Jour 29

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Les chaussures sont alignées, comme depuis une vingtaine d'année, de la gauche vers la droite, de celles de mon père, à celle de mon frère, en passant par celles de ma grand-mère, de ma mère, de ma sœur et les miennes. Le sapin brille aux couleurs que j'ai eu la chance de choisir cette année, en rouge et en doré. Sur les boules se reflètent ma silhouette sombre, un peu perdue face à ce décor idyllique. Tout me semblait perdu il y a à peine quelques mois, quand mes parents en étaient arrivés au point de s'envoyer des vases à la figure, que mon frère et ma sœur ne s'adressait plus la parole et que je me retrouvais seule au chevet de ma grand-mère après ses deux opérations du foie qui avaient failli avoir raison d'elle. Je sens qu'une main se pose sur mon épaule. Sans me retourner, je sais que mon grand-frère est là.

-Tu es tellement têtue, marmonne-t-il.

-Je ne pouvais pas faire une croix sur cette image.

Il secoue la tête avant de me prendre à moitié dans ses bras.

-Tu as raison, répond mon frère, ses yeux rivés sur la ligne de chaussure à nos pieds.

J'ai cette tendance à tenir beaucoup à des choses futiles, ce que ma fratrie, contrairement à mes aînés, a très rapidement compris. Les routines heureuses sont ce qui me guide, ce besoin de recommencer des choses qui m'ont fait du bien, qui m'ont fait plaisir à un moment de ma vie... Noël est la plus grosse routine, l'une desquelles je ne pourrai jamais me passer, en tout cas pas aussi drastiquement.

J'inspire un grand coup, retenant les larmes inutiles qui me viennent sans aucun déclencheur.

-Tu as bien fait d'engueuler tout le monde, il y avait besoin de quelqu'un qui nous fasse comprendre tout ça, me glisse-t-il, posant sa tête sur la mienne. Je pense pouvoir parler au nom de tout le monde en te disant qu'on a passé une très bonne soirée grâce à toi.

Je souris. Les larmes vont couler bientôt. Mon hypersensibilité arrive au galop, je la sens forcer pour passer ma faible carapace de sa lance en acier. Je serre le poing. Mon frère, sans rien ajouter, prend mon poignet pour me tirer dans les escaliers. Je me laisse faire, non sans un dernier regard pour ce sapin lumineux au pied duquel trône les chaussures de toutes la famille. Nous montons jusqu'au deuxième étage, où je ne vais que rarement, les deux grands de la famille l'ayant réquisitionné alors que je ne savais pas encore marcher. Il m'invite un peu étonnamment à ouvrir la porte de la chambre de ma grande-sœur.

Je fonds en larme en voyant la surprise. Si je m'attendais à ça. La cabane est exactement la même que celle que nous faisions quand nous étions encore petits, que j'étais en primaire et eux fin du collège, voir au lycée, et qui nous permettait de rester réveiller entre le 24 et le 25 décembre pour ouvrir les cadeaux à la première heure le lendemain. Ils ont dû fouiller des heures pour retrouver les draps que nous utilisions. Ma sœur sort de la cabane avec de grands yeux avant de venir me prendre dans ses bras. Je suis heureuse pourtant, il n'y a aucune raison valable pour que je me mette à pleurer.

-T as eu peur pour les chaussures et le sapin, chuchote mon frère, complétant l'étreinte dans ses grands bras de nageur. Mais tout va bien, tu vois, on est tous là avec toi.

Je hoche la tête. J'ai vraiment eu peur qu'il n'y ait pas de chaussures cette année. Je ne voulais vraiment pas qu'il n'y ait pas de chaussures.


***

Mot du jour : Chaussures.

Hola ! LV2 espagnol, tu connais hein.

J'ai utilisé quelques souvenirs que j'ai de ma famille, un soupçon de ma propre sensibilité, qui sans être "hyper", est ... disons à fleur de pot (de peau, de pot, fleur haha, vous l'avez ?).

BREF.

Je vais me plaindre ici, parce que eh pourquoi pas.

Ce confinement. M'oblige. A annuler. HALLOWEEN. Vraiment. Cette grosse blague. Je prépare cette soirée depuis JUILLET bordel. JUILLET. En me disant MAIS NAN LES GENS VONT ÊTRE SMART ET PAS FAIRE LES CONS ET TU VERRAS CA VA ALLER. Rien du tout, les gens sont cons, mettent leur masque sous leur nez pour éternuer et l'enlèvent pour tousser ???? Je parle pas des débilos qui se serrent la main ou qui se checkent. Un check de coude frère ça sauve des vies. kjsfjkhekjaz.

Je ne parlerai pas de tout ce qui se passe d'autre dans le monde, autant parce que je ne suis pas au courant des détails, donc je ne suis pas légitime à en parler, mais aussi parce que je suis égocentrique et que MA SOIREE D'HALLOWEEN BORDEL. (en vrai, c'est affreux ce qui se passe, je pense que me concentrer sur Halloween me permet de ne pas en vouloir à tous les humains de ne pas s'entraider, et de ne pas m'effondrer pour pleurer dans mon lit alors que je dois aller travailler - parce que oui, je vais encore au travail malgré le confinement, vraiment aucun avantage cette histoire. Bon si je suis payée. Ok j'avoue.)

BREF. Ca commence à faire long. Je pense commencer un Rant Book. J'ai pas beaucoup de choses intéressantes à dire, mais j'aime bien raconter de la merde, surtout que nouveau confinement dit nouvelles passions et aventures, alors why not. Je me tente. Vous liriez ce genre de bêtises vous ?

Sur ce, j'espère que l'histoire (et la NDA) vous ont plues, je vous fais des BISOUS EN VISIO et je vous dis à demain pour une nouvelle histoire !

Pentober 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant