Pentober 2020

Jour 24

Je sens que lorsque la sonnerie de mon téléphone me sort du sommeil profond dans lequel j'étais, il sonnait depuis longtemps. Je fronce les sourcils. Je n'ai pas mis de réveil, qu'est-ce que c'est que cette affreuse sonnerie. Je mets du temps avant de reconnaître la sonnerie que j'ai choisie pour les appels de ma meilleure amie. Je décroche, espérant que mon colloc n'ait pas été réveillé par mon appel.

-Quoi ? je fais avec ma voix rauque.

-Réveille-toi j'ai une urgence. Prend ton vélo, et viens chez Maël. Vite. Et par pitié fais en sorte que personne ne te voit, d'accord ?

-Quoi ? je répète, une intonation incrédule dans ma voix cette fois-ci.

Elle raccroche. Je grogne, réussissant néanmoins à me lever de mon lit, enfile un jogging qui trainait dans un coin et un pull de mon ex. Je ne mets pas de chaussette en mettant mes pieds dans de vieilles baskets que j'ai depuis le lycée. Pour une fois, l'antivol de mon vélo ne me pose pas de problème, et j'arrive chez Maël en moins de 10 minutes, transpirante, essoufflée. Ma meilleure amie m'ouvre en sous-vêtements. Chez Maël ?

Ce dernier court jusqu'aux escaliers, descendant en trombe, lui aussi en sous-vêtements.

-Sérieusement ? Tu l'as appelée elle ?

-Va te faire foutre. Anaïs merci, vraiment. Je suis désolée de te demander ça, mais viens.

Elle éteint les lumières, attrape ma main, montant à l'étage à la suite de Maël. Ils me conduisent à la salle de bain, très bien éclairée où il est très facile de reconnaitre un corps avec le visage d'un mec que j'ai aperçu plusieurs fois chez ma meilleure amie.

-Nelly ?

Ma meilleure amie me regarde, à la fois abattue et pleine d'espoir.

-C'est parti en couille d'accord, on n'a rien pu faire, je... je voulais le présenter à Maël, mais il s'est énervé pour rien, j'ai cru qu'il allait me tuer, je... je l'ai poussé et je ... merde, il est tombé sur la tête, ça a commencé à pisser le sang, je crois qu'il est mort, je n'en sais rien, je...

-Tu crois qu'il est mort ? je m'exclame, ne voulant pas croire ce qui est en train de m'arriver.

-Oui ... ? confirme-t-elle.

Maël me jette un regard sanglant, comme m'accusant presque de ce qui se passait. Je prends mon courage à deux mains et, les bousculant, je me penche sur le corps allongé dans la baignoire pour prendre son pouls. Rien. Bon, il est définitivement mort. Je soulève sa tête et remarque ses cheveux emmêlés dans du sang séché. Mais combien de temps ont-ils attendus avant de m'appeler, ils auraient presque potentiellement pu le sauver. Bordel. Je ferme les yeux.

-Qu'est ce que tu attends de moi Nelly ? je fais, tentant de rester calme.

-De l'aide. Je ne sais pas quoi faire.

-Et Maël ne pouvait pas t'aider ?

-Maël veut enterrer le corps, je me suis dit que tu pouvais avoir une meilleure idée.

Je me prends la tête dans les mains. Quel bordel sans fin. Je n'aime pas Maël, je pense autant que lui ne peut pas me voir. Ils auraient pu appeler les pompiers. Ils auraient pu appeler la police. Quels imbéciles. Pour la première fois de ma vie, je me sens prise au piège et j'en veux à Nelly de m'avoir mis dans cette situation. En même temps, je ne pourrai pas juste lui tourner le dos, repartir me coucher, sans rien faire. Que ce soit dénoncer ma meilleure amie, ou appeler la police, je suis obligée de faire un choix. La fuite n'est clairement pas acceptable pour ma conscience.