

Je hausse les épaules, jetant un coup d'œil inquiet mais attentif autour de nous.

-Qu'est-ce que tu allais faire ?

Je me mords la lèvre sans répondre. Je n'ai pas de raison valable pour aller faire ce que je m'apprêtais à faire. Et on pourrait me radier si on savait la raison qui était la mienne. Sauf que même l'idée de me retrouver seule et sans famille n'avait pas réussi à m'empêcher d'agir de la sorte. Mon regard se perd quelques instants entre deux arbres parmi les milliers qui nous entourent. Je ne peux pas répondre.

-Le Commandant est soit mort, soit en train d'être torturé pour qu'ils obtiennent ce qu'ils veulent. J'allais chercher la Capitaine pour avoir des ordres. Eventuellement organiser une riposte.

Je sens qu'il n'est pas convaincu par mon explication, cependant, comme le dit plutôt bien l'expression, je suis sauvée par le gong sourd d'une explosion non loin de nous. Cette fois, c'est lui qui attrape mon bras.

-Elle est où la Capitaine ? hurle-t-il, couvrant l'acouphène passagère qu'avait causé le souffle.

-De l'autre côté de la forêt ! Avec la Deuxième Division et la Sous-Division de l'aviation !!! je réponds, entendant à peine ma voix sous le sifflement assourdissant.

Il acquiesce, tout doute sur mes intentions de départ envolé. Nous courons sans nous arrêter jusque la tente rose clair parsemée de taches marrons et de dessins approximatifs de feuilles et d'animaux, presque invisible entre les arbres si on ne sait pas qu'elle s'y cache. Hors d'haleine, nous sommes accueillis par deux Lieutenants à l'air complètement paniqué. Ils me connaissaient, puisque je passais le plus clair de mon temps ici, alors nous passons sans soucis. La Capitaine Fanny Réaunin nous accueille, dans son uniforme, droite comme un i, des radios sur beaucoup trop d'ondes pour que je puisse rien comprendre crépitant derrière elle, et un sourire crispé. Même dans cette situation je pourrai lui faire l'amour dans toutes les positions imaginables.

-Soldat Barzet, Soldate Gueroux, vous êtes désormais sous mes ordres. Le Commandant est tombé, je suis officiellement en charge de toutes les divisions de la zone 827.

Nous nous mettons au garde à vous dans la seconde, criant la phrase d'accord au Capitaine habituelle. Elle fait le tour de sa table, me tournant le dos une demi-seconde, ce qui ne m'empêche pas de revoir son dos nu, il y a deux nuits, quand je suis venue lui rendre visite.

-Rompez. Je veux une ronde continue. Les Soldats de la Sous-Division de l'Aviation se sont déjà répartis des tours mais ils sont peu nombreux et apprécierons une relève.

-Permission de vous transmettre un message de notre Commandant Capitaine ! je lance d'une voix forte.

Fanny semble hésiter, mais agite finalement sa main vers Roman qui sort au pas de la tente. Je me relâche immédiatement pour aller la prendre dans mes bras. Elle se raidit. C'est imperceptible si on ne la connait pas.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Cette tente c'est devenu une vraie fourmilière, n'importe qui peut entrer n'importe quand. C'est dangereux de faire ça ici.

-Excuse-moi, je fais en m'éloignant, comprenant le danger pour elle comme pour moi. J'ai juste été tellement inquiète. Quand j'ai vu le nuage au Sud de la forêt j'ai cru... j'ai cru que...

-Tout va bien, ce n'est qu'un avant-poste qu'ils ont réduit en cendre. Il n'y avait plus personne là-bas depuis des semaines, le bâtiment était infesté de termites.

-Je suis soulagée que tu n'aies rien... Je...

-Tout va bien, me rassure Fanny, osant poser une main sur mon avant-bras. Je suis là, tu es là, et nous allons nous en sortir. Beaucoup ont eu le même réflexe que toi, de revenir vers moi en voyant l'explosion ou en comprenant que le Commandant était tombé. Je ne sais pas combien ils sont, mais nous devrions pouvoir prendre quelques-uns de leurs bataillons à la fois par surprise et par le nombre.

Je hoche la tête. Tant qu'elle est en vie et que tout finit bien pour elle, elle peut me proposer le plan qu'elle veut, je la suivrai jusqu'au bout.


***

Mot du jour : Avant-poste.

Flemme de faire une NDA de mille pages pour R haha x)

Du coup bonne nuit et à demain !

Pentober 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant