Jour 4

3 0 0
                                    

Le moteur de la voiture ronronne alors que le paysage défile, comme un film qu'on ferait se répéter à l'infini. Des arbres, leurs feuilles si hautes sur leurs troncs, une maison de temps à autres, leurs murs beiges et leurs colombages colorés. Elle inspire un grand coup, la tête collée contre la vitre encore fraiche. La radio continue de diffuser ces musiques oubliées, d'une époque révolue, dans l'indifférence générale des occupants de l'habitacle.

« Le prochain morceau nous est demandé par Geoffrey, qui nous écoute depuis un camping dans les Landes ! »

La voix apaisante du présentateur radio la sort de son indifférence. La musique commence avec un air entraînant. Elle sourit avant de fermer les yeux, se décidant à ignorer ce paysage monotone pour profiter pleinement de ce titre qui a très certainement rendu fiers leurs auteurs, et doit très certainement compter beaucoup pour ce fameux Geoffrey.

The cats in the Moulin crew

Trawl the Couscous Cafés

Looking for a neck to chew

And hideaway

Well, that's where I found you

Lippy and trashy

C'mon, little Betty Blue

What do you say?

La musique l'intrique, et lui plaît. Elle lui fait penser à ce garçon si joyeux avec qui elle pouvait passer des heures quand elle était au lycée, qui lui racontait toutes ces légendes romaines que personne n'avait jamais entendues. Cet ami qui n'en avait jamais assez de parler. Cet ami qui ne jugeait jamais. Plissant un peu plus les yeux, elle se rend compte qu'elle n'a pas eu de ses nouvelles depuis quelques années maintenant. Une vague amertume remonte. Le lycée est un monde passager cruel.

'Cause I would love to be

Your Guardian Angel

Yes, I would love to be

Your number one friend

"Uh-huh-huh"

Elle sursaute, et ses yeux s'ouvre de nouveau. Son regard se dirige alors vers son voisin, le conducteur, qui balance la tête lentement, au rythme de la musique, murmurant la topline. Avec un demi-sourire, elle se rend compte que les 4 personnes écoutent plus ou moins distraitement le morceau de Goeffrey. Elle remonte ses pieds sur le siège, posant son menton sur ses genoux.

L'air de l'habitacle est chaud, le soleil commence à taper, et l'odeur de Coca se répand au fur et à mesure que les passagers derrière s'échangent la bouteille. Son sourire se fait plus franc lorsqu'elle referme les yeux.

In the windmills of Pigalle

We raised our voices

Moi et toi special

This love disease

We looked for Bohemia

And found high prices

C'mon, mon petit godesse

Come dance with me

Elle le sait. C'est le refrain qui suit. Elle esquisse un regard vers son voisin qui continue de chantonner la mélodie avant de se décider à se lancer. Le refrain est simple, en soit. Elle se joint au conducteur et articule quelques mots alors que le refrain se lance, sous le regard des mouettes qui suivent désormais la voiture des 4 amis.

'Cause I would love to be

Your Guardian Angel

Yes, I would love to be

Your very close friend

'Cause I would love to be

Your Guardian Angel

Yes, I would love to be

Your number one friend

Uh-huh-huh

Une trompette envahit l'habitacle. Le conducteur monte le son un petit peu, grand amateur de jazz, il ne pouvait pas passer à côté. La bouteille de Coca se referme. Sur la banquette arrière, les passagers emmêlent leurs jambes en s'échangeant des mots doux auxquels elle ne fait pas attention. La musique est belle, et peut tout à fait prétendre à une déclaration amoureuse. De son côté cependant, elle préfèrerait pouvoir remercier ce Geoffrey pour l'avoir fait découvrir cette interlude. Son regard se perd de nouveau dans le paysage, mais lorsque les paroles reprennent, cette fois-ci, elle les entend.

I lost you in the night

Lost in a fatal magic

We didn't even have a fight

You melted away

The cats in the Moulin crew

Trawl the Couscous Cafés

Looking for a neck to chew

On another day

Son sourire est triste à présent. Si elle a bien compris l'enjeu de la chanson, le couple de base est séparé, peut-être même que l'un des deux est mort. Elle songe à son ami du lycée, celui avec ses éternelles histoires romaines, il existait une possibilité qu'il soit mort actuellement. Une probabilité pour que plus personne ne puisse jamais plus entendre ces légendes. Ce n'est plus de l'amertume, mais un pincement de remords qui saisit son cœur. On peut toujours attendre que l'un se manifeste, ou on peut aller vers lui. Elle attrape son téléphone, retrouve un numéro qui a eu au moins 6 ans pour changer, envoyant un message malgré tout. Peut-être qu'elle aura une réponse, après tout. Au moins, elle aura essayé.

'Cause I would love to be

Your Guardian Angel

Yes, I would love to be

Your very close friend

Yes, I would love to be

Your Guardian Angel

Yes, I would love to be

Your number one friend

De nouveau la trompette, puis le son diminue doucement, jusqu'à ce que le jingle de l'émission reprenne le dessus et que le présentateur annonce de sa voix calme et grave le titre du morceau.

« Number One Friend, un titre du groupe The Silencers, demandé aujourd'hui par Geoffrey. Enchaînons avec... »

A ce moment précis la radio diminue, effet du conducteur ou de son cerveau elle n'en sait rien, tout ce qu'elle sait c'est qu'elle n'entend plus que cette musique qui résonne dans sa tête. Cette musique qui résonne dans sa tête, comme l'espoir de la vibration d'un message reçu.


***

Mot du jour : Radio

Yosh !

Bon premier fail lol. Sorry j'ai eu une sale migraine hier soir, impossible de faire quoi que ce soit, même pas manger. Et dieu sait que j'aime BEAUCOUP manger x)

BREF. Du coup j'avais l'idée mais pas la possibilité de l'écrire. Je l'ai écrite maintenant, et je vais enchaîner avec celle d'aujourd'hui ^-^ comme ça je rattrape mon retard ! Puis vraiment, je savais déjà ce que je voulais écrire hier soir ! :d

M'enfin.

A tout à l'heure  pour une seconde histoire ;) !


Pentober 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant